L’ancien Palais – 2

Pour moi une seconde visite à la Cité interdite, pour Yannick et Basile, une découverte et notamment toujours des gens en costume traditionnel soit pour un mariage, soit pour le fun.

Encore quelques photos donc…

Des costumes traditionnels

Un bestiaire et une écriture bilingue: chinois traditionnel et mandchou (dernière dynastie)

Le jardin compte quelques très beaux arbres dont certains ont plus de 400 ans.

La Place T.

Il est temps de revenir sur des épisodes vécus avec mes chers visiteurs, Yannick et Basile.

Une première visite nous a mené vers la fameuse place T. Personnellement, je l’avais déjà longée mais je ne l’avais pas encore arpentée. Elle est immense (880m sur 500m) mais pas vraiment belle (ça ne vaut pas la Grand’Place de Bruxelles).

Mais revenons un peu sur son histoire.

Durant la période impériale, la place était encore incluse dans les murailles de la Cité interdite comme en témoigne encore la porte sud. Le 4 mai 1919, une foule d’étudiant manifeste sur la place contre l’exclusion de la Chine du Traité de Versailles. En 1949, Mao Zedong y proclame la victoire du parti communiste et la naissance de la République Populaire de Chine.

Certaines et certains d’entre vous se rappellent cette place pour une certaine photo de 1989 (voir ici). L’année 1989 n’existe pas dans les livres d’histoire ici…

En partant du nord, dans le sens des aiguilles d’une montre :

  • La porte de la Cité interdite avec le portrait du Grand Timonier
  • Le musée national
  • Le mausolée avec la momie du Grand Timonier
  • Le Palais du peuple (siège du gouvernement)
« de 4 »

Pour des occidentaux de notre âge, l’ambiance est lourde et anxiogène : outre la fouille au corps en arrivant, nous sommes constamment suivi (pas très discrètement) par des policiers en plus du nombre incroyable de caméra (que vous apercevez sur la photo du lampadaire…)

Nous quittons cette place pour la Cité interdite…

Le grand mur – 2

Nouvelle petite expédition vers le grand mur. Cette fois vers une zone en partie restaurée.

La Grande Muraille de Huanghuacheng, est aussi appelée la Grande Muraille au bord du lac car la principale caractéristique de la section Huanghuacheng est qu’une partie de Muraille est immergée dans l’eau du lac.

Les empereurs Ming ont construit une muraille extérieure et une muraille intérieure pour mieux se défendre contre la menace posée par leurs voisins du nord. Huanghuacheng fait partie de la Grande Muraille intérieure et se connecte avec Mutianyu à l’est. En plus de défendre les empereurs Ming, Huanghuacheng leur servit de lieu de sépulture, qui devint plus tard connu sous le nom des Tombeaux des Ming (que je n’ai pas encore visité).

Alors, la muraille, c’est beaucoup, beaucoup de marches (très irrégulières de 10 à 50 cm) et donc parfois on prend un autre moyen de transport pour redescendre…

La langue – 1

Ça y est, j’ai commencé les cours de chinois (offerts par l’UE… Merci !) et c’est vachement intéressant pour comprendre comment est structurée cette langue et ses caractères mais aussi comprendre certains éléments de la culture. Je vous ferai donc part de certaines belles découvertes.

Commençons par le commencement : « bonjour » (你好 nihao) est composé de deux idéogrammes, l’un signifiant tu ou toi (ni) et l’autre, l’idéogramme 好 (hao), qui signifie bon. Donc « bonjour » dit en fait « toi bien » ou « toi bon ». Mais intéressons nous au second caractère qui signifie « bien, bon ». Il est constitué de 女 (nu) « fille » et de 子 (zi) « fils ». Ce qui est très intéressant dans ce caractère c’est qu’il souligne que pour les gens d’ici, le « bien » est d’avoir une fille et un garçon (ce que nous appelons parfois dans nos contrées, le « choix du roi » et qui était ancré dans les mentalités comme un modèle de famille idéale avec le schéma parfait pour être heureux). Ce schéma est donc également présent par ici et explique, en partie, les difficultés de la politique de l’enfant unique… Même si aujourd’hui, celle-ci se prolonge au grand dam des autorités mais essentiellement pour des raisons économiques (un enfant coûte très cher et il y a peu d’aide à l’éducation).

