L’Ancien Palais d’Été, ou Yuanming Yuan (圆明园), était un complexe de palais et de jardins impériaux situé au nord-ouest de Pékin. Construit au XVIIIe siècle sous la dynastie Qing, il était connu pour sa grandeur, ses œuvres d’art, et ses paysages d’inspiration chinoise et européennes (on l’a parfois comparé à un Versailles chinois).

Destruction du Palais
L’histoire de l’Ancien Palais d’Été est marquée par sa destruction en 1860 lors de la Seconde Guerre de l’Opium. À cette époque, une force anglo-française envahit P3kin pour faire pression sur l’empereur Qing à la suite de différends commerciaux et diplomatiques.
Sous les ordres de Lord Elgin (le fils de celui qui s’est accaparé des frises du Parthénon en Grèce), le Palais fut saccagé et brûlé pendant plusieurs jours en représailles à l’emprisonnement et à la torture d’ambassadeurs britanniques et français. Des milliers d’objets d’art et de trésors furent pillés et emportés en Europe. Aujourd’hui encore, certaines de ces œuvres se trouvent dans des musées européens et font l’objet de discussions concernant leur restitution. C’est en sachant cela l’on peut comprendre le soutien de Mr X., à la Grèce dans sa réclamation pour la restitution des frises du Parthénon.
Voici ce qu’en disait Victor Hugo dans une lettre du 25 novembre 1861 :
Vous me demandez mon avis, monsieur, sur l’expédition de Chine. Vous trouvez cette expédition honorable et belle, et vous êtes assez bon pour attacher quelque prix à mon sentiment ; selon vous, l’expédition de Chine, faite sous le double pavillon de la reine Victoria et de l’empereur Napoléon, est une gloire à partager entre la France et l’Angleterre, et vous désirez savoir quelle est la quantité d’approbation que je crois pouvoir donner à cette victoire anglaise et française.
Puisque vous voulez connaître mon avis, le voici :
ll y avait, dans un coin du monde, une merveille du monde ; cette merveille s’appelait le Palais d’été. L’art a deux principes, l’Idée qui produit l’art européen, et la Chimère qui produit l’art oriental. Le Palais d’été était à l’art chimérique ce que le Parthénon est à l’art idéal. Tout ce que peut enfanter l’imagination d’un peuple presque extra-humain était là. Ce n’était pas, comme le Parthénon, une œuvre rare et unique ; c’était une sorte d’énorme modèle de la chimère, si la chimère peut avoir un modèle.
[…]
Cette merveille a disparu.
Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d’été. L’un a pillé, l’autre a incendié. La victoire peut être une voleuse, à ce qu’il paraît. […] Grand exploit, bonne aubaine. L’un des deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l’autre a empli ses coffres ; et l’on est revenu en Europe, bras dessus, bras dessous, en riant. Telle est l’histoire des deux bandits.
Nous, Européens, nous sommes les civilisés, et pour nous, les Chinois sont les barbares. Voila ce que la civilisation a fait à la barbarie.
Devant l’histoire, l’un des deux bandits s’appellera la France, l’autre s’appellera l’Angleterre. Mais je proteste, et je vous remercie de m’en donner l’occasion ; les crimes de ceux qui mènent ne sont pas la faute de ceux qui sont menés ; les gouvernements sont quelquefois des bandits, les peuples jamais.
[..]
J’espère qu’un jour viendra où la France, délivrée et nettoyée, renverra ce butin à la Chine spoliée.*
En attendant, il y a un vol et deux voleurs, je le constate.
Telle est, monsieur, la quantité d’approbation que je donne à l’expédition de Chine.
La destruction de Yuanming Yuan est encore toujours perçue comme un symbole de l’humiliation de la Chine par les puissances occidentales pendant le XIXe siècle. Et aujourd’hui encore, les écoliers apprennent ce texte de Victor Hugo par coeur. Il est aussi repris sur les panonceaux près des ruines du palais.
Après sa destruction, l’Ancien Palais d’Été ne fut jamais reconstruit. Les ruines du site, en particulier les sections de style occidental conçues par des missionnaires européens, sont toujours visibles aujourd’hui.
En lieu et place de celui-ci, l’impératrice Cian a fait (re-)construire à quelques kilomètres de là ce qu’on appelle aujourd’hui le Palais d’été.
- * Les éléments et collections du patrimoine français étant inaliénables, ce n’est pas près d’arriver même si aujourd’hui certains gestes sont fait par la Chine et d’autres pour racheter ces biens.
Les ruines du Palais principal :
Un pavillon restauré avec un labyrinthe « à la française » :
Un autre pavillon dans le parc en forme de svastika :
D’autres ruines :
Le parc :