Repères sur l’histoire du pays – 8

Nous venons donc de quitter l’impératrice Cixi et le dernier empereur PuYi en 1911 et la République de Chine est proclamée en 1912 avec Sun Yat-Sen comme premier Président (pour un an) et la parti Kuomintang au pouvoir. L’Empereur n’est pas vraiment démis, il reste symbole du pouvoir, mais cloîtré dans la Cité interdite jusqu’en 1924. On a donc un phénomène assez unique : une république avec un président et un empereur… Puyi sera récupéré plus tard comme empereur de l’Etat fantoche du Mandchoukouo sous la houlette japonaise en 1934 (revoir le film Le dernier empereur).

La nouvelle République sombre très vite dans l’instabilité politique. En 1913, Yuan Shika, chef de l’armée (de Beiyang – d’où le nom de régime de Beiyang repris pour une courte période) « prend » la présidence et tente même de rétablir l’empire à son profit. Son échec, rapidement suivi de son décès, laisse la Chine sans gouvernement central fort.

Des factions rivales commencent à s’empoigner et le pays connaît une période de confusion sous les Seigneurs de la guerre.

La Chine et la Première guerre mondiale

Lorsque le premier conflit mondial éclate, la Chine, embourbée dans cette guerre civile, se déclare neutre, le 6 août 1914. Cette guerre concerne cependant son territoire dans la mesure où des puissances étrangères y possèdent des concessions. Dès le 2 septembre, les Japonais alliés des Français et Anglais s’emparent partiellement des possessions allemandes du Shandong.

De nombreux ouvriers chinois seront recrutés, notamment par la France, durant toute la guerre (plus de 300 000 chinois partiront pour l’Europe).

Le 14 août 1917, la Chine déclare la guerre à l’Allemagne, en prenant le prétexte de la guerre sous-marine à outrance menée par la marine impériale allemande. En échange, les Alliés accordent des facilités économiques à la Chine, tout en maintenant leur emprise (en novembre 1917, les Américains reconnaissent aux Japonais, par l’accord secret Lansing-Ishii, des droits sur la Mandchourie) et les Alliés incluent la Chine dans les dispositions du Traité de Versailles. Mais ces dispositions reconnaissent la mainmise du Japon sur des territoire nationaux (notamment les anciennes colonies allemandes en Chine) ce qui entraînera le mouvement du 4 mai 1919 et la non ratification par la Chine du Traité.

Troubles, guerre civile jusqu’à l’invasion japonaise

Sun Yat-sen rétablit un gouvernement militaire à Canton, mais n’obtient pas de reconnaissance internationale, sauf celle de l’Union soviétique. Sun Yat-sen se fera écarter entre 1919 et 1921 et décède en 1926.

Au sein du Kuomintang, le pouvoir revient de fait à Tchang Kaï-chek, commandant de l’Armée nationale révolutionnaire. Il lance l’expédition du Nord, qui lui permet de soumettre les seigneurs de la guerre et de revendiquer la souveraineté sur l’ensemble de la Chine. Mais entre-temps, le Kuomintang et le Parti communiste chinois (Premier Front Uni)* rompent leur alliance : la guerre civile entre communistes et nationalistes débute dès 1927. Les communistes contrôlent certains territoires, que les nationalistes réduisent militairement au fil des années. Le régime prend à partir de 1928 l’aspect d’une dictature militaire dominée par Tchang Kaï-chek.

Une des nombreuses images de propagande liées à la Longue marche

En 1934, défaits par les nationalistes et chassés de leurs bases dans les montagnes du sud du pays, les communistes entreprirent la Longue Marche, à travers les régions les plus désolées du pays, vers le Nord-Ouest. Il s’agira d’un périple d’un an d’environ 10 000 li (environ 5000 km) durant laquelle l’armée de 86 000 hommes au départ perd plus de la moitié de ses effectifs mais qui deviendra un épisode important du roman national communiste chinois. Ils établirent leur nouvelle base de guérilla à Yan’an, dans la province du Shaanxi.

  • * Le Front Uni est un concept développé par Lénine et repris par le Parti communiste chinois qui soutient, notamment, qu’il faut faire ami-ami avec les partis « proches » pour atteindre les objectifs de la Révolution prolétarienne. Ce concept est encore très présent aujourd’hui comme j’ai pu le signaler à l’occasion.

La seconde guerre mondiale

En 1931, l’empire du Japon envahit et annexe la Mandchourie (suite au sabotage d’une section de voie ferrée japonaise, l’incident de Moukden, voir l’interprétation d’Hergé dans Tintin et le Lotus bleu). En 1937, suite à l’incident du pont Marco Polo (voir ici), il envahit la partie orientale du pays, ouvrant la voie à huit ans de guerre.

Durant cette guerre, le massacre de Nankin (capitale des nationalistes) entre décembre 1937 et janvier 1938, qui fit, selon les estimations, entre plusieurs dizaines et plusieurs centaines de milliers de morts civils (y compris viols et tortures) alors que l’armée nationaliste s’était enfuie face à l’armée impériale japonaise, reste encore aujourd’hui un trauma mémoriel important.

Un second Front Uni est conclus entre le Kuomintang et le parti communiste chinois, dirigé par Mao, contre l’envahisseur. Pendant qu’un gouvernement collaborateur avec les Japonais dirigé par Wang Jingwei revendique à partir de 1940 le nom de République de Chine. Avec l’extension en Asie de la Seconde Guerre mondiale, le régime de Tchang Kaï-chek entre dans le camp des Alliés, rejoint par le parti communiste chinois en juillet 1941.

Après la défaite des Japonais, la République de Chine nationaliste (Kuomintang) tente de stabiliser ses institutions en adoptant une nouvelle constitution, en 1947, mais les troupes communistes de Mao Zedong, armées par l’URSS, prennent l’avantage et repoussent bientôt celles du Kuomintang dans l’ensemble du pays. Mao proclame la République populaire de Chine le 1er octobre 1949 ; en décembre 1949, la classe politique nationaliste et le reste de l’armée de la République de Chine, accompagnés d’un exode de population, s’exilent « provisoirement » sur l’île de Taïwan, reprise aux Japonais en 1945.

