Ces-gens-là – 15 – Crédit et guerre

Le crédit social n’est pas un mythe

Le crédit social, on en parle en Europe, on lit des choses dessus mais quelle est sa réalité ? Je ne l’avais pas encore rencontrée ici avant un voyage en train le week-end dernier.

Rappelons de quoi il s’agit : le crédit social est un système de notation, de points, sur la réputation des entreprise et des citoyennes et citoyens, mis en place par le gouvernement. Basé sur un système américain de notation des entreprises chinoises, il est repris dans ce pays et adapté aux ressortissantes et ressortissants du pays. On peut comparer cela à une sorte de permis à points où la perte des points a parfois des répercussions néfastes pour la citoyenne ou le citoyen : plus possible de prendre un billet de train ou d’avion, interdiction de certains hôtels, bars et restaurants, impossibilité d’acheter de l’immobilier ou encore interdiction d’inscrire ses enfants dans certaines écoles (dites « privées », les meilleures).

Une application sur votre téléphone portable vous permet (et permet aux autorités et autres vendeurs de billets de train et d’avion, etc.) de suivre votre niveau de crédit social. Dans une des dernières moutures d’une de ses applications (il n’y a pas de standardisation nationale du système), on ajoute même la possibilité de dénoncer quelqu’un, notamment si la personne semble avoir un train de vie inadéquat par rapport à son statut (ex. votre voisin, simple garde de parking, qui viendrait à s’offrir la dernière Aston Martin – but officiel : lutte contre la corruption).

Bref, un système loin de notre protection de la vie privée en Europe.

Difficile, délicat, impossible pour moi de demander à une ou un de mes collègues : « montre-moi un peu ton application de crédit social et comment elle fonctionne… » trop délicat. Donc cela restait pour moi une sorte de mythe, de rumeur publique un peu secrète et cachée… Jusqu’à ce voyage en train…

Et donc là, après chaque arrêt dans une gare, en chinois puis en anglais (sinon je n’aurais pas compris !), on nous rappelle gentillement que les incivilités (pieds sur les fauteuils, dégradation du matériel, voyage sans titre de transport, …) pourront être rapportées au service de crédit social local et pourraient entraîner pour la personne de ne plus pouvoir voyager en train… Voilà, c’est clair.

Le Moyen-Orient vu d’ici

Sur la situation en Israël et en Palestine, réaction très neutre dans les média d’ici que je suis, très factuelle. Quand je compare avec la RTS (Radio Télévision Suisse romande)* et France 2, que je vois tous les matins sur TV5 Monde, qui prennent, définitivement, un point de vue pro-israélien, les média d’ici semblent beaucoup plus neutres et se limitent à du factuel et à des appels à la paix.

Voici la fin d’un article sur le sujet dont le titre est « L’Iran est prêt à envoyer de l’aide humanitaire à Gaza (chef de la diplomatie)« :

Le Mouvement de résistance islamique palestinien (Hamas) a lancé samedi une attaque surprise contre des villes israéliennes adjacentes à la bande de Gaza, ce qui a incité Israël à lancer des frappes de représailles sur Gaza.

En date de mercredi, plus de 2.000 personnes ont été tuées et des milliers d’autres blessées dans les deux camps. Fin.

On ne parle pas de victimes civiles, on ne parle pas d’enlèvements, etc. Et ce qui est relayé, ce sont essentiellement les réactions des pays arabes ou du Moyen Orient, comme ci-dessus, et les prises de position de l’ONU.

Et aussi, dans le Global Times (grand quotidien en langue anglaise), une critique de la position américaine qui jetterait de l’huile sur le feu et une analyse de qui profiterait de cette escalade (réponse : les big 5 du complexe militaro-industriel US soit Lockheed Martin, Boeing, Raytheon, General Dynamics, et Northrop Grumman qui se sont déjà largement enrichis de la guerre en Ukraine dixit Global Times).

La ligne officielle est de soutenir un double État et de venir en aide humanitaire aux victimes palestiniennes.

