Quatre animaux occupent une place importante dans la symbolique, l’astrologie et la mythologie chinoise : le dragon d’azur Qinlong, l’oiseau vermillon Zhuque, le tigre blanc Baihu et la tortue-serpent noire Xuanwu.
Représentation ici à la montagne de Shenglian
Le dragon d’azur
Nous avons déjà amplement parlé du dragon. Dans le cadre des animaux célestes, le dragon est le gardien de l’est, associé au printemps et au bois. Il représente la puissance, l’énergie et la prospérité. Remarquons ici que le dragon est associé au bois alors que généralement, en Chine, cet animal est associé à l’eau.
L’oiseau vermillon
Souvent confondu avec le phénix ou Fenghuang, l’oiseau vermillon est bien un autre animal. Par rapport au Fenghuang qui est un oiseau multicolore, l’oiseau vermillon est plus souvent représenté comme un faisan en feu (d’où confusion avec notre phénix). Il est le protecteur du sud et est lié à l’été.
Le tigre blanc
Le Baihu dirige les constellations de l’Ouest et représente le métal. Il est le symbole du pouvoir, de l’autorité, de la bravoure, de la loyauté et de la justice. Il représente l’automne. Il est parfois considéré comme le dieu de la guerre et de là est fort présent sur les drapeaux et les sceaux militaires.
Selon la mythologie, la fourrure du tigre ne devient blanche que lorsqu’il atteint 500 ans, et, on pensait que le tigre blanc n’apparaissait que lorsque l’empereur régnait avec une vertu absolue, lorsque la paix régnait dans toute la Chine.
La tortue-serpent noire
Entre tortue et serpent (voire les deux animaux enlacés comme dans la représentation ci-dessus), la tortue noire commande le nord , représente l’eau et la saison de l’hiver.
La tortue est un animal important de l’ancienne Chine, sa carapace servant d’instrument de divination et elle aurait été à l’origine des caractères chinois selon les mythes.
La Qilin, que nous avons déjà évoquée, est parfois associée comme cinquième élément à ces quatre animaux célestes (Terre et jaune). Elle se situe au centre et forme l’équilibre de l’ensemble.
Histoire
Aujourd’hui, la plus ancienne représentation de ces animaux, découverte en 1987, se trouve dans une ancienne tombe néolithique daté de 5300 ans avant notre ère.
Reproduction de la tombe au musée national avec d’un côté le dragon et de l’autre le tigre blanc.
Mieux que ma photo prise au milieu de la foule (ci-dessus), la photo de l’article de Wikipedia concernant cette tombe montre bien mieux les deux animaux qui sont dès lors plus reconnaissables : le dragon (à gauche) et le tigre (à droite) en mosaïque de petits galets.
Les origines du zodiaque chinois (et Est-asiatique) remontent sans doute au VIème siècle avant notre ère (la légende remonterait jusqu’au XIVème siècle avant notre ère). Il fut « codifié » sous la dynastie des Han (206 avant J.-C. – 9 après J.-C.) et aurait été popularisé, pour déterminer l’année de naissance d’une personne, au cours de la dynastie des Zhou du Nord (557-581 après J.-C.).
Il se compose de douze animaux qui vont être tour à tour associés au cinq éléments (métal* (金, jin), bois (木, mù), eau (水, shuǐ), feu (火, huǒ), et terre (土, tǔ)), ce qui forme un cycle complet de 60 ans (12 animaux x 5 éléments) sur base des mois lunaires (donc pas exactement 60 ans puisque notre calendrier est solaire).
*Pour le dragon, vu son importance et sa majesté dans l’imaginaire asiatique, on ne parlera pas de « dragon de métal » mais de « dragon d’or » (c’est aussi un métal 🙂 ).
Une petite histoire sur l’ordre des animaux
Il existe de nombreuses légendes mythologiques sur l’origine de l’astrologie chinoise. Certaines partent du mythique Empereur de Jade, d’autres de Bouddha mais l’une d’elle est assez semblable d’une version à l’autre.
Les douze animaux du zodiaque chinois ont été sélectionnés par une course. Cette course est destinée à créer une mesure du temps pour le peuple. Il ne pouvait y avoir que douze gagnants et, pour gagner, les animaux devaient, notamment, traverser une rivière au courant rapide et atteindre la ligne d’arrivée sur la rive opposée au départ.
Parmi les animaux, il y avait un chat et un rat, autrefois amis. Ces deux-là étaient les pires nageurs du règne animal, mais ils étaient tous deux intelligents. Ils ont découvert que le moyen le plus sûr de traverser la rivière était de sauter sur le buffle. Le généreux buffle accepta de leur faire traverser la rivière.
Cependant, le rat était si désireux de gagner qu’il poussa le chat dans l’eau. Le chat ne pardonna jamais au rat cet affront, ce qui explique leur haine encore aujourd’hui. D’autres variantes de l’histoire racontent que le rat n’a jamais dit au chat qu’il y avait une course, celui-ci n’a donc pas participé. Le chat n’est donc jamais arrivé et n’est pas repris dans le zodiaque (sauf dans certains pays du sud-est asiatique où il remplace le lapin).
Par la suite, le bœuf et le rat ont rejoint la rive. Le rat (1) sauta devant le buffle et arriva en tête de la course. Le buffle (2) (ou bœuf) est arrivé en deuxième position et le tigre (3) en troisième.
Le lapin (4) (ou lièvre) sautait de pierre en pierre, passant par des rondins de bois flottants, jusqu’à enfin atteindre la quatrième place de la course.
En cinquième place se trouvait le dragon (5), mais tout le monde pensait qu’il arriverait en premier, pour la simple et bonne raison qu’il pouvait voler. Il a dit à l’Empereur de Jade qu’il avait dû s’arrêter plusieurs fois pour aider des villageois. Et sur son chemin vers la ligne d’arrivée, il a vu un petit lapin sur une bûche et a décidé de donner un petit coup d’air pour l’aider à atteindre la terre.
Après le dragon, le cheval est arrivé au galop vers la ligne d’arrivée. Le serpent sournois était caché derrière le pied du cheval. Il est apparu soudainement et le cheval a eu peur. Le serpent (6) en a profité pour se retrouver à la sixième place, et le cheval (7) à la septième.
Peu après, le singe, le coq et le mouton ont débarqué sur le rivage. Contrairement à certains des animaux précédents, ces trois-là s’entraidaient depuis le début pour atteindre la ligne d’arrivée.
Le coq a trouvé un radeau, et le singe et le mouton ont sauté dessus. En travaillant dur ensemble à travers le courant, ils ont atteint le rivage : le mouton (8) (ou chèvre) est arrivé en huitième position, le singe (9) en neuvième position et le coq (10) en dixième position.
Le chien (11) arrive en onzième position. Bien qu’il soit un grand nageur, il était en retard. Il a dit à l’empereur qu’il avait besoin d’un bain, et l’eau fraîche de la rivière était trop tentante.
Juste au moment où l’empereur allait clore la course, un son retentit : c’était le cochon (12). Le cochon avait faim au milieu de la course, alors il s’est arrêté, a mangé quelque chose, puis s’est endormi. Après son réveil, il a terminé la course à la douzième place et est devenu le dernier animal à traverser la ligne d’arrivée…
Selon le Livre des rites, un ouvrage compilé par les confucéens sur base de rites de l’organisation sociale définis sans doute sous la dynastie Zhou (XIe siècle avant JC), les quatre animaux sacrés sont le tigre blanc de l’ouest, l’oiseau vermillon du sud, le dragon vert de l’est et la tortue noire du nord, qui apparurent en même temps que le géant Pangu et l’aidèrent à la création du monde, puis devinrent les animaux souverains du règne animal.