Quelques étapes clef de la République populaire de Chine

De 1949 à 1954, on assiste donc à la mise en place d’un régime communiste avec une Constitution promulguée en 1954. Parmi les premières lois adoptées, celle sur le mariage, datée de juin 1950, entend supprimer le modèle patriarcal de la famille, autorise le divorce et établit l’égalité juridique entre hommes et femmes. L’interdiction du bandage des pieds, mesure qui avait été adoptée en 1912, devient réellement effective. La réforme agraire entraîne la répartition de 47 millions d’hectares aux paysans pauvres, mais le terre est divisée en parcelles trop exiguës du fait de la pression démographique.

Un premier plan quinquennal est lancé, qui semble une réussite et encourage Mao Zedong à lancer son Grand Bond en avant en 1958. Il s’agit de se baser sur la paysannerie pour faire avancer le pays dans tous les aspects de son économie. Mais les efforts forcenés dans la sidérurgie par des paysans s’avèrent un désastre. Ce plan est abandonné officiellement en 1962 (officieusement en 1960). Vingt à trente millions de Chinois sont morts de la famine qui s’en est suivie. De 1960 à 1966, la Chine continentale est dans un calme relatif. Le système de production est en convalescence, et reprend peu à peu. En 1966 débute la révolution culturelle. Les étudiants sont mobilisés afin de nettoyer la Chine des « nouveaux capitalistes » et deviennent les gardes rouges de la révolution, défendant les idéaux communistes, et organisant des expéditions punitives partout en Chine, armés notamment du fameux petit livre rouge reprenant des citations de Mao. De nombreuses œuvres anciennes, livres, sculptures, bâtiments, etc. sont détruits. Les intellectuels sont attaqués. La Chine est terrorisée face à l’arbitraire de ces gardes rouges. Fin 1967, l’armée se décide enfin à réprimer le mouvement. L’armée et Mao Zedong en sortent renforcés, avec les gardes rouges, ils ont court-circuité l’appareil de l’État.

La mort de Mao Zedong, le 9 septembre 1976, ouvre la lutte pour la succession. La bande des Quatre (dont la seconde femme de Mao), qui étaient notamment à la base de la révolution culturelle, est arrêtée en octobre. Hua Guofeng mène désormais la Chine avec davantage de pragmatisme, mais c’est surtout l’arrivée de Deng Xiaoping en 1981 qui lance la phase de réformes. Il légitime la quête de biens matériels comme étant une phase transitoire avant le communisme. Il ouvre la Chine aux investissements étrangers, crée des « zones économiques spéciales » et propose l’idée d’« un pays, deux systèmes » (socialiste et capitaliste) comme pouvant parfaitement coexister.

Les événements de la place T. en 1989 forment une espèce de tournant idéologique avec un traumatisme puissant pour l’Etat-Parti et un progressif raffermissement de la pression politique sur le peuple. Suivant les manuels scolaires actuels, rien ne s’est passé en 1989 à P3kin (idem dans le « Wikipedia » chinois, Baidu Baike).

Cette politique est poursuivie globalement jusqu’à l’arrivé de Mr X au pouvoir en 2012 où la vis se resserre fortement et où l’on cherche à revenir à l’idéologie maoïste.

Repères sur l’histoire du pays – 7

La dernière dynastie

La dynastie Qing est la dernière dynastie à régner sur l’Empire du Milieu. Ce ne sont pas des Han (ethnie majoritaire) mais des Mandchous descendant des Jurchen du nord-est du pays qui en formèrent les empereurs. Ceci dit, les mandchous seront plus une caste autour de l’empereur qu’une réelle ethnie.

La transition entre la dynastie Ming et la dynastie Mandchou dura plusieurs décennies et fut essentiellement l’œuvre de Nurhachi et de son fils Huang Taiji (qui prendra le nom de Grand Qing – le nom de Qing représenté par le caractère 清, alliant 水 (eau) et 青 (bleu) et associant ainsi la dynastie à l’élément aquatique, par opposition au « feu » des Ming).

C’est la dynastie mandchou qui impose sa coiffure (avec la fameuse longue tresse des Dupon-td-s dans Le Lotus Bleu) : le devant du crâne rasé et les cheveux restants à l’arrière, noués sous forme de natte. Cette exigence, conçue comme un témoignage de loyauté, est vécue par une partie de la population chinoise comme une humiliation (sans doute un gros faux pas de Hergé de rappeler cela mais le peuple derrière les Dupon-td-s en rit).

Au milieu du XVIIème siècle (règne de Shunzhi de 1638 à 1661), l’empereur entame un importante politique de fermeture du pays, ne laissant pour le commerce international que le port de Macao. Étrangement, c’est pourtant à cette même époque que les premiers jésuites s’implantent en Chine et certains deviennent conseillers du palais impérial jusqu’à leur bannissement et l’interdiction de prêcher en 1724.

Le XVIIIème siècle est l’âge d’or de la dynastie Qing : progrès dans l’agriculture, développement des techniques et augmentation de la population, expansion territorial maximale (avec notamment le Tibet, le Sichuan, la Mongolie et le Xinjiang). Cependant de nombreuses révoltes doivent être matées (contre la corruption des fonctionnaires impériaux notamment) et, par exemple, celle de la secte du Lotus blanc (un amalgame de groupuscules d’origine pseudo-bouddhistes – blanc et pas bleu, n’en déplaise à Hergé).

Déclin de la dynastie et tentative de modernisation

A la fin des guerres napoléoniennes, l’Angleterre (et les puissances occidentales en général) cherchent de nouveaux débouchés commerciaux. Quoi de plus tentant que le grand marché de l’Empire du Milieu ? Surtout que ce dernier produit soie, thé et porcelaines très prisés en Europe. Les commerçants européens font pression sur leurs dirigeants pour que ceux-ci fassent pression sur l’Empire pour ouvrir le commerce. Le seul commerce qui s’impose est le commerce, en contrebande, de l’opium (produit au Bengale sous domination de la Compagnie britannique des Indes orientales).