Maintenant, nihao est le « bonjour » classique, notamment pour et avec des étrangers. Apparemment, entre eux, les gens-d’ici, pour se dire bonjour, diraient plutôt quelque chose du genre « Tu as bien mangé ? », ce qui nous ramène à un autre articulet sur le rapport de ce peuple à la nourriture que j’ai commis il y a quelques temps…

Autres découvertes :

Le Chinois est plus facile que prévu…

D’abord, la grammaire est vraiment basique : pas de conjugaisons, pas de déclinaisons, pas d’articles, pas de pluriel (juste une marque – un caractère – de pluriel le cas échéant), une structure de phrase classique (Sujet + Verbe + Complément) hyper simple, …

Venons en aux caractères, ils semblent très complexes (même dans le chinois simplifié) mais apparemment, ils correspondent à une certaine logique… Voici un petit exemple:

En chinois, maman s’écrit 妈妈 (māma)

Le caractère chinois 妈 (mā) est composé du caractère représentant le féminin 女 et du radical du mot cheval(马).

Cette combinaison peut sembler étrange à première vue sauf si on pense que la prononciation du caractère 妈 (mā) est très proche de celle du mot pour « cheval » , 马 (mǎ). Et donc on a une des premières règles de construction des caractères : une partie du caractère (la première, vers la gauche ou vers le haut) indique la signification et la seconde (à droite ou en bas) indique la prononciation.

Que pourrait signifier un mot composé de deux caractères signifiant respectivement « main » (shou) et « machine » (ji) soit « machine de la main » ?

Un indice ? Elles et ils en ont toutes et tous un en main, toujours et partout…

Il s’agit du téléphone portable. Cette structure et construction très simple est donc encore une fois très parlante sur cette civilisation où tout le monde l’a en main tout le temps. En passant le long des terrasses des restaurants dans le coin, si je vois quelqu’un sans son smartphone en main, je peux être sur que c’est une étrangère ou un étranger… Même le mendiant devant Jenny Lou’s (le Proxy Delhaize du coin) a un smartphone et un QR code dans sa sébile pour recueillir les dons…

Le grand mur – 1

Alors oui, ça y est, la semaine dernière j’ai été faire un tour vers la Grande Muraille. Bon, pas la partie la plus touristique, ni celle des cartes postales, une zone sauvage avec un mur en mauvais état et non rénové.

Tout petit rappel historique, cette construction qui s’étala (pas de manière continue) sur une longueur totale de quelques 6700 km fut déployée en de nombreuses étapes du IIIème siècle avant notre ère, au XVIIème siècle (dynastie Ming). Cette dernière dynastie a déplacé la capitale de l’Empire de Nanjin à Pékin et donc la partie que j’ai visitée se trouve à quelques 80 km au nord de Pékin qu’elle était censée protéger des peuples des steppes (Mongols – revoir Mulan qui montre bien que ces défenses n’ont pas servi à grand chose).

De nombreuses parties de la muraille ont été laissées à l’abandon, d’autres ont été rénovées et font maintenant l’objet d’un tourisme parfois intense.

Ce que j’ai vu est essentiellement une tour, non restaurée, et une petite partie de mur fermant un col. On est loin des parties connues où les murs sont assez larges pour faire circuler une voiture comme me le rappelait Hugues:

Donc nous sommes partis pour un petit périple dans la montagne. Un petit chemin de trekking, un peu illégal. Pour la petite histoire, un moment un hélicoptère commence à nous survoler, le guide nous presse alors à avancer pour être sous couvert des arbres, donc je ne suis pas sûr que le sentier était tout à fait autorisé… Mais ce fut une rude mais superbe montée avec vue sur les lacs qui forment le réservoir de Miyun (dont j’ai déjà parlé comme réservoir d’1/3 de l’eau potable de Pékin).

Et puis, au détour du sentier une des tours de garde et au loin une seconde.

Une architecture militaire qui ne tranche pas avec ce que nous connaissons mais qui, pour quelqu’un comme moi qui aime les vieilles pierres, fascine notamment par le savoir faire de ces travailleurs qui n’avaient pas les moyens que nous avons aujourd’hui…

Et un peu plus loin, une partie de restes du mur…

Bref, une sympathique petite expédition vers un monument mythique mais très poussièreuse car toujours sous ce climat très très sec.

Balade dans les Hutong

Les Hutong sont des anciens quartiers de la Capitale qui ont gardé un certain style. Certaines habitations sont délabrées, d’autres pas et certaines tout à fait restaurées.