*PS: Ce 12 octobre, au 19h30 (que j’allume à 7h30 du matin le lendemain), c’est l’ambassadeur de l’autorité palestinienne (du Fatah, opposé au Hamas) qui était sur le plateau de la RTS mais les questions du journaliste me semblaient néanmoins un peu tendancieuses.

La folie des livraisons

J’en ai déjà touché un mot : on se fait livrer tout et n’importe quoi toujours et partout. Et même… dans le train ! Vous commandez avant d’arriver à la prochaine station, ils livrent et les employés du train viennent vous les apporter à votre place !

De la désinformation

Début octobre, nous bénéficions ici d’une semaine de congés nationale (du 30 septembre au 6 octobre inclus sauf que, pour la Délégation, ça s’arrête le 4 octobre). Ceci dit, les gens d’ici doivent rattraper le 7 et le 8 octobre, jours ouvrés même pour les ministères… Bref, une agent locale va en profiter pour faire un petit voyage au Japon mais elle est hyper-stressée par les rejets d’eau de Fukushima. Il faut dire qu’ici la propagande anti-japonaise est au plus haut à tel point que l’ambassade japonaise déconseille à ses ressortissants de parler japonais dans la rue… Bon, il y a un lourd passif entre les deux pays…

Cependant, j’aime la petite réplique japonaise à ce nippo-bashing sous forme d’une simple carte:

De plus, comme le dit un site web bien informé, l’arbre radioactif de Fukushima ne doit pas cacher la forêt plastique [de ce pays où je suis]. Sur les 300 millions de tonnes de plastique produites chaque année, plus de 14 millions de tonnes se retrouvent dans les océans. Or, [ce pays] est de loin la plus grande source de déchets plastiques mal gérés, ce qui contribue à en faire la plus grande source de plastique dans les océans. Certains évaluent que 44 % des déchets rejetés chaque année dans les océans proviennent de [ce pays]. Les microplastiques étant désormais omniprésents dans les chaînes alimentaires aquatiques, [..]

Mais revenons en à l’agent locale stressée. Au cours de la discussion, outre ce premier exemple de désinformation (la situation au Japon est terrible, rien de pareil ici), je me rends compte que le nom de Tchernobyl n’évoque… rien du tout… Que l’URSS ait masqué l’info vers l’occident, juste voisin, pendant un temps, alors que la guerre froide n’avait pas encore dit son dernier mot, passe encore (c’est de bonne guerre !) mais par rapport à l’allié idéologique (même si l’amour entre les deux régimes ne fut pas toujours au beau fixe), c’est… surprenant. Moins surprenant sans doute que ce dernier n’en ait pas parlé à ces citoyens… mais que ce soit, encore totalement inconnu ici après près de 40 ans… Donc me voilà à faire un petit cours d’histoire à cette agent locale avec beaucoup, beaucoup de pincettes…

On verra la semaine prochaine si elle revient irradiée

Petite leçon d’économie ?

Non, loin de moi l’idée de me prétendre économiste mais je vais juste relater certains faits, glanés ici et là, de ce côté-ci du monde et qui pourraient faire penser que tout ne va peut-être pas au mieux au niveau économique…

De fait, le rebond « post-Covid » tant attendu n’a pas eu lieu et les indicateurs économiques des derniers mois sont loin d’être reluisants : la croissance économique est au plus bas depuis 45 ans (et ne devrait pas atteindre les 5% de croissance fixés par P3kin en début d’année), le chômage des jeunes est le double d’il y a quatre ans (un constat embarrassant qui a poussé P3kin à suspendre la publication de cet indicateur), les salaires à l’embauche n’augmentent plus et ont même baissé [..] , les ventes au détail restent en deçà des attentes, les appartements peinent à se vendre, les exportations ralentissent, le yuan est au plus bas, la dette des gouvernements locaux augmente de façon exponentielle, les investissements directs étrangers (IDE) ont chuté au 2nd  trimestre, de 87% sur un an [..] – seulement -5% d’après les statistiques nationales), le tout sur fond de dégringolade démographique (Vent de Chine – Septembre 2023)

Vous avez peut-être également entendu parler des problèmes gigantesques du secteur immobilier. Ce secteur représentait près de 25% du PIB du pays, or dernièrement, deux des plus grands acteurs du secteurs sont tombés en faillite.

