Repères sur l’histoire du pays – 8

Nous venons donc de quitter l’impératrice Cixi et le dernier empereur PuYi en 1911 et la République de Chine est proclamée en 1912 avec Sun Yat-Sen comme premier Président (pour un an) et la parti Kuomintang au pouvoir. L’Empereur n’est pas vraiment démis, il reste symbole du pouvoir, mais cloîtré dans la Cité interdite jusqu’en 1924. On a donc un phénomène assez unique : une république avec un président et un empereur… Puyi sera récupéré plus tard comme empereur de l’Etat fantoche du Mandchoukouo sous la houlette japonaise en 1934 (revoir le film Le dernier empereur).

La nouvelle République sombre très vite dans l’instabilité politique. En 1913, Yuan Shika, chef de l’armée (de Beiyang – d’où le nom de régime de Beiyang repris pour une courte période) « prend » la présidence et tente même de rétablir l’empire à son profit. Son échec, rapidement suivi de son décès, laisse la Chine sans gouvernement central fort.

Des factions rivales commencent à s’empoigner et le pays connaît une période de confusion sous les Seigneurs de la guerre.

La Chine et la Première guerre mondiale

Lorsque le premier conflit mondial éclate, la Chine, embourbée dans cette guerre civile, se déclare neutre, le 6 août 1914. Cette guerre concerne cependant son territoire dans la mesure où des puissances étrangères y possèdent des concessions. Dès le 2 septembre, les Japonais alliés des Français et Anglais s’emparent partiellement des possessions allemandes du Shandong.

De nombreux ouvriers chinois seront recrutés, notamment par la France, durant toute la guerre (plus de 300 000 chinois partiront pour l’Europe).

Le 14 août 1917, la Chine déclare la guerre à l’Allemagne, en prenant le prétexte de la guerre sous-marine à outrance menée par la marine impériale allemande. En échange, les Alliés accordent des facilités économiques à la Chine, tout en maintenant leur emprise (en novembre 1917, les Américains reconnaissent aux Japonais, par l’accord secret Lansing-Ishii, des droits sur la Mandchourie) et les Alliés incluent la Chine dans les dispositions du Traité de Versailles. Mais ces dispositions reconnaissent la mainmise du Japon sur des territoire nationaux (notamment les anciennes colonies allemandes en Chine) ce qui entraînera le mouvement du 4 mai 1919 et la non ratification par la Chine du Traité.

Troubles, guerre civile jusqu’à l’invasion japonaise

Sun Yat-sen rétablit un gouvernement militaire à Canton, mais n’obtient pas de reconnaissance internationale, sauf celle de l’Union soviétique. Sun Yat-sen se fera écarter entre 1919 et 1921 et décède en 1926.

Au sein du Kuomintang, le pouvoir revient de fait à Tchang Kaï-chek, commandant de l’Armée nationale révolutionnaire. Il lance l’expédition du Nord, qui lui permet de soumettre les seigneurs de la guerre et de revendiquer la souveraineté sur l’ensemble de la Chine. Mais entre-temps, le Kuomintang et le Parti communiste chinois (Premier Front Uni)* rompent leur alliance : la guerre civile entre communistes et nationalistes débute dès 1927. Les communistes contrôlent certains territoires, que les nationalistes réduisent militairement au fil des années. Le régime prend à partir de 1928 l’aspect d’une dictature militaire dominée par Tchang Kaï-chek.

Une des nombreuses images de propagande liées à la Longue marche

En 1934, défaits par les nationalistes et chassés de leurs bases dans les montagnes du sud du pays, les communistes entreprirent la Longue Marche, à travers les régions les plus désolées du pays, vers le Nord-Ouest. Il s’agira d’un périple d’un an d’environ 10 000 li (environ 5000 km) durant laquelle l’armée de 86 000 hommes au départ perd plus de la moitié de ses effectifs mais qui deviendra un épisode important du roman national communiste chinois. Ils établirent leur nouvelle base de guérilla à Yan’an, dans la province du Shaanxi.

  • * Le Front Uni est un concept développé par Lénine et repris par le Parti communiste chinois qui soutient, notamment, qu’il faut faire ami-ami avec les partis « proches » pour atteindre les objectifs de la Révolution prolétarienne. Ce concept est encore très présent aujourd’hui comme j’ai pu le signaler à l’occasion.

La seconde guerre mondiale

En 1931, l’empire du Japon envahit et annexe la Mandchourie (suite au sabotage d’une section de voie ferrée japonaise, l’incident de Moukden, voir l’interprétation d’Hergé dans Tintin et le Lotus bleu). En 1937, suite à l’incident du pont Marco Polo (voir ici), il envahit la partie orientale du pays, ouvrant la voie à huit ans de guerre.

Durant cette guerre, le massacre de Nankin (capitale des nationalistes) entre décembre 1937 et janvier 1938, qui fit, selon les estimations, entre plusieurs dizaines et plusieurs centaines de milliers de morts civils (y compris viols et tortures) alors que l’armée nationaliste s’était enfuie face à l’armée impériale japonaise, reste encore aujourd’hui un trauma mémoriel important.