L’action d’un commissaire impérial contre l’importation illégale d’opium entraîna la mise sur pied d’une armada britannique, qui intervint en Chine et vainc, avec une certaine facilité des troupes chinoises pourtant très supérieures en nombre, grâce à une supériorité technique (première guerre de l’opium). La Chine fut contrainte de signer, en 1842, le traité de Nankin, premier d’une série de « traités inégaux » (dont Mr X. parle encore douloureusement dans nombre de ses discours; il en veut toujours à l’occident pour cette humiliation) : l’Empire cédait Hong Kong aux Anglais, et l’ouverture de plusieurs ports au commerce international. L’humiliation de la Chine, sur les plans militaire et politique, aboutit à entamer très nettement le prestige des Qing. Au plan intérieur, la dynastie est affaiblie également par des catastrophes naturelles et par nombre de révoltes pour l’écrasement desquelles, elle demande l’aide des puissances occidentales.

Ceci mène à d’autres traité inégaux et l’ouverture de concessions (zones administrées par la puissance étrangère) pour l’Angleterre, la France, les États-Unis, l’Allemagne, le Japon et même la Belgique, situées essentiellement dans les villes portuaires (Shanghai, Canton, …). En 1856-57, les puissances étrangères voulant renforcer la sécurité de leurs concessions, entament de nouvelles interventions militaires, de nouveaux traités inégaux (notamment avec l’Empire russe) et la destruction du fameux Palais d’été dont j’ai déjà parlé.

L’Empereur Xianfeng meurt en 1861, son fils et successeur, Tongzhi, n’est encore qu’un enfant de cinq ans. C’est là qu’entre en scène la fameuse impératrice douairière Cixi, ancienne concubine de Xianfeng et mère du nouvel Empereur. Elle organise un coup d’État pour écarter le conseil des huit régents. Elle exercera la réalité du pouvoir jusqu’à se mort en 1908 (peut-être un autre articulet lui sera consacré…). Sous son règne, plusieurs hauts fonctionnaires impériaux se feront les avocats d’une modernisation du pays, en intégrant les leçons et la technologie occidentales. Armes et machines occidentales sont acquises, tandis que des usines à l’occidentale sont construites et que des militaires étrangers sont engagés pour entraîner l’armée. Ce mouvement, désigné sous le nom d’« Auto-renforcement » (自強運動), prône outre la mise sur pied de forces terrestres et navales modernes, celles d’écoles techniques et la création de bureaux de traduction pour la diffusion, en interne, des ouvrages scientifiques occidentaux. Le pays cherche également à s’ouvrir aux cultures extérieures en envoyant ses élèves étudier à l’étranger.

A la fin du siècle, une nouvelle guerre oppose le pays à la France (qui coule les bateaux tout neufs qu’elle venait de livrer !) et au Japon qui entame une politique d’expansion (le royaume de Ryūkyū – archipel situé entre le Japon et Taiwan -, sous suzeraineté chinoise en 1879, la péninsule de Corée et Taïwan lors de la première guerre sino-japonais de 1894-1895).

Cixi, qui règne au nom de son fils puis de son neveu, Guangxu, qu’elle déclarera en 1898 « incapable de régner », fait face à de plus en plus d’opposition nationaliste (contre les ingérences étrangères mais aussi contre l’emprise mandchoue). Avec notamment à partir de 1898, un ensemble de sociétés secrètes mystiques et nationalistes, désignées sous le nom collectif de Poings de la justice et de la concorde (ou « Boxers ») qui agissent contre les étrangers, les symboles de modernité et les chrétiens chinois, multipliant les attaques et les meurtres. L’impératrice Cixi est convaincue un temps de soutenir les Boxers, vus comme des armes contre la domination étrangère. Les autorités impériales laissent les Boxers envahir Pékin et assiéger les légations étrangères (ambassades), provoquant une réaction des Occidentaux et des Japonais. Les puissances étrangères forment l’Alliance des huit nations qui intervient militairement en Chine : en réaction, la cour impériale déclare la guerre à la coalition, mais subit une défaite militaire, tandis que les Boxers sont dispersés. L’affaire se termine par la signature du protocole de paix Boxer et le payement de lourds dommages de guerre, cette nouvelle humiliation s’ajoutant au discrédit de la dynastie Qing.

Cixi tente des réformes dont la suppression des examens impériaux. Son neveu meurt en 1908 et elle met sur le trône PuYi, le dernier empereur, âgé de 3 ans. Elle meurt dans la foulée mais la régence ne parvient pas à se maintenir et après des révoltes (une révolution !) en 1911, la République est déclarée le 1er janvier 1912.

Repères sur l’histoire du pays – 6

Après la déposition du dernier empereur mongole de la dynastie Yuan, ce sont de nouveaux les Hans qui dirigent le pays et fondent la dynastie Ming (et oui, celle des fameux vases de porcelaine de type « bleu-blanc »). Le premier empereur Ming fut un seigneur du sud, Zhu Yuanzhang qui prit comme nom Hongwu (le fondateur) en 1368. Il établit sa capitale à Nankin (Nan jing la capitale du sud – près de la côte à la hauteur du sud du Japon). C’est plus tard un seigneur de guerre du nord, Zhu Di, qui se rebella contre le second empereur et petit-fils du premier, qui devint donc troisième empereur de cette dynastie sous le nom de Yongle et remonta la capitale au nord, dans l’ancienne capitale des empereurs mongoles (Bei jing la capitale du nord).

J’aimerais souligner quelques éléments importants sous le règne de ce dernier (1399-1424).

C’est lui qui fit construire la Cité interdite (entre 1406 et 1420) avant de s’établir dans cette nouvelle capitale.