Une loi récente limite grandement l’accès aux données (considéré comme de l’espionnage) pour les sociétés ou autres organismes étrangers (comme les missions diplomatiques). Cela n’inspire certainement pas à la confiance des investisseurs étrangers.

Autre exemple, Apple risque de quitter en partie le pays. Le gouvernement a en effet décidé que ses fonctionnaires ne peuvent plus utiliser les outils de ce fournisseur. Celui-ci se prépare donc à déplacer ses activités vers d’autre pays (vers l’Inde notamment).

Enfin, les fameuses « nouvelles routes de la Soie » (BRI – Belt and Road Initiatives) subissent un gros coup d’amaigrissement. L’idée de P3kin était de couvrir le monde de nouvelles routes ferroviaires, maritimes et terrestres. Des investissements d’infrastructures étaient prévus dans 150 pays avec, soi-disant, du gagnant-gagnant. On sait ce qu’il en est et que certains pays sont tombés complètement sous la coupe de ce pays, ne pouvant rembourser les prêts octroyés.

Ainsi, un port construit au Sri Lanka et qui devait apporter de l’emploi dans la région, est entièrement sous-contrôle de nos amis et n’emploie quasiment aucun employé sri lankais. Il y a aussi des tronçons d’autoroutes dans plusieurs pays africains qui ne seront sans doute jamais finis ou d’autres infrastructures dont les pays d’origines sont dépossédés en tout ou en partie: le port du Pirée en Grèce et même notre port de Zeebrugge.

Ceci pour dire qu’un grand coup de frein a été donné à ces investissements massifs qui vont maintenant se limiter aux grands axes les plus intéressants notamment pour l’accès aux matières premières (vers l’Asie centrale – les pays en –stan de l’ex-URSS – pour le pétrole et autre ressources minières notamment, par exemple)

Librairie – 2

Ceci est pour l’instant ma préférée (c’est la première que j’ai découverte et je crois en avoir déjà touché un mot dans ces pages). Elle se situe à quelques minutes de mon appart près d’un centre commercial. Même si je ne comprends que certains titres d’ouvrages (il n’y a que ça en langue étrangère !), j’aime l’atmosphère avec ces chemins qui se croisent au sol et en l’air.

Comme dans toutes les librairies que j’ai vues jusqu’ici, il y a un coin café/petite restauration où quelques personnes lisent. D’ailleurs, en comparaison avec les librairies en Europe, beaucoup de gens lisent dans la librairie.

Librairie – 1

Envie de commencer une petite série d’articles (de photos) sur les librairies dans la ville. Bon, c’est un peu bizarre car je ne lis pas le chinois donc je ne comprends pas les titres mais voilà. Les librairies sont des espaces qui sont importants pour moi.

Et donc voici la première, située dans un ancien quartier industriel. Elle est structurée autour d’un grand escalier hélicoïdal (dont les marches s’éclairent sur votre passage). Au sous-sol, une bibliothèque, le rez-de chaussée (1er étage ici), la librairie (avec un espace café), à l’étage, une galerie d’art…

Mais voici les images :

L’ancien quartier industriel

Sur le côté droit de la salle de lecture, vous pouvez distinguer une petite salle réservée aux œuvres du parti et de ses grands leaders.

Et la galerie d’art :

Ces-gens-là – 14

Le poids des enfants

92% : c’est le pourcentage de parents chinois qui se sont retrouvés en dépression nerveuse à cause de l’éducation de leurs enfants, d’après un sondage mené auprès de 535 parents (est-ce vraiment un échantillon représentatif dans un pays de plus d’un milliards d’habitants ? pas certain qu’ils soient doués pour les statistiques sociologiques). 72% d’entre eux se sont également déclarés en proie au stress. Ces résultats interviennent deux ans après la mise en place de la politique de « double réduction » (双减) visant à réduire la masse de devoirs des écoliers et à interdire les cours du soir dans différentes matières. Même si certains parents ont salué ces mesures censées réduire les inégalités sociales, d’autres se sont plaints de se retrouver à donner des cours à leurs enfants eux-mêmes. Ainsi, 84,1% des sondés passent en moyenne 67 minutes par jour à aider leurs enfants à faire leurs devoirs, ce qui correspond à la moitié de leur temps libre à la fin de journée.