Un second Front Uni est conclus entre le Kuomintang et le parti communiste chinois, dirigé par Mao, contre l’envahisseur. Pendant qu’un gouvernement collaborateur avec les Japonais dirigé par Wang Jingwei revendique à partir de 1940 le nom de République de Chine. Avec l’extension en Asie de la Seconde Guerre mondiale, le régime de Tchang Kaï-chek entre dans le camp des Alliés, rejoint par le parti communiste chinois en juillet 1941.

Après la défaite des Japonais, la République de Chine nationaliste (Kuomintang) tente de stabiliser ses institutions en adoptant une nouvelle constitution, en 1947, mais les troupes communistes de Mao Zedong, armées par l’URSS, prennent l’avantage et repoussent bientôt celles du Kuomintang dans l’ensemble du pays. Mao proclame la République populaire de Chine le 1er octobre 1949 ; en décembre 1949, la classe politique nationaliste et le reste de l’armée de la République de Chine, accompagnés d’un exode de population, s’exilent « provisoirement » sur l’île de Taïwan, reprise aux Japonais en 1945.

Quelques étapes clef de la République populaire de Chine

De 1949 à 1954, on assiste donc à la mise en place d’un régime communiste avec une Constitution promulguée en 1954. Parmi les premières lois adoptées, celle sur le mariage, datée de juin 1950, entend supprimer le modèle patriarcal de la famille, autorise le divorce et établit l’égalité juridique entre hommes et femmes. L’interdiction du bandage des pieds, mesure qui avait été adoptée en 1912, devient réellement effective. La réforme agraire entraîne la répartition de 47 millions d’hectares aux paysans pauvres, mais le terre est divisée en parcelles trop exiguës du fait de la pression démographique.

Un premier plan quinquennal est lancé, qui semble une réussite et encourage Mao Zedong à lancer son Grand Bond en avant en 1958. Il s’agit de se baser sur la paysannerie pour faire avancer le pays dans tous les aspects de son économie. Mais les efforts forcenés dans la sidérurgie par des paysans s’avèrent un désastre. Ce plan est abandonné officiellement en 1962 (officieusement en 1960). Vingt à trente millions de Chinois sont morts de la famine qui s’en est suivie. De 1960 à 1966, la Chine continentale est dans un calme relatif. Le système de production est en convalescence, et reprend peu à peu. En 1966 débute la révolution culturelle. Les étudiants sont mobilisés afin de nettoyer la Chine des « nouveaux capitalistes » et deviennent les gardes rouges de la révolution, défendant les idéaux communistes, et organisant des expéditions punitives partout en Chine, armés notamment du fameux petit livre rouge reprenant des citations de Mao. De nombreuses œuvres anciennes, livres, sculptures, bâtiments, etc. sont détruits. Les intellectuels sont attaqués. La Chine est terrorisée face à l’arbitraire de ces gardes rouges. Fin 1967, l’armée se décide enfin à réprimer le mouvement. L’armée et Mao Zedong en sortent renforcés, avec les gardes rouges, ils ont court-circuité l’appareil de l’État.

La mort de Mao Zedong, le 9 septembre 1976, ouvre la lutte pour la succession. La bande des Quatre (dont la seconde femme de Mao), qui étaient notamment à la base de la révolution culturelle, est arrêtée en octobre. Hua Guofeng mène désormais la Chine avec davantage de pragmatisme, mais c’est surtout l’arrivée de Deng Xiaoping en 1981 qui lance la phase de réformes. Il légitime la quête de biens matériels comme étant une phase transitoire avant le communisme. Il ouvre la Chine aux investissements étrangers, crée des « zones économiques spéciales » et propose l’idée d’« un pays, deux systèmes » (socialiste et capitaliste) comme pouvant parfaitement coexister.

Les événements de la place T. en 1989 forment une espèce de tournant idéologique avec un traumatisme puissant pour l’Etat-Parti et un progressif raffermissement de la pression politique sur le peuple. Suivant les manuels scolaires actuels, rien ne s’est passé en 1989 à P3kin (idem dans le « Wikipedia » chinois, Baidu Baike).

Cette politique est poursuivie globalement jusqu’à l’arrivé de Mr X au pouvoir en 2012 où la vis se resserre fortement et où l’on cherche à revenir à l’idéologie maoïste.

Ancien Palais d’été (Yuanming Yuan)

L’Ancien Palais d’Été, ou Yuanming Yuan (圆明园), était un complexe de palais et de jardins impériaux situé au nord-ouest de Pékin. Construit au XVIIIe siècle sous la dynastie Qing, il était connu pour sa grandeur, ses œuvres d’art, et ses paysages d’inspiration chinoise et européennes (on l’a parfois comparé à un Versailles chinois).

Vue de l’ancien palais (image du domaine public).

Destruction du Palais

L’histoire de l’Ancien Palais d’Été est marquée par sa destruction en 1860 lors de la Seconde Guerre de l’Opium. À cette époque, une force anglo-française envahit P3kin pour faire pression sur l’empereur Qing à la suite de différends commerciaux et diplomatiques.

Sous les ordres de Lord Elgin (le fils de celui qui s’est accaparé des frises du Parthénon en Grèce), le Palais fut saccagé et brûlé pendant plusieurs jours en représailles à l’emprisonnement et à la torture d’ambassadeurs britanniques et français. Des milliers d’objets d’art et de trésors furent pillés et emportés en Europe. Aujourd’hui encore, certaines de ces œuvres se trouvent dans des musées européens et font l’objet de discussions concernant leur restitution. C’est en sachant cela l’on peut comprendre le soutien de Mr X., à la Grèce dans sa réclamation pour la restitution des frises du Parthénon.

Voici ce qu’en disait Victor Hugo dans une lettre du 25 novembre 1861 :

Vous me demandez mon avis, monsieur, sur l’expédition de Chine. Vous trouvez cette expédition honorable et belle, et vous êtes assez bon pour attacher quelque prix à mon sentiment ; selon vous, l’expédition de Chine, faite sous le double pavillon de la reine Victoria et de l’empereur Napoléon, est une gloire à partager entre la France et l’Angleterre, et vous désirez savoir quelle est la quantité d’approbation que je crois pouvoir donner à cette victoire anglaise et française.

Puisque vous voulez connaître mon avis, le voici :

ll y avait, dans un coin du monde, une merveille du monde ; cette merveille s’appelait le Palais d’été. L’art a deux principes, l’Idée qui produit l’art européen, et la Chimère qui produit l’art oriental. Le Palais d’été était à l’art chimérique ce que le Parthénon est à l’art idéal. Tout ce que peut enfanter l’imagination d’un peuple presque extra-humain était là. Ce n’était pas, comme le Parthénon, une œuvre rare et unique ; c’était une sorte d’énorme modèle de la chimère, si la chimère peut avoir un modèle.

[…]

Cette merveille a disparu.

Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d’été. L’un a pillé, l’autre a incendié. La victoire peut être une voleuse, à ce qu’il paraît. […] Grand exploit, bonne aubaine. L’un des deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l’autre a empli ses coffres ; et l’on est revenu en Europe, bras dessus, bras dessous, en riant. Telle est l’histoire des deux bandits.

Nous, Européens, nous sommes les civilisés, et pour nous, les Chinois sont les barbares. Voila ce que la civilisation a fait à la barbarie.

Devant l’histoire, l’un des deux bandits s’appellera la France, l’autre s’appellera l’Angleterre. Mais je proteste, et je vous remercie de m’en donner l’occasion ; les crimes de ceux qui mènent ne sont pas la faute de ceux qui sont menés ; les gouvernements sont quelquefois des bandits, les peuples jamais.

[..]

J’espère qu’un jour viendra où la France, délivrée et nettoyée, renverra ce butin à la Chine spoliée.*

En attendant, il y a un vol et deux voleurs, je le constate.

Telle est, monsieur, la quantité d’approbation que je donne à l’expédition de Chine.

La destruction de Yuanming Yuan est encore toujours perçue comme un symbole de l’humiliation de la Chine par les puissances occidentales pendant le XIXe siècle. Et aujourd’hui encore, les écoliers apprennent ce texte de Victor Hugo par coeur. Il est aussi repris sur les panonceaux près des ruines du palais.

Après sa destruction, l’Ancien Palais d’Été ne fut jamais reconstruit. Les ruines du site, en particulier les sections de style occidental conçues par des missionnaires européens, sont toujours visibles aujourd’hui.

En lieu et place de celui-ci, l’impératrice Cian a fait (re-)construire à quelques kilomètres de là ce qu’on appelle aujourd’hui le Palais d’été.

  • * Les éléments et collections du patrimoine français étant inaliénables, ce n’est pas près d’arriver même si aujourd’hui certains gestes sont fait par la Chine et d’autres pour racheter ces biens.

Les ruines du Palais principal :

Un pavillon restauré avec un labyrinthe « à la française » :

Un autre pavillon dans le parc en forme de svastika :

D’autres ruines :

Le parc :

La parc des cultures ethniques

Ça y est, j’ai été au Tibet… Euh, non, c’est très difficile voire impossible pour les diplomates d’y aller mais j’ai visité le parc des cultures ethniques de P3kin. Et dans ce parc, comme son nom l’indique, on a un aperçu de différents habitats ethniques du pays. Une sorte de Bokrijk à la chinoise …

Situé dans le nord de Pékin, juste au sud du parc olympique, ce parc est censé témoigner de la vie et de la culture des 56 différents groupes ethniques qui composent le pays. Commencé en 1992, il n’en contient encore que 44 mais je ne les ai pas tous vu car la partie sud du parc est en réfection.

Photo fournie par un collègue

Pour la petite histoire, lors de l’ouverture de la station de métro près de ce parc (vers 2008 pour les JO), et même à la sortie du ring correspondante, une des (nombreuses) mauvaises traductions sur les affichages officiels en faisait le « racist park » au lieu du « ethnic park« … Et comme beaucoup de choses ici et malgré ce que ce parc promeut, à savoir tradition et culture, « il reste très touristique et artificiel » (dixit Le petit futé).

Bon, je vais essayer de vous faire faire le tour sans me tromper dans les noms des ethnies. J’espère que vous me pardonnerez les erreurs et imprécisions. De temps en temps, sur certaines photos, vous voyez les immeubles qui montrent qu’on est bien en pleine ville.