Il lança également de grandes expéditions maritimes à partir de 1405 sous la direction d’un grand navigateur eunuque Zheng He : des flottes de 200 navires avec près de 20 000 personnes d’équipage, soldats, interprètes, médecins, … Contrairement aux puissances occidentales qui se lancent aussi dans la navigation au long cours à cette époque (ou juste un peu plus tard), les Chinois n’ont jamais chercher à coloniser ou à s’installer sur les rives qu’ils abordaient mais offraient des cadeaux aux rois et chefs de tribus pour montrer la magnificence de l’Empire du milieu et soigner les relations commerciales. Ces expéditions ont certainement mené les flottes jusqu’aux côtes de l’Afrique orientale, peut-être occidentale. Un ancien officier de marine britannique émet même l’hypothèse d’une circumnavigation et d’une découverte des Amériques mais cette hypothèse semble aujourd’hui totalement remise en cause. En 1421, les expéditions (sans doute très onéreuses) s’arrêtent brutalement et l’on va assister à un renfermement de l’Empire sur lui-même.

C’est également sous le règne de Yongle qu’est écrite une gigantesque encyclopédie des savoirs de son époque.

Cette dynastie va perdurer grace à des successions relativement simples mais va petit à petit se déliter notamment par des facteurs extérieurs comme des tremblements de terre, des épisodes de famines, etc. Elle mettra plusieurs siècles à se terminer : les mandchous venus du nord-est commencent à envahir l’Empire au début du XVIIe siècle. En 1644 la capitale est conquise et les derniers territoires Ming au sud sont pris en 1663

Repères sur l’histoire du pays – 5

Ça y est, nous arrivons dans du terrain plus connu… Mulan, ça vous dit quelque chose ? Qui est-ce qui vient attaquer la Chine dans le dessin animé et dans le film ?

Bon d’abord un mot de Mulan avant d’aller plus loin. La première version de l’histoire de la guerrière Mulan est un chant du nord de la Chine datant du Vème siècle et intitulé La Ballade de Mulan. Ce nord est alors peuplé de nomades non-chinois (Mulan est un nom tabghache, issu d’un peuple turco-mongole venu de Sibérie)… L’intrigue de la ballade est assez similaire à celle reprise par Disney, à ceci près que la famille de Mulan est au courant qu’elle va partir combattre. C’est d’ailleurs son père qui l’entraîne. A la fin de l’histoire, alors qu’elle a avoué sa réelle identité, Mulan ne demande en récompense de ses loyaux services qu’un cheval pour rentrer retrouver les siens. Il ne s’agit ici aucunement d’une épopée patriotique ou féministe : chaque famille doit fournir un(e) combattant(e), qu’il soit homme ou femme. C’est plus un ode à la famille. Par ailleurs, dans ce chant, lorsque Mulan révèle sa véritable identité aux autres soldats, il ne lui est pas reproché de les avoir dupés.

Plusieurs versions de la légende vont en faire petit à petit une icône du patriotisme et puis, au XXème siècle, une icône du féminisme (notamment au moment où les Chinoises luttent contre la tradition des pieds bandés).

Mais revenons en aux envahisseurs : les Huns (peut-être apparentés aux Xiongnu qu’on retrouve dans la littérature chinoise depuis l’Antiquité) car ce sont bien eux qui ouvrent la nouvelles dynasties après avoir envahi le pays (Mulan n’était plus là !).

Plusieurs dates sont donc proposées pour le commencement de la nouvelle dynastie Yuan :

  • 1206, année où, avant de partir à la conquête de la Chine, Temüdjin est élu grand khan des Mongols sous le nom de Gengis Khan.
  • 1234, année où Ögödei Khan, fils de Gengis Khan, conquiert l’empire Jin qui dirige le nord de la Chine.
  • 1260, année du début du règne de Kubilai Khan successeur de son frère Möngke.
  • 1276, année de la réunification de la Chine par la reddition de l’impératrice Song dans sa capitale Hangzhou, et date de la remise à Kubilai du Grand Sceau d’empire.
  • Certains choisissent également 1279, date de la reddition des derniers Song et de l’achèvement de la conquête de la Chine du sud par Kubilai.

Pour bien s’inscrire dans la tradition chinoise, Kubilai Khan donne un nom à sa dynastie : Yuan, qui vient du livre Yi Jing, un classique chinois, et signifie la Force primaire ou l’origine de l’univers.

La Pax Mongolica qui s’établit alors renforce l’importance des routes de la soie et des contacts avec l’extérieur. Bien sûr, Kubilai étant suzerain des trois autres Khanats (le Khanat de Djaghataï en Asie centrale, la Horde d’or sur les actuelles Russie et Ukraine, et l’Ilkhanat de Perse incluant l’Irak et la plus grande part des actuelles Turquie et Afghanistan), ces échanges sont privilégiés mais c’est aussi la période de la visite de certain vénitien relativement connu : Marco Polo qui reste en Chine de 1275 à 1291.

Pour se plonger dans le début de la période Yuan, je ne peux que vous conseiller la série Marco Polo, qui, de mon humble avis, montre bien le souci du premier empereur mongole d’intégrer la culture chinoise pour justifier et légitimer son pouvoir. Malgré le développement d’inscriptions officielles bilingues (mongole-chinois) et le classement des ethnies avec en premiers les mongoles suivi des hans (et interdit de mariage inter-ethnique), il y a un souci d’acculturation des empereurs mongols (ils veulent devenir chinois).

Lisez ou relisez également la BD Vasco : Les princes de la ville rouge pour vous plonger dans l’univers de cette période.

Kubilai déplace sa capitale de Karakorum (en Mongolie) vers Zhongdu, ancienne capitale du peuple nomade Jurchen et de la dynastie Jin (XIIème siècle), qu’il appelle Khanbalik (Cambaluc dans les récits de Marco Polo) et qui deviendra P3kin. Il place ses palais à l’endroit qui deviendra la Cité interdite (construite seulement à partir de 1406).

Durant la période mongole, la monnaie métallique a un moment été complètement remplacée par de la monnaie papier.

Sous la dynastie mongole, une certaine liberté religieuse prévaut : l’élite mongole est essentiellement bouddhiste mais ils respectent les différentes religions locales et écoutent même les envoyés du Pape comme Guillaume van Rubrouck pour les convertir au christianisme.

Malgré leur désir d’acculturation, les empereurs mongoles ne furent jamais considérés comme réellement chinois et perdirent peu à peu leur pouvoir. D’abord, leur suzeraineté sur les autres khanats s’étiola et puis catastrophes naturelles, sécheresse et famines suivies de la fameuse peste noire (milieu du XIVe siècle) eurent raison de leur dynastie.

En 1351, c’est le début de la rébellion des Turbans rouges, dont une des branches provenait de la Secte du lotus blanc (n’en déplaise à Hergé… Mais là, je fais un anachronisme ! Il s’agit d’un ensemble de sectes bouddhistes plus ou moins unifiées, actives du XIVe au XXe siècle), qui se transforme en soulèvement national. La tradition chinoise prétend que le signal de l’insurrection anti-mongole fut donné le soir de la Fête de la mi-automne par des messages dissimulés dans les gâteaux de lune, consommés par les seuls Hans. Les Turbans rouges prennent Khanbalik en 1368 et le 9ème empereur mongol, Togoontomor, prend la fuite et décède en Mongolie intérieure deux ans plus tard. C’est la fin de la dynastie Yuan.

Repères sur l’histoire du pays – 4

Après la période trouble des 5 dynasties et des 10 royaumes, la dynastie Song se met en place. Elle a régné sur la Chine du Xème au XIIIème siècle et est souvent divisée en deux périodes principales : la période des Song du Nord (960-1127) et la période des Song du Sud (1127-1279). Les Song du Nord dirigèrent une Chine largement unifiée depuis leur capitale de Kaifeng. Mais lorsque la partie nord de l’État fut envahie par l’État Jin dans le premier quart du XIIème siècle, les Song déplacèrent leur capitale vers le sud, à Hangzhou.

Fondation de la dynastie

Le chaos et le vide politique provoqués par l’effondrement de la dynastie Tang (618-907) conduisit à l’éclatement de la Chine en cinq dynasties et dix royaumes. Mais un seigneur de guerre releva le défi, comme souvent auparavant, et rassembla au moins quelques-uns des différents États, redonnant au pays une apparence de Chine unifiée. Ainsi, la Dynastie Song fut fondée par le général des Zhou postérieurs Zhao Kuangyin (927-976), qui fut promu empereur par l’armée en 960. Il régnera sous le nom de Taizu (‘Grand Progéniteur’). Pour s’assurer qu’aucun général rival ne devienne trop puissant et n’obtienne le soutien nécessaire pour s’emparer du trône, l’empereur introduisit un système de rotation pour les chefs de l’armée et balaya toute opposition. En outre, il s’assura que la fonction publique jouisse désormais d’un statut supérieur à celui de l’armée en lui conférant le rôle d’organe de contrôle.

L’empereur Taizu de Song fut remplacé par son frère cadet, l’empereur Taizong (‘Grand Ancêtre’), qui régna de 976 à 997. La stabilité apportée par les longs règnes des deux premiers empereurs (du moins par rapport aux chaotiques siècles précédents) donna à la Dynastie Song le départ dont elle avait besoin pour devenir l’une des plus prospères de l’histoire de la Chine.

Consolidation et Gouvernement

Taizu conquit peut-être une grande partie de la Chine centrale, mais ni lui ni ses successeurs ne réussirent à conquérir la dynastie khitan Liao au nord, qui contrôlait la zone défensive vitale de la Grande Muraille. En effet, les cavaliers khitans étaient si supérieurs qu’ils envahissaient la Chine des Song à volonté et que les empereurs Song étaient contraints de payer à leurs voisins un tribut annuel sous forme d’argent et de soie. Une situation similaire se produisit avec l’état tangoute Xia au nord-ouest. Un tribut leur fut également versé à la suite d’une défaite en 1044, afin que les empereurs Song puissent maintenir une frontière pacifique et se concentrer sur la consolidation de leur domination de la Chine centrale et la gestion de leurs 100 millions de sujets. Les paiements de tribut étaient énormes mais inférieurs aux coûts d’une guerre ou du maintien d’une présence militaire constante dans la région. En outre, comme le commerce était florissant entre ces états, une grande partie de la valeur du tribut revenait de toute façon à la Chine en paiement de ses exportations.

Northern Song Dynasty Map

Bien que les Song aient été capables de gouverner une Chine unie après une longue période de division, leur règne fut affecté par les problèmes d’un nouveau climat politique et intellectuel qui remettait en question l’autorité impériale et cherchait à expliquer ce qui avait failli dans les dernières années de la dynastie Tang. L’un des symptômes de cette nouvelle pensée était le renouveau des idéaux du Confucianisme, le Néo-Confucianisme, qui mettait l’accent sur l’amélioration du soi dans un cadre métaphysique plus rationnel. Cette nouvelle approche du Confucianisme, avec son ajout métaphysique, permettait désormais de renverser l’importance que les Tang avaient accordée au Bouddhisme, considéré par de nombreux intellectuels comme une religion non chinoise.

L’affrontement des idéaux politiques et religieux à la cour conduisit souvent à des factions et à des exils préjudiciables, mais le véritable problème, bien sûr, ne fut jamais vraiment abordé. Il s’agit de la grande inégalité des richesses dont souffrait la Chine depuis des siècles. Une tentative de réforme fut les Nouvelles Politiques du chancelier Wang Anshi (1021-1086), qui souhaitait alléger les charges des éléments les plus pauvres de la société. Il proposa des réformes telles que la substitution d’un impôt en nature à un service de travail, l’offre de prêts à taux d’intérêt réduit, et la réalisation de nouveaux relevés fonciers visant à répartir plus équitablement les obligations fiscales. Ces réformes se heurtèrent toutefois à l’opposition presque totale des administrateurs locaux dont l’intérêt était le statu quo et leur réseau bien établi d’amis et de pots-de-vin. Dans la pratique, si un nombre croissant de personnes avaient la possibilité de rejoindre la classe des érudits et des bureaucrates qui dirigeaient l’état chinois aux niveaux national et local, et même si la petite aristocratie élargissait considérablement sa base, la grande majorité de la population sous la Dynastie Song restait, comme toujours, les paysans surchargés de travail et surtaxés.

Économie

Si la politique des Song était quelque peu gênante pour les empereurs, au moins l’économie était en plein essor. Bianjing (aujourd’hui Kaifeng), déjà capitale sous les dynasties précédentes, était l’une des grandes métropoles du monde sous les Song. Avec une population d’environ un million d’habitants, la ville bénéficiait de l’industrialisation et était bien approvisionnée par les mines voisines produisant du charbon et du fer. Important centre commercial, Kaifeng était surtout célèbre pour ses industries d’imprimerie, du papier, du textile et de la porcelaine. Ces produits étaient exportés le long de la Route de la Soie et à travers l’Océan Indien, tout comme le thé, la soie, le riz et le cuivre.

Women Checking Silk, Song China.

L’agriculture, dans l’ensemble, devint beaucoup plus efficace, et les fermiers cherchaient à produire plus que ce dont ils avaient besoin pour leurs propres besoins. Les villes devinrent plus densément peuplées, les marchés prospérèrent et les agriculteurs commencèrent à cultiver des produits pour lesquels ils savaient qu’ils pourraient demander des prix élevés, comme le sucre, les oranges, le coton, la soie et le thé. Pour transporter toutes ces marchandises par les canaux et la mer jusqu’aux endroits où elles étaient demandées, des milliers de navires furent construits, et c’est ainsi qu’une nouvelle industrie connut un grand succès. Les entreprises devinrent plus grandes et plus sophistiquées, avec différents niveaux de gestion et de propriété. Les guildes, les grossistes, les partenariats et les sociétés par actions se développèrent dans leur ensemble et l’économie chinoise commença à prendre lentement l’apparence de quelque chose de proche du modèle industriel d’aujourd’hui.

Arts et Sciences

Sous les Song, la Chine devint une nation plus moderne et plus industrialisée grâce à des innovations dans le domaine des machines, de l’agriculture et des processus de fabrication. Parmi les inventions importantes ou améliorations d’idées existantes, citons les bateaux à roues à aubes, la poudre à canon, le papier-monnaie, la boussole fixe, le gouvernail de poupe, les portes d’écluses des canaux et la presse à imprimer à caractères mobiles (déjà connue sous les Tang mais amplement développée).

La littérature fut en plein essor pendant la Dynastie Song. Lie Jie écrivit un célèbre traité d’architecture, Yingzao Fashi (1103), et des encyclopédies virent le jour. De célèbres ouvrages d’histoire furent rédigés, comme le Zizhi Tongjian (Miroir Complet d’Aide au Gouvernement) de Sima Guang qui, publié en 1084, couvrait l’histoire de la Chine de 403 av. JC à 959 de notre ère. Cette période vit la publication d’un grand nombre d’œuvres poétiques. L’un des poètes les plus célèbres est Su Dongpo, ou Su Shi (1037-1101), qui écrivit, comme beaucoup de ses contemporains, sur l’amour, la solitude et le chagrin.

Les femmes de la période Song eurent sans doute moins de chance que leurs prédécesseurs, et des pratiques telles que le bandage des pieds en particulier, devinrent plus courantes. Cependant, une poétesse renommée fut Li Qingzhao, qui décrivit de façon fameuse l’exil de sa famille en 1127, et son chagrin à la mort précoce de son mari.

Travelling among Streams & Mountains by Fan Kuan

Les arts visuels en général prospérèrent, alimentés par la demande croissante d’une classe moyenne de plus en plus riche. La porcelaine fine et le théâtre furent très prisés par la nouvelle élite urbaine. Les peintures de paysages tendaient à un plus grand réalisme, l’une des plus célèbres étant Voyage Par-delà les Fleuves et les Monts, peinture sur soie de 2 x 1 m, de Fan Kuan (c. 990-1030). La peinture de fleurs et d’animaux sauvages, notamment d’oiseaux, devint également très populaire chez les artistes de la Dynastie Song. L’appréciation de l’art fut telle que nombre des artistes les plus célèbres faisaient ingénieusement copier leurs œuvres, et ces contrefaçons, parfois garnies du sceau estampé de l’artiste, continuent de tromper les antiquaires jusqu’à aujourd’hui.

Menaces Territoriales

Au début du XIIème siècle, la position de la Chine en tant que maître de l’Asie orientale était de plus en plus menacée par les attaques des États Liao et Xia au nord. Plus dangereux encore étaient les Jürchen, peuple tribal du nord-est de la Chine. Ancêtres des Mandchous, ils parlaient la langue toungouse et avaient déclaré leur propre État, le Jin, en 1115. Les Song profitèrent de leurs ambitions territoriales, et les deux États unirent leurs forces pour vaincre les Liao. Malheureusement, bien qu’ils eurent atteint leur objectif, les Song montrèrent plutôt leur faiblesse militaire. Ainsi, en 1125, l’État Jin attaqua des régions du nord de la Chine. L’empereur Huizong (règne de 1100 à 1126) fut capturé avec des milliers de personnes et, en plus de la perte d’une grande bande du territoire, les Song furent contraints de payer une rançon massive aux Jürchen pour éviter d’autres pertes humaines.

La défaite obligea la cour des Song à se déplacer dans la vallée du Yangtze, et ils finirent par établir une nouvelle capitale en 1138 à Hangzhou, dans la province du Zhejiang. Ce fut le début de la Dynastie des Song du Sud. Le rétrécissement des terres des Song ne freina pas l’essor de l’économie car, heureusement, les grands ports de commerce de la nouvelle capitale, Quanzhou et Fuzhou se trouvaient tous dans le sud et continuaient à prospérer comme des villes multinationales où un nombre important d’immigrants musulmans et hindous étaient installés en permanence. Le sud était également beaucoup plus fertile et continuait à produire des excédents à chaque récolte.