Ces quatre animaux sont les symboles et les gardiens des quatre orients.
dōngfāng qīnglóng : le dragon azur (en fait entre le vert et le bleu) associé à l’est (élément : bois) est parfois représenté par un serpent.
nán fāng zhū què : l’oiseau vermillon associé au sud (élément : feu) est souvent confondu avec le phénix. Deux différences pourtant : la couleur, bien sûr (le phénix est multicolore) mais aussi le phénix est le roi des oiseaux sur terre alors que l’oiseau vermillon est essentiellement un être céleste.
xīfāng báihǔ : le tigre blanc associé à l’ouest (élément : métal). Très présent dans le milieu militaire, un jade blanc portant la représentation d’un tigre était offert aux généraux. La couleur blanche signale un animal magique à la longévité exceptionnelle, car on prétend qu’un tigre qui réussit à survivre cinq cents ans devient blanc.
Xuán wǔ: la tortue serpent noire associée au nord (élément : eau). On parle de la tortue serpent et elle est souvent associée à un serpent (comme dans l’illustration ci-dessous).
Vers la fin des Royaumes combattants, ils représenteront les cinq éléments avec l’ajout d’un nouvel animal fantastique.
5. Qilin : la sorte de « licorne » associé au centre (élément : terre – voir ici).
Qilin est un autre animal fantastique chinois que l’on a assez malencontreusement traduit en Licorne.
De la belle licorne blanche de nos contrées, Qilin n’a guère que les sabots et parfois une corne unique. Mais Qilin est plutôt décrit avec un corps de cerf, une queue de bœuf, le front d’un loup et les sabots d’un cheval. Ses yeux et ses moustaches sont ceux du dragon. Sa peau aurait porté un pelage ou des écailles de cinq couleurs : jaune, rouge, bleue, blanche et noire.
Le Qilin dans Les Animaux fantastiques
A l’instar de notre licorne occidentale, le Qilin est un animal bénéfique, symbole de paix, de justice et de bonne gouvernance. Cet animal ne fait aucun mal et fait attention à chacun de ses pas de ne rien détruire. Ses cornes ne sont pas des armes mais des moyens de distinguer le bon du mauvais. C’est cette dernière symbolique qui est reprise dans Les animaux fantastiques : Les Secrets de Dumbledore. Dans ce film, Norbert Dragonneau aide un Qilin à accoucher dans les monts Tianzi et c’est ce Qilin qui démêle le vrai du faux lors de la confrontation finale lors de la cérémonie appelée La marche du Qilin.
Qilin comme « donneur d’enfant » dans le complexe de la famille Wang près de Pingyao
C’est également un Qilin qui serait apparu en rêve à la mère de Confucius. Selon une des légendes, le Qilin lui aurait offert un disque de jade indiquant par là que son fils aurait la puissance d’un empereur sans son trône. Le Qilin accompagne aussi régulièrement la déesse donneuse d’enfants.
Aujourd’hui, l’animal est plus présent dans la « mythologie » moderne japonaise que chinoise, sous le nom de Kirin.
Logo de la bière japonaise Kirin
Le Nian
Nian est un animal maléfique à tête de lion et corps de taureau. Il a un rôle un peu semblable au croquemitaine ou au grand méchant loup de nos contrées pour menacer les enfants. Selon la légende, pendant les temps anciens, cet animal féroce, une fois par hiver, descendait des montagnes pour s’approcher des villages, dévorant bêtes et gens sur son passage. Il ne venait qu’à la nuit tombée et disparaissait au lever du jour. Les années passant, la population finit par connaître ses points faibles et savoir prédire le soir de sa venue. La bête craignait la lumière, le bruit et la couleur rouge.
Pourquoi en parler maintenant ? Parce que cette date d’apparition de Nian est bien la veille du Nouvel An. L’année se dit d’ailleurs Nián (年) et donc cette légende explique le rouge que l’on voit partout aux alentours du Nouvel An chinois (lanternes rouges, enveloppe rouge*, décors rouges) et les nombreux pétards et feux d’artifices qui font lumière et bruit pour faire fuir cet animal.
* L’enveloppe rouge est l’enveloppe contenant les étrennes. Aujourd’hui, elle est de plus en plus virtuelle et de nombreuses applications sur téléphone mobile permettent d’envoyer des « enveloppes rouges » à ses amis, enfants, employés.