Voici d’abord une superbe carte pour, un peu, situer qui est où en n’oubliant pas que l’ethnie majoritaire, présente partout est l’ethnie Han (plus de 91% de la population en 2020):

By Richard Gilbert Zheng Wei Chen – Own work, CC0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=146294950

Le peuple Salar, un peuple musulman de l’ouest du pays (près des Ouigours). La tour est un minaret de mosquée.

Gaoshan, aborigènes taïwanais (!).

L’ethnie coréenne présente dans le nord-est avec notamment le découpage de papier pour faire des « ombres chinoises » :

Les Dong (de leur nom à eux Kam et sur la carte) dans le sud du pays avec une jolie pagode et la culture du riz :

Les Bouyei également dans le sud du pays, voisin des Dong. Une architecture extrêmement différente pour des peuples voisins mais les Dong ou Kam sont restés très longtemps isolés par les montagnes. Les Bouyei parlent une langue proche du thaï :

Les Yi (appelés Lolo en Thaïlande et au Vietnam), également dans le sud à l’ouest des précédents :

Les Miao que nous avions rencontré près de Guilin et qui sont spécialistes du travail de l’argent.

Les maisons-bâteaux de CangYuan toujours dans la pointe sud.

Le peuple Va, toujours dans le même coin:

De superbes sculptures du peuple Tu, une des plus petites ethnies, appelée aussi Monguor dans le centre ouest du pays :

Quelques autres vues du parc (ethnies Dai ? Achang ?)

Les constructions en pierres (et notamment les hautes tours) de l’ethnie Qiang, en plein centre du pays (quelques points bruns sur fond orange sur la carte) :

Et enfin un avant-goût du Tibet :

Repères sur l’histoire du pays – 7

La dernière dynastie

La dynastie Qing est la dernière dynastie à régner sur l’Empire du Milieu. Ce ne sont pas des Han (ethnie majoritaire) mais des Mandchous descendant des Jurchen du nord-est du pays qui en formèrent les empereurs. Ceci dit, les mandchous seront plus une caste autour de l’empereur qu’une réelle ethnie.

La transition entre la dynastie Ming et la dynastie Mandchou dura plusieurs décennies et fut essentiellement l’œuvre de Nurhachi et de son fils Huang Taiji (qui prendra le nom de Grand Qing – le nom de Qing représenté par le caractère 清, alliant 水 (eau) et 青 (bleu) et associant ainsi la dynastie à l’élément aquatique, par opposition au « feu » des Ming).

C’est la dynastie mandchou qui impose sa coiffure (avec la fameuse longue tresse des Dupon-td-s dans Le Lotus Bleu) : le devant du crâne rasé et les cheveux restants à l’arrière, noués sous forme de natte. Cette exigence, conçue comme un témoignage de loyauté, est vécue par une partie de la population chinoise comme une humiliation (sans doute un gros faux pas de Hergé de rappeler cela mais le peuple derrière les Dupon-td-s en rit).

Au milieu du XVIIème siècle (règne de Shunzhi de 1638 à 1661), l’empereur entame un importante politique de fermeture du pays, ne laissant pour le commerce international que le port de Macao. Étrangement, c’est pourtant à cette même époque que les premiers jésuites s’implantent en Chine et certains deviennent conseillers du palais impérial jusqu’à leur bannissement et l’interdiction de prêcher en 1724.

Le XVIIIème siècle est l’âge d’or de la dynastie Qing : progrès dans l’agriculture, développement des techniques et augmentation de la population, expansion territorial maximale (avec notamment le Tibet, le Sichuan, la Mongolie et le Xinjiang). Cependant de nombreuses révoltes doivent être matées (contre la corruption des fonctionnaires impériaux notamment) et, par exemple, celle de la secte du Lotus blanc (un amalgame de groupuscules d’origine pseudo-bouddhistes – blanc et pas bleu, n’en déplaise à Hergé).

Déclin de la dynastie et tentative de modernisation

A la fin des guerres napoléoniennes, l’Angleterre (et les puissances occidentales en général) cherchent de nouveaux débouchés commerciaux. Quoi de plus tentant que le grand marché de l’Empire du Milieu ? Surtout que ce dernier produit soie, thé et porcelaines très prisés en Europe. Les commerçants européens font pression sur leurs dirigeants pour que ceux-ci fassent pression sur l’Empire pour ouvrir le commerce. Le seul commerce qui s’impose est le commerce, en contrebande, de l’opium (produit au Bengale sous domination de la Compagnie britannique des Indes orientales).

L’action d’un commissaire impérial contre l’importation illégale d’opium entraîna la mise sur pied d’une armada britannique, qui intervint en Chine et vainc, avec une certaine facilité des troupes chinoises pourtant très supérieures en nombre, grâce à une supériorité technique (première guerre de l’opium). La Chine fut contrainte de signer, en 1842, le traité de Nankin, premier d’une série de « traités inégaux » (dont Mr X. parle encore douloureusement dans nombre de ses discours; il en veut toujours à l’occident pour cette humiliation) : l’Empire cédait Hong Kong aux Anglais, et l’ouverture de plusieurs ports au commerce international. L’humiliation de la Chine, sur les plans militaire et politique, aboutit à entamer très nettement le prestige des Qing. Au plan intérieur, la dynastie est affaiblie également par des catastrophes naturelles et par nombre de révoltes pour l’écrasement desquelles, elle demande l’aide des puissances occidentales.