Map of Southern Song & Jin States

Heureusement pour l’empereur Song, il contrôlait toujours la partie la plus riche de son ancien état et environ 60 % de la population. Hangzhou se développait. Célèbre pour ses canaux et ses jardins pittoresques, c’était un centre commercial prospère produisant de la soie et des bateaux, et comptant une population de plus d’un million d’habitants. Les défaites militaires amenèrent également les dirigeants et les intellectuels des Song à repenser leur stratégie et à s’efforcer d’aider toutes les couches de la société. Dans la capitale, les pauvres recevaient par exemple des allocations gratuites et une aide médicale.

L’Invasion Mongole

Alors que les Song s’étaient habitués à leur nouvel état après le terrible bouleversement causé par les Jürchen, une menace encore plus grande apparut, une fois de plus venant du nord. Les tribus nomades mongoles s’étaient rassemblées sous la direction de Gengis Khan (règne de 1206 à 1227), et elles attaquèrent et pillèrent à plusieurs reprises les états Xia et Jin au cours des trois premières décennies du XIIIème siècle. Les Song pensaient qu’ils seraient les prochains et préparèrent donc leurs armées, en les finançant en grande partie avec les richesses confisquées à l’aristocratie foncière – politique qui n’améliora pas l’unité interne. Il y eut cependant un sursis, car les Mongols furent assez occupés à l’extension de leur empire en Asie occidentale.

Repères sur l’histoire du pays – 3

Après l’âge d’or des dynasties Han, entre le IIIème siècle (220, chute de l’Empire Han) et le XIIIème siècle, une série de dynasties se succèdent entrecoupées parfois de périodes de décentralisation.

La période des Trois Royaumes qui marquait la fin de l’empire Han après une lente agonie de celui-ci, voit un empire s’établir au nord autour du Fleuve jaune (Wei), un empire vers l’est (Shu) et un empire au sud (Wu). Les empires sont pris en mains par des chefs de guerre et des familles aristocratiques. Cette période est aujourd’hui assez populaire par des films et jeux vidéo (Dynasty Warriors). C’est une période où Lao Tseu (taoïsme) est quasiment divinisé et où le confucianisme perd de l’importance, les gouvernements étant trop faibles pour imposer une pensée dominante.

Image de Dynasty Warrriors série de jeux vidéo ayant pour toile de fond la période des 3 Royaumes.

Les Jin du royaume du nord (Wei), issus de l’aristocratie, prennent d’abord le contrôle de ce royaume puis, suite à des successions chaotiques, envahissent les deux autres royaumes et réunifient l’Empire en 280. L’historiographie distingue deux sous-périodes, celle des Jin Occidentaux (265-317) et celle des Jin Orientaux (317-420) suivant l’emplacement de leur capitale et leur mainmise territoriale. Pour les premiers, une de leur première capitale fut Luoyang que j’ai eu l’occasion de visiter (voir articulets correspondants). Comme vous le verrez, la dynastie Jin occidentale fut un moment d’expansion du bouddhisme.

La première dynastie Jin, tombe sous les coups des « barbares » (non-chinois suivant les chroniques – Annales des Printemps et des Automnes des Seize Royaumes) qui forment une vingtaine des royaumes très mouvants et sporadiques dans le nord. Les Jin se replient sur le sud-est du territoire avec donc le développement d’une culture méridionale.

Les barbares en questions sont les tribus nomades ou semi-nomades du nord (dont les Xongniu, originaires de Mongolie – et dont sont issus les Huns – , des tribus venues de Mandchourie ou de l’ouest).

La période qui s’étend jusqu’en 589 va voir se succéder, au nord, comme au sud, différentes dynasties mais va surtout cristalliser une différence culturelle nord-sud (que le régime actuel tente de minimiser). Le nord va notamment développer des contacts vers l’ouest avec le développement de la Route de la Soie jusque vers la méditerranée. Le sud va privilégier des routes maritimes vers le sud, la péninsule indonésienne et jusqu’à l’Inde voire plus loin.

La production culturelle et artistique ne semble pas trop souffrir des aléas de la politique et des périodes de guerres.

La dynastie Sui (581-618) va mettre fin à 4 siècles de division et va réunifier le pays. Il s’agit d’une dynastie issue d’un des royaumes du nord. S’ouvre avec cette dynastie une période de grands travaux : construction du Grand canal entre P3kin et Hangzhou (1794 km – plus ancien canal du monde encore en activité), reconstruction et expansion de la Grande muraille.

C’est aussi une période d’expansion du bouddhisme dans la pays.

La dynastie Tang (618-907 presque en continu – dont la capitale sera un temps Luoyang – voir articles correspondants), succède à la dynastie Sui et mène l’Empire à un premier moment de modernité avec notamment les plus grandes villes du monde d’alors. Elle se caractérise par un État très centralisé, un rayonnement culturel et commercial important et à longue distance (des milliers d’étrangers arrivent dans le pays : Perses, Arabes, Indiens, Malais, Cingalais, Khmers, Chams, Juifs et Chrétiens nestoriens), des innovations comme l’imprimerie avec des blocs de bois, un développement rural important (canaux d’irrigations pour la culture du riz et du millet, soc de charrues, fumier, thé)…

C’est aussi une période où les femmes, malmenées par l’historiographie d’ici, ont joué un rôle important comme impératrices gouvernant parfois seules l’Empire (Wu Zetian – 624-705 – considérée par certains comme la « seule » impératrice régnante).

Après une série de révoltes dans les dernières décennies du IXe siècle, la dynastie Tang s’éteint en 907, alors que son empire avait été dépecé.

Comme vous le lirez par ailleurs, cette période fut encore celle de l’expansion d’un bouddhisme typiquement local (avec le développement d’un art bouddhique), le taoïsme restant bien présent et le confucianisme reprenant du poil de la bête.

On passe ensuite à une période trouble appelée la période des 5 dynasties et des 10 royaumes. Juste pour le plaisir et parce que c’est plus compliqué que les rois de France (et à fortiori de Belgique) :

Les Cinq Dynasties sont :

  • Liang postérieurs (907–923)
  • Tang postérieurs (923–936)
  • Jin postérieurs (936–947)
  • Han postérieurs (947–951 ou 979, si les Han du Nord sont considérés comme faisant partie de la dynastie)
  • Zhou postérieurs (951–960)

Les Dix Royaumes sont :

  • Wu (907–937)
  • Wuyue (907–978)
  • Min (909–945)
  • Chu (907–951)
  • Han du Sud (917–971)
  • Shu antérieurs (907–925)
  • Shu postérieurs (934–965)
  • Jingnan (924–963)
  • Tang du Sud (937–975)
  • Han du Nord (951–979)

Repères sur l’histoire du pays – 2

Les dynasties Han

J’ai vu le (très mauvais) film qu’est le dernier Astérix. Outre que, bien sûr, notre ami J.C. n’a jamais mis les caligae en Chine (ça se serait su et nous aurions eu de sa propre plume : De Bello Sinensio), la partie « chinoise » du scénario, y compris la carte qui est plusieurs fois reprise, fait référence à une période révolue depuis longtemps en 45 avant J.C (l’autre J.C.) : la période des Royaumes combattants. Cette période où 9 royaumes se disputaient l’hégémonie c’est bien achevé en 221 avant notre ère par le contrôle de Qin She Huang Ti, premier empereur et unificateur du pays.

La période suivante dans la chronologie chinoise est appelée « Dynastie des Han » (subdivisée en 2 périodes : la dynastie des Han occidentaux ou antérieurs avec leur capitale à Chang’An aujourd’hui appelée Xi’An – que j’avais visité en début d’année à un millier de km au Sud-Ouest de la capitale actuelle; et la dynastie des Han orientaux ou postérieurs dont la capitale était située à 250-300 km à l’est de Xi’An d’où leur nom d’orientaux).

Les dynasties des Han représentent l’âge d’or de l’histoire chinoise d’où notamment le fait que la majorité ethnique s’appelle encore toujours « les Han ». C’est une période où l’Empire se consolide (contrairement à ce que laisserait entendre le film). Une administration impériale centrale se met en place ainsi qu’un contrôle des provinces avec notamment des sortes de missi dominici (un millénaire avant Charlemagne !) appelés ici ceshi.

Un système éducatif se met aussi en place pour former les fonctionnaires (les lettrés) indispensables à la gestion de l’Empire. Ce système très compétitif, avec des examens assez fameux, semble avoir perduré jusqu’au régime actuel.

Cette période voit le développement du culte de l’empereur avec également le développement d’une religion taoïste (qui est, au départ, plus une philosophie ou une morale de vie) avec notamment une vénération de la « Reine-mère de l’ouest » et des mouvements socio-politiques d’inspiration taoïste aux doux noms de « sourcils rouges » ou « turbans jaunes », …

C’est la période du développement de la route de la Soie avec donc l’extension vers le centre de l’Asie et notamment la découverte du bouddhisme qui s’y était déjà implanté à partir de l’Inde.

C’est enfin une période de grand développement des arts (notamment littérature et poésie), des sciences (cartographie, astronomie, mathématiques, historiographie, …) et des techniques (papier, gouvernail, brouette, …).

Là où le film n’a pas tout à fait tort, c’est à propos de l’impératrice. En effet plusieurs femmes auraient détenu le pouvoir durant cette période dont Wang Zhengjun juste avant son fils Cheng (32 à 7 avant notre ère), soit bien la période visée par le film.

Pour en revenir aux Romains, c’est bien sous les Han que des contacts semblent établis avec l’Empire romain. Une ambassade est envoyée pour établir un contact avec Rome en 97, mais elle est arrêtée à la cour des Parthes, qui ne voulaient manifestement pas voir les Chinois discuter avec leurs ennemis Romains. Le Livre des Han Orientaux évoque l’empire occidental (appelé Da Qin), et notamment une ambassade romaine arrivée à la cour Han en 166, envoyée par l’empereur An-dun (sans doute Marc Aurèle). Cela n’est pas mentionné dans les sources romaines, qui n’évoquent jamais l’empire Han. Il s’agirait sans doute de marchands romains plutôt que de vrais représentants de l’empereur de Rome.

Repères sur l’histoire du pays – 1

A la demande de ma fille aînée, Victoria, je m’en vais jeter quelques repères, subjectifs et incomplets sur l’histoire de ce pays-continent. Beaucoup de dates anciennes ne correspondent pas à un événement et sont donc sujettes à caution. Les sources concernant les dates des plus anciennes dynasties ne sont pas cohérentes.

Préhistoire
1,7 millions d’années (paléolithique)Les premiers restes d’individus de l’espèce Homo sont découverte ici en 1965 dans la province de Yuannan (sud, frontière du Myanmar, Cambodge et Vietnam)
500 000 à 300 000Homme de Pékin (Homo erectus)
200 000Invention de la soie
Néolithique-5000 av. J.C.: traces de culture du riz
-2700 à -2300: culture Majiayao (bronze)
-2100: dynastie Xia (mythique ?) dans la partie centrale du pays
Histoire
-1570 à -1045Dynastie Shang ou Yin (toujours dans le centre du pays, sur la côte); premiers caractère reconnus de l’écriture chinoise.
-1045 à -256Dynsatie des Zhou occidentaux puis orientaux (déplacement de la capitale)
Confucius (551-479) et naissance du taoïsme
-475 à -221Période des Royaumes combattants (9 royaumes se battent pour l’hégémonie du territoire)

Par Philg88 — Travail personnel, CC BY-SA 3.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=11900403
-221Qin She Huang Ti unifie les royaumes dans un premier empire qui donnera son nom au pays (Qin). Ce royaume s’étend jusqu’au pied de l’Himalaya.
Armée de Terracotta.
– 206 à + 9Dynastie des Hans occidentaux