Le Fenghuang (鳳凰) est une créature mythique chinoise, souvent appelée le Phénix chinois dans le monde occidental. Il est considéré comme l’empereur des oiseaux et symbolise la grâce, la vertu et l’harmonie mais également, né du feu, il représente le soleil, la chaleur, l’été et la récolte.
Apparence
Le Fenghuang est décrit comme un oiseau magnifique avec des plumes colorées brillantes et un plumage qui intègre les couleurs de cinq tons primaires. Il possède des éléments de divers animaux : la tête d’un coq, le dos d’un canard mandarin, les ailes d’un aigle, les pieds d’un faisan et la queue d’un paon.
Origine
Les premières représentations du Fenghuang remontent à 4 000 ans. Les images de l’oiseau sont apparues pour la première fois sur des poteries de jade, des bronzes et des figurines de jade de la culture Hongshan.
Des théories actuelles suggèrent que le Fenghuang est probablement basé sur la mémoire populaire de l’autruche asiatique qui était commune dans la Chine préhistorique mais qui s’est éteinte il y a plusieurs milliers d’années.
Symbolisme
Symbole de paix, de prospérité et de renouveau, le Fenghuang apparaît dans des périodes de bonheur et de paix et s’absente lors des conflits ou des troubles.
Pendant les règnes de l’Empereur jaune (Huáng Dì) et du roi Shun, on avait remarqué qu’un Phénix était apparu dans le monde, pour montrer l’excellente gouvernance et le monde pacifique que ces rois apportaient aux gens. Les rois de la dynastie Shang (v. 1570 à 1045 av. J.-C) croyaient également qu’ils étaient les descendants de Fenghuang.
Progressivement, le Fenghuang a été exclusivement utilisé par les femmes de la famille royale, en particulier la reine. Il est dès lors souvent associé à l’impératrice, tandis que le dragon représente l’empereur. Ensemble, le dragon et le Fenghuang symbolisent l’amour conjugal et l’équilibre marital, faisant d’eux un motif populaire dans les mariages chinois pour souhaiter harmonie et bonheur au couple. Aujourd’hui, il est le représentant des femmes belles, courageuses et intelligentes dans la culture chinoise.
À l’instar du phénix occidental, le Fenghuang est associé à l’immortalité et à la renaissance. Cependant, contrairement au phénix qui renaît de ses cendres, le Fenghuang représente plutôt la continuité ininterrompue.
Ses couleurs rouge, vert, jaune, noir et blanc sont censées représenter les vertus confucianistes suivantes : charité, droiture, connaissance, fidélité, politesse.
Il ne vit jamais en groupe, ni ne se rend dans des endroits sales. Il mange essentiellement des graines de bambou.
Culture et Art
Le Fenghuang occupe une place importante dans l’art chinois, la littérature et l’architecture. Il est souvent représenté dans les broderies, les peintures, la céramique et comme motif architectural, notamment sur les toits des temples et des palais, symbolisant la protection et la bienveillance divines.
Le Fenghuang a influencé non seulement la culture chinoise mais aussi celle d’autres pays asiatiques. Il est souvent intégré dans la culture populaire, dans la littérature moderne et le cinéma.
Je l’ai déjà souvent souligné dans ces pages, le peuple d’ici est très superstition et voit des symboles dans tout (ce que l’Occident a pas mal perdu). Bien sûr, les animaux n’échappent pas à ceci. Donc commençons une petite série sur la symbolique de certains animaux.
Les animaux fantastiques
Dans les légendes d’ici, on trouve essentiellement 7 animaux fantastiques : le Dragon, le Qilin (licorne), le Fenghuang (phénix), Pixiu, Nian, le renard à neuf queues et Taotie.
Dragon Lego et ses amis pandas fait pendant mes heures perdues…
Le Dragon
Le dragon se dit : lóng en chinois et s’écrit Caractère simplifié : 龙 Caractère traditionnel : 龍
Sur l’image à droite, on voit l’évolution de l’écriture d’un serpent à pattes et corne vers le même animal qui perd ses pattes mais est couronné. Le caractère se retourne et puis la tête (à gauche) se sépare du corps (à droite) pour donner le caractère traditionnel et puis une évolution semble-t-il de la partie droite uniquement vers le caractère actuel.