Question de caractères

Le caractère « biáng » des nouilles « biang-biang » du Shaanxi, est l’un des plus complexes de la langue chinoise avec ses 57 traits.

17 000 : c’est le nombre de caractères rares supplémentaires qui vont désormais être reconnus par les ordinateurs et les smartphones. Cet ajout vient porter à 88 115 le nombre total de caractères chinois numérisés. Même s’il n’existe pas de définition précise de ce qu’est un caractère « rare », les experts linguistes s’accordent sur le fait qu’une majorité de la population n’est pas capable de le lire ou de l’écrire. La digitalisation de ces caractères est une manière de préserver la culture traditionnelle chinoise et d’éviter qu’ils tombent dans l’oubli, comme beaucoup d’autres… Il s’agit aussi de faciliter la vie à ces 60 millions de Chinois dont le prénom contient un caractère qui est absent des bases de données des administrations, banques et hôpitaux.

Bon, personnellement, il y a encore du taf à apprendre ces plus de 100 000 caractères… (et encore, on parle du chinois simplifié !)

Chiffres et numération

J’en ai déjà touché un mot sur ce blog mais voici quelques infos en plus sur la numération. Ils utilisent ici quatre (ou cinq) systèmes de numération pour faire simple (nous avons bien la numération arabe, latine et en toutes lettres).

Donc, ils utilisent la numérotation arabe (1, 2, 3, 4, …), je l’avais déjà signalé, pour les distances, les prix, les plaques minéralogiques, etc.

Il y a ensuite la numération traditionnelle, très ancienne, qui, comme vous le savez si vous suivez ce blog est double : les caractères chinois et le pinyin. Avec, là encore, pas mal de subtilités. Par exemple 2 se dit èr quand on compte mais liang quand il s’agit d’une quantité (Wǒ yǒu liǎng gè nǚ’ér – J’ai deux filles).

Comme vous le verrez dans le tableau ci-dessous, les caractères « classiques » sont assez simple et donc une numération plus complexe est prévue pour la partie financière et pour les banques afin d’éviter les malentendus (assez faciles quand vous regardez les un, deux et trois).

NormaleFinancièrePinyinValeur
零/〇líng0
1
èr2
sān3
4
5
liù6
7
8
jiǔ9

Enfin, il y a de signes de la main un peu différents des nôtres pour compter jusqu’à 10 avec une seule main et donc vingt avec les deux. Ce système est notamment utilisé au marché.

Pour le reste, il s’agit d’une numérotation de position (comme la nôtre) et d’un système décimal.

NombreÉcriture positionnellePrononciation
28二八二十八 (èrshibā)
208二〇八二百〇八 (èrbǎilíngbā)
280二八〇二百八十 (èrbǎibāshí)
ou 二百八 (èrbǎibā)
2008二〇〇八两千〇八 (liǎngqiānlíngbā)
2080二〇八〇两千〇八十 (liǎngqiānlíngbāshí)
2800二八〇〇两千八百 (liǎngqiānbābǎi)
ou 两千八 (liǎngqiānbā)

Bruits

J’aime quand les lectrices et lecteurs de ce petit blog sans prétention me donnent un retour et me proposent des sujets auxquels je n’avait a priori pas pensé. Merci donc Claire-Anne pour cette question sur le bruit ici…

Nous sommes donc dans une capitale de 22 millions d’habitants avec la circulation et la trépidation correspondantes mais comme tout ici, la question du bruit est pleine de paradoxes.