Pour ma fille Victoria et sa prof de philo : la distinction entre l’espace public et l’espace privé est loin d’être clair dans ces quartiers. Outre la question déjà complexe de l’espace privé dans ce genre de régime politique, parfois au détour d’une ruelle, on se demande si on est chez quelqu’un ou si l’on est toujours dans « la rue ». Par exemple, le linge est pendu dans la rue (à hauteur d’homme, pas en l’air comme en Italie) ou une machine à laver se trouve à tourner sur « le trottoir ».

La plupart des façades de ces petites habitations sont grises et certains personnages célèbres y ont vécu. Parmi ceux-ci l’épouse du dernier empereur Pu’Yi.

Cette balade-ci, je l’ai faite dans le Hutong au nord-est de la Cité interdite. Je suis parti de la tour du Tambour (rouge) et de la tour de la Cloche (grise). La tour du Tambour existait dès le XIIIème siècle et faisait office de beffroi pour nous : signaler les heures du jour. Elle marquait le centre de la capitale sous la dynastie mongole. Un incendie la détruisit en 1420 et elle fut reconstruite un peu plus à l’est. Celle que nous voyons a été reconstruite à l’identique sous la dynastie Qing (dernière dynastie).

La partie privée du palais

L’empereur, sa famille, ses concubines, la cour et tout un ensemble de serviteurs et de soldats (quelques 8000 personnes selon les estimations) vivaient en grande partie cloîtrés (sauf transhumance de toute la cour vers un autre palais) dans cette seconde partie du palais, la partie nord.

Petite anecdote, les appartements de l’empereur comportaient, pour lui seul, une vingtaine de chambres avec des lits en baldaquins de sorte que très peu de gens savaient, chaque soir, où l’empereur dormait ce qui pouvait éviter des tentatives d’assassinats…

La cour avec les appartements de la fameuse impératrice Cixi qui gouverna le pays pendant 47 ans jusqu’en 1908 (revoyez les films Le dernier empereur ou Les 55 jours de Pékin).

Le jardin du palais.

Et enfin au nord du palais (en dehors de l’enceinte) ce que nous appellerions un ancien terril (reliquats de charbons) surplombé par un temple d’où une vue à 360° sur la ville (malheureusement un peu brumeux ce jour là…)

Précisons que sur l’ensemble de la Cité, tout n’est pas (encore) visitable mais qu’il y a moyen d’y passer quelques heures. Un Starbucks s’était installé en plein milieu au début des années 2000 mais il a été délogé et à cet emplacement on trouve une cafétéria avec un magasin de souvenirs.

Le Palais officiel

La Cité interdite qu’on appelle ici l’Ancien Palais est un espace de 72 ha dont la construction a commencé au début du XVème siècle qui se trouve vraiment au cœur de la capitale et forme la partie nord d’une place non moins célèbre. Deux espaces clairement délimités : au sud le palais officiel, au nord le palais privé. Le tout compte, suivant la légende, 9 999 pièces (en réalité un peu plus de 8700) car pour 10 000 pièces, il aurait fallu être un dieu…

En entrant dans la Cité interdite par le sud, on arrive dans le palais extérieur « public »: la partie protocolaire et publique du pouvoir impérial (accueil des ministres, cérémonies protocolaires, …).

L’entrée en elle-même comprend 5 portes : la plus grande (celle du milieu) uniquement pour l’empereur avec sur la porte 9 rangée de 11 « clous » (voir article sur les superstitions). A gauche et à droite de celle-ci, les deux portes pour la famille impériale et pour les hauts dignitaires puis les portes sur le côté pour les « petites gens » (pas si « petites gens » que ça car ils ont quand même accès au palais… On ne parle pas du peuple là !). La couleur dominante est le rouge avec des toits dorés (voir symbolique des couleurs dans un autre petit article).

Dans cette partie, aucun arbre dans les cours de crainte qu’un arbre pousse trop et se tienne donc plus haut que l’empereur.

Les lions, symboles de l’empereur et de l’impératrice (empereur avec le globe sous la patte, impératrice avec un petit lionceau – qu’il faut deviner – sous la patte).

Le Pavillon de l’Harmonie Suprême ou salle du trône pour les cérémonies les plus officielles (rénové pour les jeux olympiques).

Les bronzes (vases et animaux) qui l’entourent sont à la fois des symboles (longévité pour la tortue par exemple), des brûles-encens ou des réserves d’eau : la ville étant très sèche (les vents dominants viennent de l’ouest, du désert de Gobi) et les bâtiments étant en bois, il faut cela pour pouvoir rapidement réagir en cas d’incendie.

