Animaux et symbolique – 1 – Les animaux fantastiques – Le Dragon

Je l’ai déjà souvent souligné dans ces pages, le peuple d’ici est très superstition et voit des symboles dans tout (ce que l’Occident a pas mal perdu). Bien sûr, les animaux n’échappent pas à ceci. Donc commençons une petite série sur la symbolique de certains animaux.

Les animaux fantastiques

Dans les légendes d’ici, on trouve essentiellement 7 animaux fantastiques : le Dragon, le Qilin (licorne), le Fenghuang (phénix), Pixiu, Nian, le renard à neuf queues et Taotie.

Commençons par le dragon dont c’est l’année.

Dragon Lego et ses amis pandas fait pendant mes heures perdues…

Le Dragon

Le dragon se dit : lóng en chinois et s’écrit
Caractère simplifié : 龙
Caractère traditionnel : 龍

Sur l’image à droite, on voit l’évolution de l’écriture d’un serpent à pattes et corne vers le même animal qui perd ses pattes mais est couronné. Le caractère se retourne et puis la tête (à gauche) se sépare du corps (à droite) pour donner le caractère traditionnel et puis une évolution semble-t-il de la partie droite uniquement vers le caractère actuel.

Dragon occidental, dragon extrême-oriental

L’image occidentale du dragon peut remonter à la mythologie grecque avec des bêtes fantastiques comme Python, Ladon, l’Hydre de Lerne,… mais ce sont plutôt des êtres du type serpent dans l’iconographie de l’époque que la représentation « classique » du dragon à quatre pattes et ailé. Le mot dragon vient d’ailleurs du grec ancien δράκων, du verbe δέρκομαι, « voir, percer du regard » avec un idée claire de gardien (souvent enfermé dans un grotte ou un sous-sol).

France Champagne Guérard, Grégoire, Musée du Louvre, Département des Peintures, MNR 28 – https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010057745 – https://collections.louvre.fr/CGU

Les mythologies nordiques, celtes, germaniques, slave renforcent cette idée d’un être chthonien, crachant du feu, plutôt maléfique et destructeur mais souvent gardien d’un trésor. Les légendes médiévales vont dans le même sens avec l’image fameuse de Saint Georges terrassant le dragon. C’est encore l’image renvoyée dans l’imaginaire actuel via le Hobbit de Tolkien ou la fameuse série Game of Thrones.

Pas de tout cela en Extrême-Orient. Les dragons d’Asie sont des êtres en général bienveillants, même si des penseurs bouddhistes ont introduit l’idée que certains dragons pouvaient être responsables de destructions suite à des affronts humains.

Autres différences fondamentales entre les dragons asiatiques et leurs cousins européens : leur forme est longiligne, et l’élément auquel ils sont le plus souvent associés est l’eau.

Dans les croyances populaires chinoises, le Dragon est donc la divinité des phénomènes aquatiques – chutes d’eau, rivières et mers – et détermine les sécheresses ou les inondations. Ils ont même parfois la réputation de maîtriser le climat, en particulier la pluie, et peuvent posséder de nombreux pouvoirs surnaturels selon la source des légendes…

Aux époques primitives, la plupart des villages, principalement ceux à proximité d’un point d’eau, se devaient de posséder un temple dédié au dragon local, afin de lui offrir des sacrifices en période de crise pour obtenir son aide ou son pardon.

En raison de sa connotation extrêmement positive, le dragon est devenu le symbole des empereurs puis par extension celui de la culture chinoise. Cependant, les autorités chinoises, craignant l’image négative du dragon en Occident, préfèrent aujourd’hui mettre en avant des «mascottes» plus sympathiques comme le panda. Pourtant, la population reste très attachée à l’image du dragon, notamment dans l’astrologie : le signe du Dragon est l’un des plus populaires et recherchés car il symbolise la puissance et la réussite.

À noter :
  • Dans le milieu des triades, les tatouages de dragon ont une signification très sérieuse. Il se dit que seuls les puissants peuvent se permettre de porter de tels motifs, sinon, l’animal mythique risque de consumer le porteur non digne.
Tatouage d’un ancien membre d’une triade de Hong Kong

L’apparence du Dragon chinois

Dessin de dragon que j’ai demandé à Dall-E (intelligence artificielle) de générer en style impressionniste.