Ceci mène à d’autres traité inégaux et l’ouverture de concessions (zones administrées par la puissance étrangère) pour l’Angleterre, la France, les États-Unis, l’Allemagne, le Japon et même la Belgique, situées essentiellement dans les villes portuaires (Shanghai, Canton, …). En 1856-57, les puissances étrangères voulant renforcer la sécurité de leurs concessions, entament de nouvelles interventions militaires, de nouveaux traités inégaux (notamment avec l’Empire russe) et la destruction du fameux Palais d’été dont j’ai déjà parlé.

L’Empereur Xianfeng meurt en 1861, son fils et successeur, Tongzhi, n’est encore qu’un enfant de cinq ans. C’est là qu’entre en scène la fameuse impératrice douairière Cixi, ancienne concubine de Xianfeng et mère du nouvel Empereur. Elle organise un coup d’État pour écarter le conseil des huit régents. Elle exercera la réalité du pouvoir jusqu’à se mort en 1908 (peut-être un autre articulet lui sera consacré…). Sous son règne, plusieurs hauts fonctionnaires impériaux se feront les avocats d’une modernisation du pays, en intégrant les leçons et la technologie occidentales. Armes et machines occidentales sont acquises, tandis que des usines à l’occidentale sont construites et que des militaires étrangers sont engagés pour entraîner l’armée. Ce mouvement, désigné sous le nom d’« Auto-renforcement » (自強運動), prône outre la mise sur pied de forces terrestres et navales modernes, celles d’écoles techniques et la création de bureaux de traduction pour la diffusion, en interne, des ouvrages scientifiques occidentaux. Le pays cherche également à s’ouvrir aux cultures extérieures en envoyant ses élèves étudier à l’étranger.

A la fin du siècle, une nouvelle guerre oppose le pays à la France (qui coule les bateaux tout neufs qu’elle venait de livrer !) et au Japon qui entame une politique d’expansion (le royaume de Ryūkyū – archipel situé entre le Japon et Taiwan -, sous suzeraineté chinoise en 1879, la péninsule de Corée et Taïwan lors de la première guerre sino-japonais de 1894-1895).

Cixi, qui règne au nom de son fils puis de son neveu, Guangxu, qu’elle déclarera en 1898 « incapable de régner », fait face à de plus en plus d’opposition nationaliste (contre les ingérences étrangères mais aussi contre l’emprise mandchoue). Avec notamment à partir de 1898, un ensemble de sociétés secrètes mystiques et nationalistes, désignées sous le nom collectif de Poings de la justice et de la concorde (ou « Boxers ») qui agissent contre les étrangers, les symboles de modernité et les chrétiens chinois, multipliant les attaques et les meurtres. L’impératrice Cixi est convaincue un temps de soutenir les Boxers, vus comme des armes contre la domination étrangère. Les autorités impériales laissent les Boxers envahir Pékin et assiéger les légations étrangères (ambassades), provoquant une réaction des Occidentaux et des Japonais. Les puissances étrangères forment l’Alliance des huit nations qui intervient militairement en Chine : en réaction, la cour impériale déclare la guerre à la coalition, mais subit une défaite militaire, tandis que les Boxers sont dispersés. L’affaire se termine par la signature du protocole de paix Boxer et le payement de lourds dommages de guerre, cette nouvelle humiliation s’ajoutant au discrédit de la dynastie Qing.

Cixi tente des réformes dont la suppression des examens impériaux. Son neveu meurt en 1908 et elle met sur le trône PuYi, le dernier empereur, âgé de 3 ans. Elle meurt dans la foulée mais la régence ne parvient pas à se maintenir et après des révoltes (une révolution !) en 1911, la République est déclarée le 1er janvier 1912.

Animaux et symbolique – 5 – Les animaux célestes

Quatre animaux occupent une place importante dans la symbolique, l’astrologie et la mythologie chinoise : le dragon d’azur Qinlong, l’oiseau vermillon Zhuque, le tigre blanc Baihu et la tortue-serpent noire Xuanwu.

Représentation ici à la montagne de Shenglian

Le dragon d’azur

Nous avons déjà amplement parlé du dragon. Dans le cadre des animaux célestes, le dragon est le gardien de l’est, associé au printemps et au bois. Il représente la puissance, l’énergie et la prospérité. Remarquons ici que le dragon est associé au bois alors que généralement, en Chine, cet animal est associé à l’eau.

L’oiseau vermillon

Souvent confondu avec le phénix ou Fenghuang, l’oiseau vermillon est bien un autre animal. Par rapport au Fenghuang qui est un oiseau multicolore, l’oiseau vermillon est plus souvent représenté comme un faisan en feu (d’où confusion avec notre phénix). Il est le protecteur du sud et est lié à l’été.

Le tigre blanc

Le Baihu dirige les constellations de l’Ouest et représente le métal. Il est le symbole du pouvoir, de l’autorité, de la bravoure, de la loyauté et de la justice. Il représente l’automne. Il est parfois considéré comme le dieu de la guerre et de là est fort présent sur les drapeaux et les sceaux militaires.