Revenons un instant sur les toits, ils sont tous dorés sauf deux: le toit de la bibliothèque est noir, symbole de l’eau, pour épargner les livres en cas d’incendie; le toit du palais du prince, vert, symbole de fécondité.

Le quartier des légations

Une légation est une représentation diplomatique de rang inférieur à une ambassade. Il y a une quartier, ici, dans la capitale (sud-est de la grande et fameuse place) qui leur était consacré entre 1860 et 1959. Ce quartier a encore aujourd’hui un petit côté suranné avec des réminiscence du XIXème et du début du XXème siècle.

Donc, voici quelques photos et leur légende… Un petit goût d’antan…

L’un des anciens bâtiments de la légation US

Devant: un ancien hotel et derrière l’ancienne légation de l’URSS comme nous l’indique le nom de la rue.

L’arrière du Musée national
Le service postal de l’ancienne légation française
Une étrange maison « de chez nous » pour l’ancienne légation belge
Une étrangeté dans cette ville : l’église Saint-Michel de style néo-gothique qui dépendait de la légation française…

Petite plongée préhistorique et quelques considérations sur les stéréotypes de genre

L’Homme de Pékin, vous connaissez ? Si pas, il s’agit d’un de nos très lointain cousin (et non pas ancêtre), lointain tant géographiquement que temporellement.

Comme le schéma ci-dessus nous le montre, il s’agit sans doute d’une espèce d’hominidés apparue en Asie de l’Est et aujourd’hui éteinte (l’Homo Erectus dans le schéma en haut à droite).

PS: j’apprécie dans ce schéma tous les points d’interrogation qui font preuve d’honnêteté intellectuelle. Par contre, question d’honnêteté intellectuelle, je n’ai pas retrouvé la source originelle de cette image malgré une petite recherche sur le net…

Et donc, l’Homme de Pékin est un Homo Erectus dont les restes ont été retrouvés dans une cavité au sud-ouest de la ville. Du coup, j’ai visité la cavité en question : impressionnante et tout à fait recouverte d’une structure du plus bel effet (de l’extérieur vue du ciel, la structure forme une sorte de carapace de tatou enrobant la colline).

Une photo du site issue des prospectus disponibles sur place.

Cette grotte a été découverte en 1921 et surtout fouillée à partir de 1927 notamment par des archéologue occidentaux. On y a retrouvé donc des restes d’hominidés (plus ou moins 40 individus) qui maîtrisaient le feu et qui y auraient vécu entre 780 000 et 400 000 ans avant notre ère.

La grotte, aménagée pour les visites et reconnue patrimoine mondial de l’UNESCO, se trouve aujourd’hui dans une sorte de préhistosite peuplé de reconstitutions d’animaux préhistoriques.

La grotte :

Le préhistosite avec une zone de jeux virtuels (essayer de pêcher un poisson ou de tuer un animal) et les tombes de plusieurs archéologues, le tout dans un paysage de petites montagnes :

A quelque kilomètres de là, un musée reprend toute l’histoire : les découvertes, les fouilles archéologiques, la vie à l’époque, etc. Un musée très « moderne » dans son architecture (un ensemble de triangles) et pas mal dans sa muséographie avec quelques belles pièces. Par contre, les premiers crânes ont été emportés en 1937 par les Japonais dans un bateau coulé par les Américains… donc, ils sont perdus pour l’humanité !

Petite remarque sur les stéréotypes de genre en muséographie.

L’une des images ci-dessus montre bien la femme qui coud ou qui fait des colliers et l’homme qui chasse. Bien sûr, ceci n’est pas propre à la muséographie extrême-orientale mais cela m’a frappé dans ce musée (peut-être que je commence à déconstruire certains schémas ?!) surtout que la scène que j’ai photographiée est reprise en trois immenses statues à l’entrée du musée. De plus, pourquoi parlent-ils toujours de l’homme de Pékin ? Sur la quarantaine de restes d’individus trouvés, statistiquement, il doit y en avoir la moitié qui proviennent de femmes. Or, sur toutes les notice, il est noté Pekin man. Par contre, en parlant de l’être humain moderne, il est noté sapiens human. Ce qui me semble plus judicieux…

Il y a encore du boulot pour déconstruire les stéréotypes de genre…