Les dynasties Han

J’ai vu le (très mauvais) film qu’est le dernier Astérix. Outre que, bien sûr, notre ami J.C. n’a jamais mis les caligae en Chine (ça se serait su et nous aurions eu de sa propre plume : De Bello Sinensio), la partie « chinoise » du scénario, y compris la carte qui est plusieurs fois reprise, fait référence à une période révolue depuis longtemps en 45 avant J.C (l’autre J.C.) : la période des Royaumes combattants. Cette période où 9 royaumes se disputaient l’hégémonie c’est bien achevé en 221 avant notre ère par le contrôle de Qin She Huang Ti, premier empereur et unificateur du pays.
La période suivante dans la chronologie chinoise est appelée « Dynastie des Han » (subdivisée en 2 périodes : la dynastie des Han occidentaux ou antérieurs avec leur capitale à Chang’An aujourd’hui appelée Xi’An – que j’avais visité en début d’année à un millier de km au Sud-Ouest de la capitale actuelle; et la dynastie des Han orientaux ou postérieurs dont la capitale était située à 250-300 km à l’est de Xi’An d’où leur nom d’orientaux).
Les dynasties des Han représentent l’âge d’or de l’histoire chinoise d’où notamment le fait que la majorité ethnique s’appelle encore toujours « les Han ». C’est une période où l’Empire se consolide (contrairement à ce que laisserait entendre le film). Une administration impériale centrale se met en place ainsi qu’un contrôle des provinces avec notamment des sortes de missi dominici (un millénaire avant Charlemagne !) appelés ici ceshi.
Un système éducatif se met aussi en place pour former les fonctionnaires (les lettrés) indispensables à la gestion de l’Empire. Ce système très compétitif, avec des examens assez fameux, semble avoir perduré jusqu’au régime actuel.
Cette période voit le développement du culte de l’empereur avec également le développement d’une religion taoïste (qui est, au départ, plus une philosophie ou une morale de vie) avec notamment une vénération de la « Reine-mère de l’ouest » et des mouvements socio-politiques d’inspiration taoïste aux doux noms de « sourcils rouges » ou « turbans jaunes », …
C’est la période du développement de la route de la Soie avec donc l’extension vers le centre de l’Asie et notamment la découverte du bouddhisme qui s’y était déjà implanté à partir de l’Inde.
C’est enfin une période de grand développement des arts (notamment littérature et poésie), des sciences (cartographie, astronomie, mathématiques, historiographie, …) et des techniques (papier, gouvernail, brouette, …).
Là où le film n’a pas tout à fait tort, c’est à propos de l’impératrice. En effet plusieurs femmes auraient détenu le pouvoir durant cette période dont Wang Zhengjun juste avant son fils Cheng (32 à 7 avant notre ère), soit bien la période visée par le film.
Pour en revenir aux Romains, c’est bien sous les Han que des contacts semblent établis avec l’Empire romain. Une ambassade est envoyée pour établir un contact avec Rome en 97, mais elle est arrêtée à la cour des Parthes, qui ne voulaient manifestement pas voir les Chinois discuter avec leurs ennemis Romains. Le Livre des Han Orientaux évoque l’empire occidental (appelé Da Qin), et notamment une ambassade romaine arrivée à la cour Han en 166, envoyée par l’empereur An-dun (sans doute Marc Aurèle). Cela n’est pas mentionné dans les sources romaines, qui n’évoquent jamais l’empire Han. Il s’agirait sans doute de marchands romains plutôt que de vrais représentants de l’empereur de Rome.