Ces gens-là – 24

Rapport tragique avec le Japon

Émotion à Shenzhen, le 18 septembre : à environ 200 mètres de l’école japonaise, un écolier japonais âgé de 10 ans a été mortellement frappé au couteau par un Chinois de 44 ans (le jeune garçon est mort de ses blessures le jour d’après). La date n’est pas anodine puisque c’est le 18 septembre 1931 qu’a eu lieu l’incident de Mukden (aujourd’hui Shenyang), que la Chine considère comme marquant le début de l’invasion japonaise de la Mandchourie, aujourd’hui au nord-est de la Chine. Connaissant le tropisme chinois pour la construction sociale du trauma mémoriel, [..].

Ce que je voudrais souligner ici c’est cette notion de tropisme chinois pour la construction du trauma mémoriel. C’est une expression très compliquée mais qui me semble bien exprimer quelque chose du pays : une tendance, une volonté je dirais même, de la part du parti-gouvernement, de rabâcher les traumatismes historiques et d’entretenir cela dans la mémoire collective. On en voit les conséquences dramatiques ici avec le souvenir de la guerre sino-japonaise (1931 pour les débuts de l’invasion de la Mandchourie mais surtout 1937-1945) mais on en subit également toujours les conséquences en occident avec ce rabâchage par Mr X des traumatismes du XIXème siècle, des humiliations subies par ce pays de la part des puissances occidentales (plus la Russie et le Japon) durant ce siècle.

Alors, est-ce le reflet d’un traumatisme personnel de Mr X ou quelque chose de plus fondamental dans la culture de ce pays ? Sans doute les deux.

En creusant un peu (et oui, mes réflexions ne sont pas toujours « premier niveau », je tente de les alimenter…), par rapport aux fondamentaux de la culture, si les religions se sont éloignées du peuple à certains moments de l’histoire (notamment récente), le culte des ancêtres est resté un fondamental contre vents et tempêtes et donc la mémoire du passé (trafiqué ou pas, haï ou pas) est culturellement important. Est-ce le fait d’un « vieux » pays qui a construit son roman national historique sur plusieurs millénaires ?

Il me semble clair également que ce type de régime, dictatorial, se doit de construire ce roman national fort avec des ennemis externes clairement identifiés ou identifiables. C’est sans doute une des caractéristiques indissociable de ce type de régime.

Bien sûr, dans ce cas précis, le Japon est loin d’être tout blanc. Je crois avoir déjà souligné le fait qu’il n’y a pas eu de changement fondamental de régime après la guerre (au contraire de l’Allemagne), il n’y a jamais eu d’excuses officielles, voire de reconnaissance des faits (certains manuels d’histoire japonaise parlent toujours de « avancée japonaise en Chine » et non d' »agression »), …

L’art occidental en Chine

Petit détail en lien avec la difficulté de compréhension de l’Occident par les Chinois et leur méconnaissance de notre monde, l’art occidental (autre que contemporain) n’existe pour ainsi dire pas en Chine aujourd’hui. Aucun musée public ne lui est consacré. Les quelques musées qui présenteraient des œuvres occidentales contemporaines, le font grâce à des des achats spectaculaires d’artistes internationaux par des oligarques chinois surtout désireux de montrer leur puissance économique. Il n’y pas de collections constituées par des conservateurs-scientifiques.

Les musées d’art ne sont d’ailleurs que très rarement dirigés par des conservateurs chinois qui pourraient faire un programme indépendant des intérêts économiques et politiques des propriétaires. Quand un musée d’art comprend une collection d’art chinois et international quelque peu ordonnée comme dans les musées occidentaux, c’est sous la direction de personnalités européennes comme à P3kin où le Belge Guy Ullens a créé en 2007 le premier centre d’art contemporain, l’UCCA (Ullens Center for Contemporary Art – dans le quartier 798), qui a été dirigé par le critique d’art français Jérôme Sans, puis par l’Américain Philip Tinari.