D’abord la circulation automobile justement. Une belle proportion des véhicules en ville sont soit totalement électriques (c’est le cas notamment de quasiment toutes les motos, vespa et autres petits véhicules à 2 ou 3 roues) soit hybrides et donc, bien sur, le bruit s’en ressent : moins de bruit de la circulation, de la motorisation elle-même mais on entend beaucoup mieux le bruit qu’un véhicule fait simplement en roulant (les pneus sur le bitume). D’autres bruits apparaissent également : une espèce de clochette quand les gros véhicules électriques (bus et cars) démarrent. Par contre, comme je l’ai déjà peut-être dit, cela présente un danger : tout ces petits véhicules électriques (2 et 3 roues) ne respectent rien du code de la route et donc, la nuit par exemple, on ne les entend pas arriver et comme beaucoup n’ont pas de lumière, on ne les voient pas arriver non plus. Par contre, on entend très peu de sirènes. Donc, globalement, pour une ville de cette taille, elle est moins bruyante que d’autres.

Et les gens d’ici ? (« ha ! les gens »)… Ils sont très bruyants. Ils crient entre eux plus qu’ils ne parlent ce qui fait pas mal de bruit, au restaurant notamment. Dans la rue également : ils crient dans leur smartphone, ce qui fait toujours bizarre car on a l’impression qu’ils s’engueulent mais on voit alors un grand sourire qui dément (parfois) le ton de la voix.

Et au spectacle ? ils sont vachement bruyants, discutant à tout bout de champ. Je n’ai pas testé le cinéma (bon, passer une heure et demi à écouter un film que je ne comprendrais pas, non merci !), ils se font même livrer à manger dans la salle de cinéma.

Et le bruit ne concerne pas que les jeunes. Même lors de balades dans la nature, on voit des adultes avec un baffle et la musique à tout casser. C’est très pénible. Les temples eux-mêmes (sauf quelques cas de temples perdus ici ou là) ne font eux-même pas exception : loin des lieux de recueillement qu’on pourrait imaginer dans un temple bouddhiste ou zen, ce sont des lieux bruyants. Il n’y a pas, comme chez nous, cette espèce de silence respectueux dans les lieux de cultes ou les lieux grandioses.

Ah oui, une dernière chose à propos du bruit, comme il n’y pas vraiment de week-end ici, vous pouvez être réveillé à 7h du matin le dimanche par des marteaux-piqueurs ou être tenu éveillé jusqu’à 23h par la bétonnière de la nouvelle station de métro qui est construite à côté de l’appart.

Ces gens-là – 13 – Les dames blanches et autres questions de temp(érature)s

Les dames blanches

Non, je ne vais pas encore une fois parler de nourriture… Je vais parler des dames d’ici. Beaucoup d’entre elles, surtout dans les quartiers « huppés » que je fréquente principalement (et oui, sorry !), se font un point d’honneur de garder la peau la plus blanche possible. Exactement comme chez nous, au XIXème siècle et avant : une peau bien blanche permet de se distinguer des paysans et autres ouvriers (de la voirie par exemple) qui ont le visage buriné par le soleil.

Et donc, nous voyons ces dames avec des grandes visières (comme les joueuses de tennis, pas la casquette, juste le visière) plus ou moins folkloriques et des grosses lunettes noires. Certaines vont même plus loin et porte un masque (pas le masque du Covid, un masque plus couvrant) de sorte qu’elles sont plus voilées qu’avec une burkha. Plus basiquement, on voit pas mal de parapluies pour l’instant (alors que pas une goutte de pluie n’est prévue…) qui servent simplement d’ombrelle… Alors imaginez vous conduire votre vélomoteur électrique avec un parapluie dans une main et votre smartphone dans l’autre… Waw !

Autre accessoire de l’été que je ne comprends pas : certaines et certains (femmes comme hommes) portent des espèces de sous-manches collant à la peau et recouvrant l’avant bras jusqu’au début du biceps. Pourquoi mettre un accessoire qui colle à la peau (et donc chaud sans doute) alors que si on veut se protéger du soleil, on pourrait simplement mettre des chemises à longues manches…

Retrouvez l’erreur

Temps (weather) : il fait caniculaire ici. La température avoisine les 40 degrés en journée et ne descend que rarement en dessous des 25° C la nuit. Mais voici deux captures d’écran faites à la même heure. Trouvez l’erreur.

