Je n’ai pas vraiment abordé le sujet de la musique de ce pays, notamment pas celui de la musique traditionnelle. Et donc, je vais en dire quelques mots mais à travers une vue très particulière : la notation musicale.
Donc au détour d’une petite promenade dans le parc Ditan, j’ai croisé plusieurs groupes de musiciens traditionnels.
D’abord petite présentation des instruments : il y avait essentiellement des erhu (une sorte de mini-violon à deux cordes tenu verticalement sur le genou), des bangu (tambour plat) et un pipa (une sorte de guitare à 4 cordes).



Nous avons l’habitude de voir nos partitions avec des portées de 5 lignes et quelques pattes de mouches qui grimpent et qui descendent ces 5 lignes. Dans notre « méconnaissance occidentalo-centrée »1, nous imaginons peut-être cette notation comme universelle et bien… non… et pas seulement historiquement (la notation musicale actuelle ne s’est lentement développée que depuis le chant grégorien) : notamment la musique chinoise traditionnelle a une notation particulière encore aujourd’hui.

La notation actuelle pour la musique traditionnelle a succédé à la notation gongche en caractères chinois encore utilisée pour de la musique ancienne ou certains opéras. Cette notation actuelle est appelée Jianpu ou « notation musicale chiffrée ». Et elle vient, originellement… de France. Peut-être créée au XVIème siècle pour orgue (par un espagnol), elle fut reprise par J.-J. Rousseau puis popularisée en France au XIXème (notation Chevé). Elle serait arrivée en Chine via le Japon à la fin du XIXème.
Principe simple : les sept notes de la gamme de base sont représentées par les chiffres de 1 à 7, le 0 représentant un silence. Un point au dessus de la note la fait grimper d’une octave, un point en dessous la descend d’une octave.
Au niveau du tempo, de base la note est la noire. Suivie d’un tiret, elle prend un deuxième temps (blanche), deux tirets = blanche pointée, etc. Soulignée une fois, c’est un croche, deux fois une double croche, etc.

1997, Lyon, France. pp.61-74. halshs-01434833
Dans la partition ci-dessus, si l’on part d’une clef de Fa (notée 1=F en début de partition), on retrouve bien le do en 5. Le 5 avec le point au dessus est bien le dos une octave plus haut (portée du haut dans la partition occidentale), celui avec le point en dessous une octave plus bas (portée du bas dans la partition occidentale). La barre sous les deux 5 indique bien deux croches. Et enfin le 3 (La) à la fin, suivi d’un tiret est bien une blanche.
Voici encore un exemple (tiré de Wikipédia):
1=C en début de partition indique bien que 1 est do (suivant la notation anglo-germanique) puis le 3/4 pour la mesure.


Une dernière illustration:

La première ligne en Jianpu, la deuxième ligne en Gongche (et une troisième ligne en petit par F.Picard dans une autre forme de Gongche).
- Ce qu’en disait Jean-Jacques Rousseau: Il n’y a que les Nations de l’Europe qui sachent écrire leur Musique. Quoique dans les autres parties du Monde chaque Peuple ait aussi la sienne, il ne paraît pas qu’aucun d’eux ait poussé les recherches jusqu’à des Caractères pour la noter. Au moins est-il sûr que les Arabes ni les Chinois, les deux Peuples étrangers qui ont le plus cultivé les Lettres, n’ont, ni l’un ni l’autre, de pareils Caractères. ROUSSEAU Jean-Jacques, 1768, Dictionnaire de Musique. Paris: Duchesne. ↩︎