Selon la mythologie, la fourrure du tigre ne devient blanche que lorsqu’il atteint 500 ans, et, on pensait que le tigre blanc n’apparaissait que lorsque l’empereur régnait avec une vertu absolue, lorsque la paix régnait dans toute la Chine.

La tortue-serpent noire

Entre tortue et serpent (voire les deux animaux enlacés comme dans la représentation ci-dessus), la tortue noire commande le nord , représente l’eau et la saison de l’hiver.

La tortue est un animal important de l’ancienne Chine, sa carapace servant d’instrument de divination et elle aurait été à l’origine des caractères chinois selon les mythes.

La Qilin, que nous avons déjà évoquée, est parfois associée comme cinquième élément à ces quatre animaux célestes (Terre et jaune). Elle se situe au centre et forme l’équilibre de l’ensemble.

Histoire

Aujourd’hui, la plus ancienne représentation de ces animaux, découverte en 1987, se trouve dans une ancienne tombe néolithique daté de 5300 ans avant notre ère.

Reproduction de la tombe au musée national avec d’un côté le dragon et de l’autre le tigre blanc.

Mieux que ma photo prise au milieu de la foule (ci-dessus), la photo de l’article de Wikipedia concernant cette tombe montre bien mieux les deux animaux qui sont dès lors plus reconnaissables : le dragon (à gauche) et le tigre (à droite) en mosaïque de petits galets.

Animaux et symbolique – 6 – Le zodiaque

Les origines du zodiaque chinois (et Est-asiatique) remontent sans doute au VIème siècle avant notre ère (la légende remonterait jusqu’au XIVème siècle avant notre ère). Il fut « codifié » sous la dynastie des Han (206 avant J.-C. – 9 après J.-C.) et aurait été popularisé, pour déterminer l’année de naissance d’une personne, au cours de la dynastie des Zhou du Nord (557-581 après J.-C.).

Il se compose de douze animaux qui vont être tour à tour associés au cinq éléments (métal* (金, jin), bois (木, ), eau (水, shuǐ), feu (火, huǒ), et terre (土, )), ce qui forme un cycle complet de 60 ans (12 animaux x 5 éléments) sur base des mois lunaires (donc pas exactement 60 ans puisque notre calendrier est solaire).

  • *Pour le dragon, vu son importance et sa majesté dans l’imaginaire asiatique, on ne parlera pas de « dragon de métal » mais de « dragon d’or » (c’est aussi un métal 🙂 ).

Une petite histoire sur l’ordre des animaux

Il existe de nombreuses légendes mythologiques sur l’origine de l’astrologie chinoise. Certaines partent du mythique Empereur de Jade, d’autres de Bouddha mais l’une d’elle est assez semblable d’une version à l’autre.

Les douze animaux du zodiaque chinois ont été sélectionnés par une course. Cette course est destinée à créer une mesure du temps pour le peuple. Il ne pouvait y avoir que douze gagnants et, pour gagner, les animaux devaient, notamment, traverser une rivière au courant rapide et atteindre la ligne d’arrivée sur la rive opposée au départ.

Parmi les animaux, il y avait un chat et un rat, autrefois amis. Ces deux-là étaient les pires nageurs du règne animal, mais ils étaient tous deux intelligents. Ils ont découvert que le moyen le plus sûr de traverser la rivière était de sauter sur le buffle. Le généreux buffle accepta de leur faire traverser la rivière. 

Cependant, le rat était si désireux de gagner qu’il poussa le chat dans l’eau. Le chat ne pardonna jamais au rat cet affront, ce qui explique leur haine encore aujourd’hui. D’autres variantes de l’histoire racontent que le rat n’a jamais dit au chat qu’il y avait une course, celui-ci n’a donc pas participé. Le chat n’est donc jamais arrivé et n’est pas repris dans le zodiaque (sauf dans certains pays du sud-est asiatique où il remplace le lapin).

Par la suite, le bœuf et le rat ont rejoint la rive. Le rat (1) sauta devant le buffle et arriva en tête de la course. Le buffle (2) (ou bœuf) est arrivé en deuxième position et le tigre (3) en troisième.

Le lapin (4) (ou lièvre) sautait de pierre en pierre, passant par des rondins de bois flottants, jusqu’à enfin atteindre la quatrième place de la course. 

En cinquième place se trouvait le dragon (5), mais tout le monde pensait qu’il arriverait en premier, pour la simple et bonne raison qu’il pouvait voler. Il a dit à l’Empereur de Jade qu’il avait dû s’arrêter plusieurs fois pour aider des villageois. Et sur son chemin vers la ligne d’arrivée, il a vu un petit lapin sur une bûche et a décidé de donner un petit coup d’air pour l’aider à atteindre la terre. 

Après le dragon, le cheval est arrivé au galop vers la ligne d’arrivée. Le serpent sournois était caché derrière le pied du cheval. Il est apparu soudainement et le cheval a eu peur. Le serpent (6) en a profité pour se retrouver à la sixième place, et le cheval (7) à la septième.

Peu après, le singe, le coq et le mouton ont débarqué sur le rivage. Contrairement à certains des animaux précédents, ces trois-là s’entraidaient depuis le début pour atteindre la ligne d’arrivée. 