En Europe, « grâce » notamment au pillage du XIXème siècle, nous avons plus facilement accès à l’art Chinois (BnF, Musée Guimet et musée Cernuschi à Paris, British Museum, Victoria & Albert Museum à Londres, Museum of East Asian Art dans le Somerset, Musée des Arts d’Asie orientale à Cologne, Musée Art & Histoire à Bruxelles, etc.)

Ces gens-là – 23 – Ecriture

Encore un mot sur l’écriture

Malgré mes presque deux ans ici, mon niveau de langue n’est pas du tout à la hauteur de mes espérances. Cependant, voici quelques infos sur l’écriture.

Certaines et certains d’entre vous se souviennent peut-être de nos beaux cahiers à lignes : deux lignes rapprochées, une plus haut et une plus bas, pour nous apprendre à tracer de belles lettres. Ici, pas de cahiers à lignes mais des cahiers à carrés. En effet, chaque caractère peut s’inscrire dans un carré et la plupart des traits en suivent soit les médianes soit les diagonales.

L’écriture d’un caractère se compose d’un certains nombres de traits. Il y en a six de base qui ont chacun un nom. Ils peuvent s’accompagner d’un crochet ou d’une brisure, ce qui nous fait pas mal de combinaisons (une bonne trentaine).

Le caractère yong (éternel) reprend tous les traits de base :

L’art de l’éphémère : calligraphie à l’eau sur le sol

Même s’il existe quelques règles de base, l’ordre de tracé des traits est assez complexe :

  1. Du haut vers le bas…
  2. Trait de gauche, puis trait de droite…
  3. Trait horizontal puis le vertical qui le coupe…
  4. Trait vertical à gauche avant trait complexe à droite…
  5. Trait central avant les « ailes »…
  6. Le trait horizontal « socle » d’en bas en dernier…
  7. Trait tombant vers la gauche puis celui tombant vers la droite…
  8. Point flottant en dernier.

Avec des exceptions, bien sûr, et auxquelles il faut ajouter deux petites règles :

  1. Lorsqu’un caractère est composé de plusieurs sous-unités, on termine chaque sous-unité avant de passer à la suivante…
  2. … sauf si une sous-unité encadre les autres, dans ce cas, on ferme l’encadrement en dernier.

Voilà, il n’y a plus qu’à…

Ces gens-là – 22

Démographie et économie

Maintenant que j’ai un peu mis le cadre historique jusqu’à la fin du XIXème siècle (voir la série de repères historiques), vous avez peut-être noté que, souvent, les dynasties sont tombées suite à des périodes de catastrophes naturelles. Or, il semble que nous n’en sommes pas loin : il a rarement autant plu à P3kin que cet fin d’été (et pas une petite pluie comme en Belgique), nombreuses inondations dans le sud du pays, vagues de chaleur, … Je ne vais pas faire celui qui aurait une boule de cristal mais…

De plus Mr X. ne semble pas prendre la mesure du mal-être de son économie et ne prend pas les mesures nécessaires. Il ose même prendre des mesures très impopulaires (passer la retraite à 63 ans pour les hommes et 58 pour les femmes – cols blancs – soit une augmentation de 3 ans et de 5 ans à cotiser en plus pour toucher le minimum – de 15 à 20 ans).

Ces derniers jours, j’ai eu l’occasion de parler avec plusieurs occidentaux travaillant pour le secteur privé :

Le pays n’a plus commandé d’Airbus depuis 2022 (mais il y en a encore 800 à livrer…) alors que ma connaissance en vendait en moyenne 100 par an avant le Covid.
Volkswagen restructure dans le pays.
Un agent immobilier d’origine française mais basé sur P3kin, ne voit aucune reprise. Heureusement, depuis quelques années, il s’était tourné vers les ambassades et leurs expats qui est un marché stable. Le marché des bureaux est au plus bas.

Gâteaux de lune

Nous avons nos speculoos et les fameux moules à speculoos qui traînaient dans les cuisines de nos grands-mères et qui sortaient pour la Saint Nicolas. Ici il ont leurs Moon cake (gâteaux de lune 月饼, yuèbǐng) et les moules à gâteaux de lune qui sortent pour la fête de la mi-automne.

