Ces gens-là – 9 – Manger

Et oui, je reviens encore sur cette problématique soulevée par Salomé, le rapport de ces gens-là avec la nourriture. Pourquoi encore y revenir ? Simplement parce que j’ai été manger dans un restaurant belge ici.

Bon, pas n’importe quel restaurant, le « Morel’s », un petit lunch entre compatriotes de la Délégation. Alors le Morel’s est tenu par Renaat Morel qui vit ici depuis 26 ans mais avant cela, il fut chef dans plusieurs palaces 5 étoiles dans notre vieille Europe et en Asie. Par contre, ici, ce n’est pas du tout un 5 étoiles mais un restaurant vraiment belge. On s’en sort pour une quarantaine d’euros avec boisson (bières belges) et dessert. Ce qui a poussé Renaat, c’est la Huis Istas à Jezus-Eik, où je me souviens avoir mangé des tartines au fromage blanc en revenant de week-ends dans les Ardennes. Renaat voulait une cuisine authentique dont le menu n’a guère changé depuis 20 ans (alors que la Chine aime le changement notamment dans les menus des restaurants). Mais le succès est là pour Renaat et son restaurant ne désemplit pas.

Lapin sauce moutarde avec une St Bernardus Triple chez Morel’s

Alors, pourquoi j’en parle ? Parce que ce monsieur parle à ses clients et nous racontait qu’un jour il a fait la remarque à un de ses riches clients d’ici en lui disant qu’il commandait trop, beaucoup plus qu’il ne pourrait manger et donc que le restaurant devrait jeter pas mal de nourriture non consommée (PS: la plupart des restaurant offre quand même la possibilité de prendre un « doggy bag »). Le client a simplement répondu: « c’est qui qui paye ? ».

Donc, le rapport à la nourriture est aussi lié à un rapport à la richesse : je montre ma richesse en commandant plus que de raison au restaurant. Personnellement, je vois là encore une sorte de traumatisme des périodes de famines, somme toute pas si anciennes, gravé dans l’inconscient collectif.

Cette semaine, une article de Vent de la Chine (un site francophone de très bonne analyse locale), confirmait encore le problème du surpoids dans le pays lié à l’urbanisation (passée de 16% à 65% depuis les années 60) et au changement de régime alimentaire.

Au fil des siècles et jusque dans les années 1980, le régime alimentaire du pays était centré sur la consommation de grains (essentiellement riz et racines amylacées comme la patate douce dans le sud, blé et millets dans le nord, ainsi que des légumineuses sèches) et de légumes, complémentés en plus petites quantités de produits animaux variés (porc, poulet, mouton, chèvre, poisson, etc.) et d’apports lipidiques limités. [..]

Avec l’ouverture économique de la Chine par Deng Xiaoping, les consommateurs chinois sont passés en quelques années d’une alimentation avant tout végétale à une alimentation beaucoup plus omnivore où la part animale, produits laitiers inclus, est devenue quasi-quotidienne et très significative. [..] Ainsi la Chine consommerait aujourd’hui deux fois plus de viande que les États-Unis, d’après le Earth Policy Institute [..].

Selon cet article, depuis 1997, la consommation de certains produits a augmenté de manière phénoménale : les produits laitiers de 1008%, la restauration rapide et le « snacking » de 787% et les sodas sucrés de 1959%.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *