Bonne année du dragon

Cette année, les chinoises et les chinois (et bon nombre de peuples d’Asie orientale) sont entrées dans l’année du Dragon (de Bois) la nuit du 9 au 10 février.

Cinquième signe du zodiaque chinois, le dragon est une créature légendaire qui incarne la puissance, la grandeur et la sagesse depuis des millénaires. Nous y reviendrons. Bien différent du dragon maléfique occidentale, celui terrassé par Saint Georges, notamment, le dragon est associé en Chine à toutes les représentations bénéfiques du monde. Symbole de l’empereur, le dragon recueille souvent entre ses griffes une perle, renforçant ainsi sa symbolique de richesse et de prospérité.

Son caractère chinois (龙 – 龍 ; lóng), dont la graphie antique serait une combinaison des différents animaux qui le compose (corps de serpent, écailles de poisson, griffes de tigre…), est employé dans de nombreuses expressions courantes. Parmi celles-là, « dessiner un dragon et lui ajouter des yeux » (画龙点睛, huàlóng diǎnjīng) est l’équivalent chinois de « cerise sur le gâteau » ; « l’esprit du cheval-dragon » désigne des personnes pleines de vitalité (龙马精神 , lóng mǎ jīng shén) ; et « voir la tête du dragon mais pas sa queue » (神龙见首不见尾, shén lóng jiàn shǒu bú jiàn wěi) fait allusion à quelqu’un de secret. Le Dragon est également souvent associé au Tigre et au Phénix dans des proverbes, tel que « tigre couché et dragon caché » » (卧虎藏龙, wòhǔ cánglóng), qui désigne des personnes aux talents insoupçonnés ou encore « un dragon (symbole masculin) et un phénix (symbole féminin) font le bonheur » (龙凤呈祥, lóng fèng chéng xiáng), souvent utilisé pour présenter ses vœux aux jeunes mariés.

Spécificité de 2024, l’année lunaire sera une année veuve ou une année sans printemps puisqu’elle débute après (et non pas avant) le « Lichun » qui a eu lieu le 4 février et marque le début du printemps. Traditionnellement, ces années là, les Chinois évitent de se marier car elles sont considérées comme de mauvais augure. Cela n’est, bien sûr, pas du goût des autorités qui démentent tout lien entre malchance et cette configuration astrale. A savoir que le nombre de mariages célébrés en Chine chaque année est sur le déclin depuis dix ans déjà : en 2022, ils étaient deux fois moins nombreux qu’en 2013.

Paradoxalement peut-être, 2024 pourrait être une année très favorable aux naissances, le caractère auspicieux du Dragon engendrant souvent (c’est surtout vrai à Hong Kong, Taïwan et Singapore) un mini baby-boom. Or, depuis 2016, le nombre de naissances en Chine continentale ne cesse de dégringoler : l’an passé, le pays n’en a connu que 9 millions – deux fois moins qu’il y a sept ans. Plusieurs facteurs sont à l’œuvre : baisse du nombre de femmes en âge de procréer, perspectives économiques moroses, coût de l’éducation prohibitif… L’effet « Dragon » suffira-t-il à inverser la tendance ? Les experts (démographes, pas astrologues) en doutent, les jeunes Chinois étant moins superstitieux que leurs parents.

Extraits d’un article de Vent de Chine

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