Quelques moules aperçu au musée ethnique (voir article sur le parc des cultures ethniques):

Pour revenir sur le premier articulet à propos de l’économie ci-dessus : cette année, les ventes de gâteaux de lune ont chuté de 45 % sur un an. Cependant, une catégorie de gâteaux de lune a vu ses ventes augmenter de 36 %, celle des gâteaux de lune à moins de dix yuans, les plus populaires étant ceux à un yuan.

Ces gens-là – 21

Confucianisme

Je ne sais plus si je l’ai déjà dit ici mais, pour comprendre ce pays, il faut comprendre un concept clef du confucianisme :

« L’homme sage apprend de ses erreurs, l’homme plus sage apprend des erreurs des autres »

Si je suis battu par un ennemi (au plan économique ou politique ou même lors de jeu), je ne vais pas m’étendre sur les forces, fourberies, stratégie, etc. de l’ennemi mais je vais me questionner sur mes propres faiblesses. En gros, le confucianisme pousse assez loin l’introspection sur les échecs et donc plutôt que de rejeter une éventuelle faute sur l’autre, je regarde d’abord et avant tout mes faiblesses par rapport à la situation et j’essaye d’apprendre de l’autre.

Discours de politique globale

Il n’y a pas que chez nous que les discours de politique global semblent vides… Voici un extrait de celui du Plénum du Parti…

D’ici 2035, il faudra instituer complètement un système d’économie de marché socialiste de haut niveau (nrld: c’est quoi un système d’économie de marché socialiste de haut niveau ?), améliorer le régime socialiste à la chinoise, moderniser pour l’essentiel le système et la capacité de gouvernance [..], et réaliser dans l’ensemble la modernisation socialiste. Tout cela servira à jeter les bases solides permettant de faire de la Chine un grand pays socialiste moderne dans tous les domaines au milieu de ce siècle. Pour ce faire, nous devons mettre l’accent sur les points suivants : instaurer un système d’économie de marché socialiste de haut niveau (ndlr: encore !), développer la démocratie populaire intégrale (ndlr: je souligne mais what?), faire de la Chine un pays socialiste puissant sur le plan culturel, augmenter la qualité de vie du peuple, construire une belle Chine, édifier une Chine encore plus sûre (ndlr: je souligne), et améliorer le niveau de direction du Parti et sa capacité à exercer le pouvoir sur le long terme (ndlr: je souligne… comme Biden quoi ?), de manière à pousser en avant la réforme. [..]

Extrait du Communiqué du 3e plénum du XXe Comité central du Parti communiste – Adopté le 18 juillet 2024.

A mon avis, il faut avoir lu les 4 ou 5 tomes de Mr X. (le premier fait 515 pages en Poche… Non, je ne l’ai pas encore lu !) pour comprendre.

PS: au total le mot « socialiste » n’apparaît que 18 fois dans ce texte 🙂 (le texte ne fait que 3- 4 pages).

Démocratie populaire intégrale ?

Voici ce que le texte repris plus haut développe sur la notion de démocratie populaire intégrale :

Le Plénum a souligné que développer la démocratie populaire intégrale constitue une exigence essentielle de la modernisation chinoise. Pour que la souveraineté populaire puisse se traduire de manière concrète et réelle dans tous les domaines de la vie politique et sociale du pays, il faut poursuivre résolument la voie du développement politique socialiste à la chinoise, maintenir et parfaire notre système politique fondamental ainsi que nos systèmes politiques de base et nos systèmes politiques importants, et diversifier les formes démocratiques à tous les échelons. Il est nécessaire de renforcer l’édification institutionnelle garantissant la souveraineté populaire, de parachever le mécanisme de démocratie consultative, d’optimiser le système de démocratie aux échelons de base et d’améliorer le cadre de notre travail en faveur du grand front uni.

Je m’arrête d’abord sur les deux derniers mots qui ont un sens très particulier : le front uni est une stratégie politique et un réseau de groupes et d’individus clés qui sont influencés ou contrôlés par le Parti communiste et utilisés pour faire avancer ses intérêts (en interne et à l’international). On y trouve notamment le réseau des instituts Confucius et, c’est un très sérieux département du Parti qui en est en charge.