Dragon occidental, dragon extrême-oriental
L’image occidentale du dragon peut remonter à la mythologie grecque avec des bêtes fantastiques comme Python, Ladon, l’Hydre de Lerne,… mais ce sont plutôt des êtres du type serpent dans l’iconographie de l’époque que la représentation « classique » du dragon à quatre pattes et ailé. Le mot dragon vient d’ailleurs du grec ancien δράκων, du verbe δέρκομαι, « voir, percer du regard » avec un idée claire de gardien (souvent enfermé dans un grotte ou un sous-sol).
France Champagne Guérard, Grégoire, Musée du Louvre, Département des Peintures, MNR 28 – https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010057745 – https://collections.louvre.fr/CGU
Les mythologies nordiques, celtes, germaniques, slave renforcent cette idée d’un être chthonien, crachant du feu, plutôt maléfique et destructeur mais souvent gardien d’un trésor. Les légendes médiévales vont dans le même sens avec l’image fameuse de Saint Georges terrassant le dragon. C’est encore l’image renvoyée dans l’imaginaire actuel via le Hobbit de Tolkien ou la fameuse série Game of Thrones.
Pas de tout cela en Extrême-Orient. Les dragons d’Asie sont des êtres en général bienveillants, même si des penseurs bouddhistes ont introduit l’idée que certains dragons pouvaient être responsables de destructions suite à des affronts humains.
Autres différences fondamentales entre les dragons asiatiques et leurs cousins européens : leur forme est longiligne, et l’élément auquel ils sont le plus souvent associés est l’eau.
Dans les croyances populaires chinoises, le Dragon est donc la divinité des phénomènes aquatiques – chutes d’eau, rivières et mers – et détermine les sécheresses ou les inondations. Ils ont même parfois la réputation de maîtriser le climat, en particulier la pluie, et peuvent posséder de nombreux pouvoirs surnaturels selon la source des légendes…
Aux époques primitives, la plupart des villages, principalement ceux à proximité d’un point d’eau, se devaient de posséder un temple dédié au dragon local, afin de lui offrir des sacrifices en période de crise pour obtenir son aide ou son pardon.
En raison de sa connotation extrêmement positive, le dragon est devenu le symbole des empereurs puis par extension celui de la culture chinoise. Cependant, les autorités chinoises, craignant l’image négative du dragon en Occident, préfèrent aujourd’hui mettre en avant des «mascottes» plus sympathiques comme le panda. Pourtant, la population reste très attachée à l’image du dragon, notamment dans l’astrologie : le signe du Dragon est l’un des plus populaires et recherchés car il symbolise la puissance et la réussite.
À noter :
Dans le milieu des triades, les tatouages de dragon ont une signification très sérieuse. Il se dit que seuls les puissants peuvent se permettre de porter de tels motifs, sinon, l’animal mythique risque de consumer le porteur non digne.
Tatouage d’un ancien membre d’une triade de Hong Kong
L’apparence du Dragon chinois
Dessin de dragon que j’ai demandé à Dall-E (intelligence artificielle) de générer en style impressionniste.
L’apparence du dragon oriental, et donc chinois, on l’a dit, est bien différente de celle du dragon occidental. Longiligne tel un serpent et doté de quatre pattes, il mélange les traits de plusieurs animaux : des cornes de cerf, une tête de chameau, des yeux de démon, un cou de serpent, un ventre de mollusque, des écailles de carpe, des griffes d’aigle, des pattes de tigre, des oreilles de vache.
La perle que l’on voit parfois en dessous du menton ou dans ses griffes symbolise le bien-être, la chance et la prospérité. Par contre, la plupart des dragons chinois n’ont pas d’ailes, et leur capacité à voler relève d’un pouvoir magique.
Les origines du Dragon dans la culture chinoise
Dragon en jade de la culture Hongshan . Collection du National Palace Museum.
Depuis quelques années, les découvertes archéologiques ont montré que le dragon jouait déjà un rôle majeur dans les cultures néolithiques de la Chine. Les plus anciennes représentations connues à ce jour datent du IVème millénaire avant notre ère. Elles ont été découverte en Chine du Nord, dans des sites de la culture dite de Hongshan, et en Chine centrale, dans un site appartenant à la culture de Yangshao.
Il est difficile de déterminer comment s’est forgé le mythe du dragon en Chine, et les seules réponses semblent venir des cultures primitives : il pourrait être le résultat de la fusion des totems de différentes tribus, notamment en fusionnant des animaux tels le serpent et le poisson.
Une autre hypothèse implique que le dragon chinois aurait été inspiré par le crocodile marin, plus grand reptile vivant aujourd’hui. Les crocodiles étaient d’ailleurs dans des temps anciens perçus comme une variété de dragons…
Le mythe du Dragon
La tradition chinoise considère qu’il y a quatre grands rois dragons correspondant chacun à une des mers entourant l’Empire du milieu : la Mer de Chine orientale pour Ao Guang, la Mer de Chine méridionale pour Ao Qin, la Mer de Chine occidentale (l’Océan indien) pour Ao Run, et la Mer de Chine septentrionale (le Lac Baïkal) pour Ao Shun.
Symbole de l’Empereur
L’empereur Taï Tsung de la dynastie des Tang (626-649)
Plusieurs légendes lient les mythiques empereurs Yan Di et Huang Di (l’Empereur Jaune) au dragon chinois. Une de ces légendes dit que Huang Di utilisait un serpent pour orner son blason. Chaque fois qu’il conquérait une nouvelle tribu il ajoutait l’emblème de son ennemi au sien. Huang Di fut immortalisé en un dragon. Par la suite, le dragon est devenu le symbole des empereurs. Les anciens empereurs appelaient leurs fils « graines de dragon » tandis qu’ils qualifiaient leurs vêtements et leur trône, respectivement, de « robes du dragon » et de « trône du dragon », et, comme nous l’avons vu, l’emblème sur le drapeau de la dynastie Qing représente un dragon. Les épouses des empereurs étaient quant à elles associées au Fenghuang, le Phénix chinois. Pour différencier l’empereur de ses sujets, le Fils du Ciel était le seul à pouvoir porter des motifs de dragon à cinq griffes, image qui représente aujourd’hui la Chine dans son intégralité (le dragon à quatre griffes représente la Corée, celui à trois griffes représente le Japon).
Le dragon et les chiffres
Nous l’avons déjà dit, les gens d’ici portent beaucoup d’importance et de signification aux chiffres. Il est donc logique que le Dragon soit associé à l’un des plus positifs, le 9. C’est pourquoi le dragon est considéré comme ayant 9 attributs et 117 écailles : 81 yang et 36 yin (chaque fois un multiple de 9). Dans les palais impériaux (par exemple dans le Parc Beihai à P3kin), on peut trouver des murs à neuf dragons (ou 9 fils du dragon).
Qiúniú aime la musique, on le retrouve sur de nombreux instruments à cordes.
Yázì a mauvais caractère, on le retrouve sur les armes antiques.
Cháofēng ne craint rien, il aime prendre des risques, on le retrouve à l’angle des toits de nombreux bâtiments impériaux.
Púláo adore rugir, lorsqu’il rencontre la grande baleine, il rugit de peur, on le retrouve notamment sur les cloches.
Suān’ní ressemble à un lion, on le retrouve sur les pieds des encensoirs ou en protecteur devant les portes.
Bìxì ressemble à une tortue, il a une grande force et peut porter de très lourdes choses, il aime également l’écriture. On le retrouve souvent portant de hautes stèles comportant des textes.
Bì’àn ressemble à un tigre, il est sage et peut déterminer qui est bon et qui est méchant, il apparaît dans les prisons et les tribunaux.
Fùxì aime la littérature, il est représenté sur des tablettes comportant de longs textes et parfois sur des sceaux.
Chīwěn possède un corps de carpe et une tête de dragon, on le retrouve à l’angle des toits, il protège des incendies.