Ces gens-là – 5 – Streetfood et Malbouffe

Salomé réagissait sur Insta à une photo du premier Pizza Hut de la capitale, posant des questions pertinentes sur le rapport à la nourriture, l’obésité, la malbouffe, la street food… Alors décortiquons un peu cela.

Remise en contexte

Petit rappel historique (qu’un guide n’a pas manqué de nous faire) : ce jeune homme (le guide) d’une petite quarantaine d’année, a eu des grandes-tantes et grands-oncles qui sont morts de faim (pas son grand-père sinon il ne serait pas là pour le raconter… mais il y eu notamment des grandes famines dans les années 60). On peut reconnaître au régime actuel (au sens politique du terme 🙂 ) qu’il a fait en sorte de mettre de côté (définitivement ?) les problèmes de famines récurrentes.

Par contre, l’augmentation du niveau de vie et son occidentalisation font passer de plus en plus la population d’un régime majoritairement végétarien (et relativement sain) à un régime plus carné (et je ne parle plus de régime politique !). Mais cette évolution est assez récente (une dizaine d’années ou un peu plus).

Enfin, la situation que je décrirai ici correspond à une ville, la capitale, essentiellement avec une population plus aisée que la campagne (mais moins autonome au niveau nourriture).

Il y a, à ma connaissance et d’après ce que j’ai pu glaner, peu de réglementation sur la nourriture. On est loin de l’AFSCA, du tout bio (ça commence, ça commence mais très petitement) et donc, il n’est, par exemple, pas obligatoire d’indiquer les taux de sucre et autres lipides sur les emballages. Certains produits typiquement chinois ont d’ailleurs un emballage très épurés…

La Street food

Dans la capitale, le street food a été quasiment aboli (pas convenable, signe de pauvreté) mais il est encore présent dans d’autres villes. Cependant, qui dit street food ne dit pas forcément malbouffe. Dans la petite ville forteresse où j’ai été, les street foods proposaient uniquement des patates douces grillées… relativement sain, on peut en convenir.

Pour le reste, de ce que j’en ai vu, en street food, il y a pas mal de dim sun (genre de raviolis bouillis ou frits), des pains ou des pâtisseries peu sucrées, aussi pas mal de friture, évidemment, des brochettes de viande, de poulpe, de poisson ou de bonbons.

Je le disais, la réglementation doit encore venir (ou pas !). Petite anecdote sur le sujet : en passant devant un petit étal de street food vendant des brochettes, je remarque que le vendeur sort un bloc de brochettes surgelées et, pour pouvoir les décoller les unes des autres, il les tape simplement… sur une pierre du trottoir… Bon, les trottoirs sont relativement propres mais quand même…

La malbouffe occidentale

La malbouffe occidentale (McDo, KFC, Burger King, Pizza Hut et autres Domino’s pizza) a fait son apparition, au début très timide, il y a une petite trentaine d’années (premier KFC en 1987, premier McDo en 1990) et, en 2020, il n’y avait encore que 3300 McDo pour une population d’1,8 MILLIARDS d’habitants (1 McDo par 550 000 habitants !)…

Les menus sont en partie adaptés au pays : on peut trouver chez McDo un bol de riz avec des chicken dips, un burger à la saucisse (German Sausage Double Beef Burger – les gens d’ici semblent adorer les saucisses allemandes), un style de porridge de riz appelé congee, etc.

La malbouffe est donc bien là et ses acteurs ne désemplissent pas (ou les livreurs n’arrêtent pas d’aller et venir).

Quelques autres aspects liés à la nourriture

La livraison. La livraison est un vrai sport national sans doute largement dû au Covid et donc tout le monde se fait livrer partout tout (pas uniquement de la nourriture, je peux me faire livrer des Lego – ou leurs imitations 10 à 100 fois moins chère ou n’importe quoi d’autre. C’est Amazon en cent fois pire). J’ai un peu du mal avec le concept : se faire livrer un café Starbucks ? Il doit être froid à l’arrivée ! Et donc beaucoup de gens se font livrer des repas tout faits. Il y a sans doute des niveaux de qualité très différents mais généralement, un repas tout fait n’est pas aussi sain qu’un repas fait maison avec les légumes du jardin (ah oui, il n’y a pas de légume du jardin dans la capitale car il n’y a pas ou peu de jardins… mais on peut trouver des fruits et légumes dits « bio »)

Au restaurant. Les restaurants sont souvent bien remplis et relativement bon marchés (bon, il y a toujours moyen de trouver plus cher !). Dans le coin où je suis (un coin avec beaucoup d’expats), on peut bien manger (entrée, plat, boisson – thé ou soda) pour l’équivalent de moins de 20 EUR. Par contre, ce qui est frappant, c’est combien les gens d’ici peuvent manger ! Des quantités qui me semblent colossales comme une assiette de saucisse de 600 gr. Bon généralement les gens d’ici partagent : on prend plusieurs plats et on mange ensemble dans les différents plats. Donc la saucisse dont je parlais s’accompagne d’une choucroute (complète avec sa viande, évidemment !) et pourquoi pas de quelques brochettes… pour 3 personnes.

PS: L’histoire de la saucisse vient de ce que j’ai vu dans une brasserie, à côté du bureau, créée par un Est-allemand et tenue aujourd’hui par un Polonais…

Manger est un élément culturellement important. Je regardais un film québéco-chinois (TV5 Monde, la seule chaîne francophone à la télé) et la grand-mère n’arrêtait pas de proposer à sa fille de manger, comme si c’était vital pour elle (oui, c’est un peu vital mais là, ça poussait à l’obsession). Et en fait, c’est comme cela dans la vraie vie : ces gens-ci vous poussent à manger plus que de raison. Reflet d’anciens traumatismes de famines ancrés dans l’inconscient collectif ?

Obésité et surpoids ?

Oui, depuis 2020, plus de la moitié de la population chinoise est en surpoids. Premières victimes ? Les plus jeunes, et essentiellement les jeunes garçons. En cause ? Ce changement de régime (pas encore politique 🙂 ) du végétarisme au carné, avec les travers de la malbouffe à l’occidentale (à l’américaine surtout, plus qu’à l’européenne… sauf la saucisse allemande 🙂 ) et surtout un mode de vie inadapté. Les parents travaillent comme des acharnés et les enfants sont livrés à eux même et se jettent sur le mode de vie occidental via la nourriture notamment (la mode aussi). Le manque d’activité physique des enfants est également en cause ainsi que l’abus de soda (jusqu’à 2 litres par jour !). Je le signalais dans un précédent article mais le week-end au parc, on voit des adultes promener avec des petits enfants, d’autres petits (5-7 ans) faire du sport mais très peu d’enfants au-delà de cet âge au parc… Et effectivement les jeunes garçons sont plutôt enveloppés…

Alors pourquoi les garçons plus que les filles ? Il y a toujours cette préférence de l’enfant mâle (dysfonctionnement de la fameuse politique de l’enfant unique) mais il semble aussi que dans l’imaginaire collectif, le corps d’un mâle doit en imposer plus. Regardez certains modèles qu’ils ont eu : empereurs et mandarins sont rarement maigres (sauf l’empereur dans le dessin animé Mulan !).

Comme d’habitude dans mes articulets, ceci n’est qu’un point de vue, de ce que j’observe et ce que je recueille comme info et n’a pas valeur d’étude scientifique sociologique…

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