Ce que moi je lis à travers ce paragraphe (mais bon, je ne suis qu’un bête petit occidental qui n’a rien compris à Mr X.), et notamment au vu des 2 derniers mots, c’est que la démocratie populaire intégrale est essentiellement un renforcement de l’emprise du politique (sous-entendu du Parti) à tous les échelons.

Ces-gens-là – 19

LGBTQ etc…

J’ai enfin eu une discussion avec un de mes collègue sur la situation des communautés LGBTQ etc… dans ce pays.

Avant l’arrivée du Grand Leader actuel, il y avait eu une certaine ouverture mais elle est bien loin maintenant. Le mot d’ordre du régime est bien make this pays great again… (tiens tiens, de l’autre côté du Pacifique on a déjà entendu la même chose). Et donc en ritournelle la revanche contre l’Occident (par rapport au XIXème siècle !), prendre sa place de grande puissance, … Puissance, parlons-en. Un discours machiste et militariste est asséné aux garçons depuis leur plus tendre enfance et relayé par tous les média, bien entendu.

Et donc, ceci explique encore la place prépondérante des garçons et le désir de beaucoup de couples qui souhaitent (et qui peuvent financièrement assumer)* des enfants d’avoir un garçon. Ce machisme d’État, accompagné d’une puissante distinction des rôles entre la femme et l’homme, fait que tous les modèles de genre déviants de la norme (déviant au sens propre du terme, pas au sens négatif !) sont extrêmement mal perçus particulièrement dans les milieux ruraux. C’est une honte pour des parents d’avoir un garçon homosexuel ou qui désire changer de genre. En ville, ce phénomène est un peu moins marqué parce que souvent les gens qui travaillent et vivent en ville vivent loin de leurs parents (une majorité des p3kinois n’est pas p3kinoise d’origine). Les filles, on s’en fout un peu plus, c’est moins important, du moment qu’elles fassent des petits-enfants (mâles).

Et l’État dans tout cela ?

L’État accepte le changement de genre à l’état civil pour autant que le processus physique ait été jusqu’au bout (ablation des organes, …). Les couples homosexuels ne sont pas du tout reconnus (mais pas non plus réprimés). Ce qui est réprimé, c’est l’associatif lié à ces communautés : les associations des communautés LGBTQ… Si elles sont éventuellement tolérées, elles sont sous très étroite surveillance dans la crainte d’une sorte de prosélytisme (fantasmé) qui irait tout à fait à l’encontre des idéaux du Parti d’un pays fort, machiste, militariste…

Au niveau culturel, les références à l’homosexualité sont bannies. Ainsi, les allusions à l’homosexualité de Dumbledore dans le film Les Animaux fantastiques : Les Secrets de Dumbledore, ont été coupées dans la version chinoise du film.

A propos de machisme, à la tête de l’État et du Parti (c’est souvent globalement la même chose), même si pour le moment on ne s’y retrouve plus très bien (il y a une valse des ministres et hauts responsables pour l’instant…), très peu de figures féminines (2 sur 37 au niveau des secrétariat d’État et des ministres – une conseillère d’État et la ministre de la Justice). Le Parti, de son côté, a souligné à plusieurs reprises l’importance des femmes, mais leur rôle dans la direction politique reste très limité : il n’y a qu’une seule femme dans le Politburo, le deuxième organe le plus important, qui compte 25 membres.

  • * Une étude récente de l’Institut de recherche démographique YuWa indique que ce pays est, en termes relatifs (salaire, …) le plus cher du monde pour élever (et éduquer) un enfant… (538 000 yuans/an de 0 à 17 ans soit environ 71 750 EUR/an).

Un prélude de Bach

Un frisson ou une larme à l’écoute d’un Aria de Bach ou d’un Requiem de Mozart ou de Fauré, un sourire ou autre souvenir au son des Quatre saisons de Vivaldi… Attention, danger ! Attention car malgré une certaine universalité de ces musiques dites « classiques », ce sont des musiques religieuses (Vivaldi était prêtre catholique) et donc gare au prosélytisme religieux.