Le coq a trouvé un radeau, et le singe et le mouton ont sauté dessus. En travaillant dur ensemble à travers le courant, ils ont atteint le rivage : le mouton (8) (ou chèvre) est arrivé en huitième position, le singe (9) en neuvième position et le coq (10) en dixième position. 

Le chien (11) arrive en onzième position. Bien qu’il soit un grand nageur, il était en retard. Il a dit à l’empereur qu’il avait besoin d’un bain, et l’eau fraîche de la rivière était trop tentante. 

Juste au moment où l’empereur allait clore la course, un son retentit : c’était le cochon (12). Le cochon avait faim au milieu de la course, alors il s’est arrêté, a mangé quelque chose, puis s’est endormi. Après son réveil, il a terminé la course à la douzième place et est devenu le dernier animal à traverser la ligne d’arrivée…

Un temple taoïste dans la ville

Il n’en reste plus beaucoup mais voilà, j’ai eu l’occasion de visiter un temple taoïste dans la ville avec un guide bien sympathique (merci Rémi).

Le temple Dongyue est dédié au mont de l’est, une des 5 montagnes sacrées et on y honore le dieu des enfers. En fait d’enfer, il s’agirait plutôt de purgatoire car, nous le verrons, les jugements n’y sont pas définitifs.

Structure classique pour les temples chinois avec une première entrée (centre de la photo qui ne montre que la partie sud du sanctuaire), les tours du tambour et de la cloche, puis une seconde entrée (au dessus de la photo) et les cours qui se suivent (elles sont ici au nombre de trois – non visibles sur la photo).

Plan du sud du temple
Tour du tambour

Ce temple est fondé en 1319 par un fonctionnaire de la dynastie mongole. Il a été détruit et reconstruit plusieurs fois, a eu plusieurs fonctions (logement, bureaux, … ) et est redevenu « temple » en 1996.

La première cour intérieure est la plus intéressante. Elle est entourée d’une galerie avec 76 petites salles qui sont autant de petits « tribunaux » des enfers taoïstes. Dans chaque salle, un ou plusieurs juges, au service du dieu des enfers, représentés par une statue grandeur nature en plâtre, sont en charge de décisions concernant, non seulement les hommes mais aussi les animaux, les autres êtres vivants et même les divinités.

Il y a une salle pour les larcins, une salle pour les suicidés, une salles pour les morts de maladies, une salle pour les animaux marins, une salle pour les dieux protecteurs des portes, etc. Le juge décidant si l’être jugé pouvait passer vers l’au-delà ou devait faire un petit retour sur terre, sa mission n’étant pas terminée ou devant racheter ses fautes.

D’abord quelques photos générales du temple et de la cour avec notamment les deux gardiens habituels des temples et un boulier compteur, important pour les calculs des juges.

Ensuite, quelques-unes des petites salles de jugement. (La salle avec les deux hommes habillés en or n’est pas une salle de jugement mais une salle d’adoration des fondateurs du temple).

Enfin, quelques stèles (ex-voto et sentences taoïstes) et une porte (dans un hutong) ou l’on voit les dieux gardiens des portes. Si ceux-ci ne font pas bien leur boulot, les proprio pourraient venir au temple, devant la « salle de jugement » des gardiens des portes pour demander le jugement de ces deux dieux et éventuellement le remplacement par deux autres, plus efficaces…

Visite dans les hutongs – 4

Une autre visite dans le hutongs, cette fois-ci au sud de la place T. Pour cette visite, nous sommes partis de cette fameuse place puis nous sommes passé rapidement dans le musée de l’urbanisme avant de se balader dans les hutongs et d’aboutir à la cathédrale de l’Immaculée Conception.

D’abord, encore quelques photos de cette immense place avec d’un côté le musée national, de l’autre le palais du peuple, au nord, la Cité interdite et le drapeau, au centre, le monument aux Héros du Peuple et le mausolée de Mao et au sud, deux portes qui faisaient partie des anciennes fortifications. Enfin une photo d’un bâtiment plus « style occidental » qui est le très beau musée du train.

Cette place a triplé de largeur après 1949 : les hutongs qui la longeaient ont été détruits. L’URSS a offert les batiments du musée national et du palais du peuple. Aujourd’hui, les pékinois ne se retrouvent plus sur cette place, elle a été, en quelque sorte, confisquée par le Parti pour les grands événements populaires. Il y a fouille à l’entrée (et en tant que diplomate, nous sommes suivis de manière fort peu discrète jusqu’à ce que nous quittions la place).

La porte de la Cité interdite, le monument aux Héros et le mausolée (ainsi que les deux anciennes portes) sont situés dans un axe nord-sud très important dans l’urbanisme chinois. Cette ligne est matérialisée au sol par un changement de pavement. Pour montrer l’importance de cet axe et de la tradition, la tour de la flamme olympique des jeux de 2008 se trouve également sur cet axe, beaucoup plus au nord.

Une maquette globale de la ville : dans une cuvette avec les montagnes au nord pour la protéger.