Sur l’écran de gauche, la température d’aujourd’hui ne montera que jusqu’à 39°C; sur l’écran de droite, elle atteindra 41°C.

Une explication ? L’écran de gauche, correspond à la météo officielle, l’écran de droite est une application américaine… Or, une loi, ici, prévoit qu’on ne travaille pas (à l’extérieur) au delà de 40°C… Donc la météo officielle ne montera quasiment jamais au delà de 39°C. Sympa, non ? Dans un pays avec un régime qui est censé être un système au profit du travailleur…

Ces gens-là – 12 – Sans travail et IA

Ce pays, malgré sa puissance montante, risque de connaître prochainement une crise de grande ampleur qui pourrait tourner à une crise de régime. Une des causes ? Le chômage qui atteint des sommets importants et qui va sans doute vers d’autres sommets encore plus catastrophiques. Selon les chiffres officiels (valant ce qu’ils valent !) le chômage des jeunes (de 16 à 24 ans) atteignait en avril 2023 plus de 20% soit 1 jeune sur 5.

Fin juin, ce sont 11 millions (oui, la population belge) de nouveaux diplômés qui vont encore gonfler ces chiffres. Les causes ? La fin de la politique contre la pandémie n’a pas redonné confiance et n’a pas boosté l’économie comme on aurait voulu s’y attendre. Mais aussi les restrictions imposées par le régime qui grèvent les investissements des sociétés étrangères, qui obligent certaines sociétés, dont celles de la high tech, à licencier à tour de bras de même que dans l’enseignement…

Dernière nouveauté, la loi anti-espionnage renforce le contrôle sur les sociétés et sur ce qu’elles peuvent publier comme information (et donc ce que des sociétés externes peuvent récolter comme information). Des grandes sociétés d’audit comme Deloitte sont en grande difficultés ici, ce qui ne favorise pas du tout le retour des investisseurs étrangers.

Et ceci n’est que le début. Ce pays est un des (si ce n’est le) champions de l’intelligence artificielle (IA).

Ci-dessous un premier essai de chaîne d’info 24/24 animée par une IA.

A Fuzhou, dans le sud-est de la Chine, l’entreprise technologique Netdragon est dirigée par Tang Yu, une femme virtuelle, créée par les employés eux-mêmes.

Tang Yu est une intelligence artificielle. Elle est donc disponible 24 heures sur 24. Cette patronne a sous ses ordres 6000 salariés, qui n’ont aucun secret pour elle. Horaires, projets, performances: elle sait tout d’eux.

« Tang Yu bonjour, quel est mon bilan ce mois-ci? » lui demande Ge Yan. « Bonjour camarade », répond-elle. « D’après le règlement, au vu de tes données, de tes résultats et de tes évaluations de compétences, tu mérites une augmentation », lui annonce-t-elle.

Et ceci ne sont que deux exemples parmi d’autres : des influenceuses et influenceurs virtuels sont de plus en plus présents sur les réseaux sociaux (alors que beaucoup de jeunes de nos pays y voient un métier d’avenir). Une influenceuse (en chair et en os) s’est même fait virtualisée pour pouvoir plus facilement interagir avec ses 500 000 abonnés. Son double virtuel retient en effet tout des interactions avec chaque abonné et peut réagir 24/7.

Les graphistes de jeux vidéos ne peuvent plus rivaliser avec l’IA qui crée des dessins en 5 minutes alors qu’il leur faut plusieurs heures pour le faire.

Et les robots dotés d’une certaine IA ? J’en ai croisé 3 différents jusqu’à présent :

  • Une mini voiture de patrouille de police complètement autonome qui patrouillait dans un centre commercial.
  • Un robot serveur dans un restaurant qui amène les plats commandés à la table en question.
  • Un robot glacier qui circulait dans la foule; s’arrête quand quelqu’un semble lui faire signe; vous cliquez sur une des boutons de choix (4 parfums) et vous scannez le QR code pour payer; puis une boite s’ouvre pour vous donner votre glace (une espèce de frisko peu appétissant).

Bref, certaines études montreraient qu’un quart des emplois du pays pourraient être remplacés par l’IA d’ici 20 ans…