Et donc, en tant que telle, la musique de Bach ou de Vivaldi n’est pas interdite ici mais voici ce qui peut arriver…

Un de mes collègues expat chante dans une chorale ici qui prépare un concert de la Passion selon Saint Jean de Bach. Ils pourraient facilement remplir un auditorium d’un millier de personnes pour ce concert mais ils préfèrent se limiter à l’auditorium « privé » de l’école allemande qui ne compte que 250 places. Leur cheffe, une chinoise, ne veut pas prendre un risque qu’elle a déjà pris dans le passé de viser trop grand, trop haut. Outre la masse de paperasserie administrative nécessaire pour ce genre de concert si on le fait dans une salle plus « publique », les autorités scrutent à fond le type d’œuvres qui seront jouée. Il lui est déjà arrivé (à la cheffe), lors d’un concert dans une salle « publique », de voir débarquer les autorités en plein milieu du concert (c’était aussi du Bach) et de le faire arrêter immédiatement pour prosélytisme religieux.

Personnellement, ce n’est pas l’aspect religieux qui me touche le plus dans les œuvres de Bach surtout que, sauf à avoir le livret sous les yeux (et encore, suivant les œuvres de musique classique dont on parle, il faut connaître l’allemand, l’italien, le latin, le russe ou…), je fait plus attention à la mélodie, la musique, l’harmonie qu’aux paroles elles-même (qui par le chant polyphonique sont parfois difficiles à percevoir).

Bon, à décharge, j’ai ouvert la partition de la Passion selon Saint Jean qui traînait sur le bureau de mon collègue et les parties Recitativ reprennent exactement les paroles de la Bible… mais de là à considérer un concert de Bach comme du prosélytisme religieux…

Ces-gens-là – 18

Encore le chiffre 4

J’en ai déjà parlé dans un précédent articulet sur les superstitions mais là, j’ai une photo à l’appui : le chiffre 4, encore aujourd’hui, dans les années 2010-2020, est considéré comme porte-malheur. La photo ci-dessous a été prise dans l’ascenseur d’un immeuble relativement moderne où j’ai cours de Krav Maga. Pour aller au cours, j’appuie sur le 17 mais qui est en fait le 14ème étage (façon européenne de compter)…

En effet, il n’y a pas de 4 ni de 14 et le rez-de-chaussée, ici, est l’étage numéro 1 (ici G pour groundfloor )… Tout un calcul !

Les saisons

Le début des saisons ici est différent de nos débuts de saisons. En effet, chaque saison débute au milieu entre les équinoxes ou les solstices. Donc, depuis quelques jours, l’hiver a déjà commencé ici… Solstices et équinoxes étant considérés comme l’apogée de la saison. Les gens d’ici ont bien quatre saisons mais également des intersaisons (d’une dizaine de jours), le moment où les éléments changent. L’intersaison correspond à un changement d’état, à quelque chose « qui n’est plus », mais « qui n’est pas encore ». Il s’agit d’une période de bouleversement énergétique qui permet de se préparer au nouvel équilibre à venir.

Ces-gens-là – 17

Deuil et enterrement

Lors de notre voyage dans le sud, au détour d’un village, nous avons croisé une série de personnes avec un bandeau rouge sur le front. Ce bandeau sur le front est symbole de deuil, rouge, parce qu’il s’agissait d’une personne très âgée (sinon le bandeau est blanc).

En plus de cela, dans les villages de cette vallée, des chants ont retenti pour appeler tout le monde et de nombreux feux d’artifices ont été tirés en l’honneur du défunt.

J’ai déjà pu signaler que le culte des ancêtres est important ici et donc dans cette région, des tombes, ici et là, surgissent dans le paysage. Une pierre tombale parfois au centre d’un petit cercle.

De quelques paysannes et paysans et leur production

Ces-gens-là – 16

Petit mot sur le titre de cette rubrique… Pour celles et ceux qui n’ont pas la ref, comme on dit, il ne s’agit nullement de dénigrement des gens d’ici mais d’une référence à une chanson de Jacques Brel dont le titre me parlait…

Fait (tristement) exceptionnel

Malheureusement, en Europe, les attentats ou attaques contre les personnes, plus ou moins liés à ce qui se passe au Proche Orient ou à l’islamisme radical se poursuivent. Mais, fait exceptionnel (et néanmoins dramatique), un attentat s’est produit ici. Passé sous les radars de la plupart des média occidentaux, en pleine capitale , un diplomate israélien a été victime d’une attaque au couteau ce 13 octobre. Sa vie ne semble plus en danger.