  1. La Cité interdite
  2. La seconde enceinte (de la ville ancienne – aujourd’hui Ring 2)
  3. Le Ring 3
  4. Le Ring 4
  5. Le Ring 5
  6. Le Ring 6
  7. L’entrelacs formé par les parties de la grande Muraille

L’axe en rouge est l’axe Nord-Sud

Une maquette de la ville en 1949. On voit clairement la Cité interdite (toits dorés) et le chapelet de lacs venant des montagnes au nord-ouest. L’ouest de la Cité interdite, autour du lac est actuellement le siège du gouvernement et les logements de la tête de l’Etat.

Les Hutongs du sud de la ville (sous la muraille du quadrilatère supérieur formé autour de la Cité sur la maquette ci-dessus).

Une ancienne maison de passe…

Une partie plus calme avec d’anciens artisans et pas mal de boutiques spécialisées en calligraphie (papiers, pinceaux, …). Malheureusement, un quartier qui a beaucoup souffert du COVID et de l’explosion des achats en ligne.

Et puis la cathédrale de l’Immaculée Conception, réouverte au culte depuis Pâques 2024 après de très longues années de rénovation (depuis 2018 – non terminée). Elle fut fondée en 1605 par le jésuite italien Matteo Ricci (en faisant ainsi une des plus anciennes églises de Chine). Elle subit plusieurs phases de vandalisme et le batiment baroque actuel date de 1904.

Il y avait un office quand nous y sommes passé (je ne suis pas resté… ) mais il y avait plus de monde que dans nos église d’Europe occidentale un dimanche ordinaire…

Visite dans les hutongs – 3

Les hutongs, j’en ai déjà parlé, ce sont les vieux quartiers de la ville. Le mot hutong vient du mongol, il signifie « puit », élément important pour un quartier. C’est lors du changement de capitale, sous la dynastie Yuan (mongole), que ces quartiers furent construits. Il y en a essentiellement deux « groupe »: un à l’est de la Cité interdite qui se retrouvait dans la deuxième enceinte et pour lesquels il était interdit d’avoir un étage (pour ne pas dépasser les bâtiments de la Cité); un autre ensemble au sud, plus commerçant.

Ici la visite nous mène vers ceux du nord de la Cité. Nous longeons un moment le chapelet de lacs et de canaux au nord-ouest et à l’ouest de la Cité. Nous rentrons dans certaines cours d’anciens temples. Il y a des projets de rénovation certains heureux, d’autres moins.

La sculpture (sorte de tigre couché) est un des monstres protecteurs des écluses (aujourd’hui remplacées par des ponts). Pas mal de hutong sont des habitations particulières avec parfois des oiseaux chanteurs à l’entrée.

Repères sur l’histoire du pays – 6

Après la déposition du dernier empereur mongole de la dynastie Yuan, ce sont de nouveaux les Hans qui dirigent le pays et fondent la dynastie Ming (et oui, celle des fameux vases de porcelaine de type « bleu-blanc »). Le premier empereur Ming fut un seigneur du sud, Zhu Yuanzhang qui prit comme nom Hongwu (le fondateur) en 1368. Il établit sa capitale à Nankin (Nan jing la capitale du sud – près de la côte à la hauteur du sud du Japon). C’est plus tard un seigneur de guerre du nord, Zhu Di, qui se rebella contre le second empereur et petit-fils du premier, qui devint donc troisième empereur de cette dynastie sous le nom de Yongle et remonta la capitale au nord, dans l’ancienne capitale des empereurs mongoles (Bei jing la capitale du nord).

J’aimerais souligner quelques éléments importants sous le règne de ce dernier (1399-1424).

C’est lui qui fit construire la Cité interdite (entre 1406 et 1420) avant de s’établir dans cette nouvelle capitale.

Il lança également de grandes expéditions maritimes à partir de 1405 sous la direction d’un grand navigateur eunuque Zheng He : des flottes de 200 navires avec près de 20 000 personnes d’équipage, soldats, interprètes, médecins, … Contrairement aux puissances occidentales qui se lancent aussi dans la navigation au long cours à cette époque (ou juste un peu plus tard), les Chinois n’ont jamais chercher à coloniser ou à s’installer sur les rives qu’ils abordaient mais offraient des cadeaux aux rois et chefs de tribus pour montrer la magnificence de l’Empire du milieu et soigner les relations commerciales. Ces expéditions ont certainement mené les flottes jusqu’aux côtes de l’Afrique orientale, peut-être occidentale. Un ancien officier de marine britannique émet même l’hypothèse d’une circumnavigation et d’une découverte des Amériques mais cette hypothèse semble aujourd’hui totalement remise en cause. En 1421, les expéditions (sans doute très onéreuses) s’arrêtent brutalement et l’on va assister à un renfermement de l’Empire sur lui-même.

C’est également sous le règne de Yongle qu’est écrite une gigantesque encyclopédie des savoirs de son époque.

Cette dynastie va perdurer grace à des successions relativement simples mais va petit à petit se déliter notamment par des facteurs extérieurs comme des tremblements de terre, des épisodes de famines, etc. Elle mettra plusieurs siècles à se terminer : les mandchous venus du nord-est commencent à envahir l’Empire au début du XVIIe siècle. En 1644 la capitale est conquise et les derniers territoires Ming au sud sont pris en 1663