Toujours est-il que cela, plus le forum pour les 10 ans de l’initiative BRI (Nouvelles routes de la Soie) qui doit notamment accueillir Vladimir P. (et du coup, la plupart des ambassadeurs européens ont déclinés l’invitation…), il y a un regain impressionnant de contrôles et de présence policière et militaire dans la ville. Sur la rue en face de l’ambassade, un policier en uniforme tous les 20 mètres; un étrange bonhomme en civil mais avec des gants blancs (militaire ou policier ?) « traîne » devant l’ambassade et devant les autres ambassades; je ne savais pas que c’était possible mais il y a encore plus de voiture de police dans le coin; des collègues se font contrôler dans la rue malgré la carte d’identité et le laissez-passer diplomatiques…

Sino-ornithologie

Tranquillo

La pie bleue à calotte noir (cyanopica cyanus) que j’ai déjà présentée mais en quelques peintures par votre serviteur…

Fantaisie orientale


La pirolle à bec rouge (Urocissa erythroryncha) est également une pie assez répandue dans le sud de la Chine. Je l’ai rencontrée pour la première fois près du monastère Shaolin. J’ai trouvé cet oiseau très élégant.

Photo par Charles Lam from Hong Kong, China — Blue TailUploaded by berichard, CC BY-SA 2.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=6851503

Ces-gens-là – 15 – Crédit et guerre

Le crédit social n’est pas un mythe

Le crédit social, on en parle en Europe, on lit des choses dessus mais quelle est sa réalité ? Je ne l’avais pas encore rencontrée ici avant un voyage en train le week-end dernier.

Rappelons de quoi il s’agit : le crédit social est un système de notation, de points, sur la réputation des entreprise et des citoyennes et citoyens, mis en place par le gouvernement. Basé sur un système américain de notation des entreprises chinoises, il est repris dans ce pays et adapté aux ressortissantes et ressortissants du pays. On peut comparer cela à une sorte de permis à points où la perte des points a parfois des répercussions néfastes pour la citoyenne ou le citoyen : plus possible de prendre un billet de train ou d’avion, interdiction de certains hôtels, bars et restaurants, impossibilité d’acheter de l’immobilier ou encore interdiction d’inscrire ses enfants dans certaines écoles (dites « privées », les meilleures).

Une application sur votre téléphone portable vous permet (et permet aux autorités et autres vendeurs de billets de train et d’avion, etc.) de suivre votre niveau de crédit social. Dans une des dernières moutures d’une de ses applications (il n’y a pas de standardisation nationale du système), on ajoute même la possibilité de dénoncer quelqu’un, notamment si la personne semble avoir un train de vie inadéquat par rapport à son statut (ex. votre voisin, simple garde de parking, qui viendrait à s’offrir la dernière Aston Martin – but officiel : lutte contre la corruption).

Bref, un système loin de notre protection de la vie privée en Europe.

Difficile, délicat, impossible pour moi de demander à une ou un de mes collègues : « montre-moi un peu ton application de crédit social et comment elle fonctionne… » trop délicat. Donc cela restait pour moi une sorte de mythe, de rumeur publique un peu secrète et cachée… Jusqu’à ce voyage en train…

Et donc là, après chaque arrêt dans une gare, en chinois puis en anglais (sinon je n’aurais pas compris !), on nous rappelle gentillement que les incivilités (pieds sur les fauteuils, dégradation du matériel, voyage sans titre de transport, …) pourront être rapportées au service de crédit social local et pourraient entraîner pour la personne de ne plus pouvoir voyager en train… Voilà, c’est clair.

Le Moyen-Orient vu d’ici

Sur la situation en Israël et en Palestine, réaction très neutre dans les média d’ici que je suis, très factuelle. Quand je compare avec la RTS (Radio Télévision Suisse romande)* et France 2, que je vois tous les matins sur TV5 Monde, qui prennent, définitivement, un point de vue pro-israélien, les média d’ici semblent beaucoup plus neutres et se limitent à du factuel et à des appels à la paix.

Voici la fin d’un article sur le sujet dont le titre est « L’Iran est prêt à envoyer de l’aide humanitaire à Gaza (chef de la diplomatie)« :

Le Mouvement de résistance islamique palestinien (Hamas) a lancé samedi une attaque surprise contre des villes israéliennes adjacentes à la bande de Gaza, ce qui a incité Israël à lancer des frappes de représailles sur Gaza.

En date de mercredi, plus de 2.000 personnes ont été tuées et des milliers d’autres blessées dans les deux camps. Fin.

On ne parle pas de victimes civiles, on ne parle pas d’enlèvements, etc. Et ce qui est relayé, ce sont essentiellement les réactions des pays arabes ou du Moyen Orient, comme ci-dessus, et les prises de position de l’ONU.

Et aussi, dans le Global Times (grand quotidien en langue anglaise), une critique de la position américaine qui jetterait de l’huile sur le feu et une analyse de qui profiterait de cette escalade (réponse : les big 5 du complexe militaro-industriel US soit Lockheed Martin, Boeing, Raytheon, General Dynamics, et Northrop Grumman qui se sont déjà largement enrichis de la guerre en Ukraine dixit Global Times).

La ligne officielle est de soutenir un double État et de venir en aide humanitaire aux victimes palestiniennes.

*PS: Ce 12 octobre, au 19h30 (que j’allume à 7h30 du matin le lendemain), c’est l’ambassadeur de l’autorité palestinienne (du Fatah, opposé au Hamas) qui était sur le plateau de la RTS mais les questions du journaliste me semblaient néanmoins un peu tendancieuses.

La folie des livraisons

J’en ai déjà touché un mot : on se fait livrer tout et n’importe quoi toujours et partout. Et même… dans le train ! Vous commandez avant d’arriver à la prochaine station, ils livrent et les employés du train viennent vous les apporter à votre place !

Ces-gens-là – 14

Le poids des enfants

92% : c’est le pourcentage de parents chinois qui se sont retrouvés en dépression nerveuse à cause de l’éducation de leurs enfants, d’après un sondage mené auprès de 535 parents (est-ce vraiment un échantillon représentatif dans un pays de plus d’un milliards d’habitants ? pas certain qu’ils soient doués pour les statistiques sociologiques). 72% d’entre eux se sont également déclarés en proie au stress. Ces résultats interviennent deux ans après la mise en place de la politique de « double réduction » (双减) visant à réduire la masse de devoirs des écoliers et à interdire les cours du soir dans différentes matières. Même si certains parents ont salué ces mesures censées réduire les inégalités sociales, d’autres se sont plaints de se retrouver à donner des cours à leurs enfants eux-mêmes. Ainsi, 84,1% des sondés passent en moyenne 67 minutes par jour à aider leurs enfants à faire leurs devoirs, ce qui correspond à la moitié de leur temps libre à la fin de journée.

Question de caractères

Le caractère « biáng » des nouilles « biang-biang » du Shaanxi, est l’un des plus complexes de la langue chinoise avec ses 57 traits.

17 000 : c’est le nombre de caractères rares supplémentaires qui vont désormais être reconnus par les ordinateurs et les smartphones. Cet ajout vient porter à 88 115 le nombre total de caractères chinois numérisés. Même s’il n’existe pas de définition précise de ce qu’est un caractère « rare », les experts linguistes s’accordent sur le fait qu’une majorité de la population n’est pas capable de le lire ou de l’écrire. La digitalisation de ces caractères est une manière de préserver la culture traditionnelle chinoise et d’éviter qu’ils tombent dans l’oubli, comme beaucoup d’autres… Il s’agit aussi de faciliter la vie à ces 60 millions de Chinois dont le prénom contient un caractère qui est absent des bases de données des administrations, banques et hôpitaux.

Bon, personnellement, il y a encore du taf à apprendre ces plus de 100 000 caractères… (et encore, on parle du chinois simplifié !)