L’apparence du dragon oriental, et donc chinois, on l’a dit, est bien différente de celle du dragon occidental. Longiligne tel un serpent et doté de quatre pattes, il mélange les traits de plusieurs animaux : des cornes de cerf, une tête de chameau, des yeux de démon, un cou de serpent, un ventre de mollusque, des écailles de carpe, des griffes d’aigle, des pattes de tigre, des oreilles de vache.

La perle que l’on voit parfois en dessous du menton ou dans ses griffes symbolise le bien-être, la chance et la prospérité. Par contre, la plupart des dragons chinois n’ont pas d’ailes, et leur capacité à voler relève d’un pouvoir magique.

Les origines du Dragon dans la culture chinoise


Dragon en jade de la culture Hongshan . Collection du National Palace Museum.

Depuis quelques années, les découvertes archéologiques ont montré que le dragon jouait déjà un rôle majeur dans les cultures néolithiques de la Chine. Les plus anciennes représentations connues à ce jour datent du IVème millénaire avant notre ère. Elles ont été découverte en Chine du Nord, dans des sites de la culture dite de Hongshan, et en Chine centrale, dans un site appartenant à la culture de Yangshao.

Il est difficile de déterminer comment s’est forgé le mythe du dragon en Chine, et les seules réponses semblent venir des cultures primitives : il pourrait être le résultat de la fusion des totems de différentes tribus, notamment en fusionnant des animaux tels le serpent et le poisson.

Une autre hypothèse implique que le dragon chinois aurait été inspiré par le crocodile marin, plus grand reptile vivant aujourd’hui. Les crocodiles étaient d’ailleurs dans des temps anciens perçus comme une variété de dragons…

Le mythe du Dragon

La tradition chinoise considère qu’il y a quatre grands rois dragons correspondant chacun à une des mers entourant l’Empire du milieu : la Mer de Chine orientale pour Ao Guang, la Mer de Chine méridionale pour Ao Qin, la Mer de Chine occidentale (l’Océan indien) pour Ao Run, et la Mer de Chine septentrionale (le Lac Baïkal) pour Ao Shun.

Symbole de l’Empereur

L’empereur Taï Tsung de la dynastie des Tang (626-649)

Plusieurs légendes lient les mythiques empereurs Yan Di et Huang Di (l’Empereur Jaune) au dragon chinois. Une de ces légendes dit que Huang Di utilisait un serpent pour orner son blason. Chaque fois qu’il conquérait une nouvelle tribu il ajoutait l’emblème de son ennemi au sien. Huang Di fut immortalisé en un dragon. Par la suite, le dragon est devenu le symbole des empereurs. Les anciens empereurs appelaient leurs fils « graines de dragon » tandis qu’ils qualifiaient leurs vêtements et leur trône, respectivement, de « robes du dragon » et de « trône du dragon », et, comme nous l’avons vu, l’emblème sur le drapeau de la dynastie Qing représente un dragon. Les épouses des empereurs étaient quant à elles associées au Fenghuang, le Phénix chinois. Pour différencier l’empereur de ses sujets, le Fils du Ciel était le seul à pouvoir porter des motifs de dragon à cinq griffes, image qui représente aujourd’hui la Chine dans son intégralité (le dragon à quatre griffes représente la Corée, celui à trois griffes représente le Japon).

Le dragon et les chiffres

Nous l’avons déjà dit, les gens d’ici portent beaucoup d’importance et de signification aux chiffres. Il est donc logique que le Dragon soit associé à l’un des plus positifs, le 9. C’est pourquoi le dragon est considéré comme ayant 9 attributs et 117 écailles : 81 yang et 36 yin (chaque fois un multiple de 9). Dans les palais impériaux (par exemple dans le Parc Beihai à P3kin), on peut trouver des murs à neuf dragons (ou 9 fils du dragon).

  1. Qiúniú aime la musique, on le retrouve sur de nombreux instruments à cordes.
  2. Yázì a mauvais caractère, on le retrouve sur les armes antiques.
  3. Cháofēng ne craint rien, il aime prendre des risques, on le retrouve à l’angle des toits de nombreux bâtiments impériaux.
  4. Púláo adore rugir, lorsqu’il rencontre la grande baleine, il rugit de peur, on le retrouve notamment sur les cloches.
  5. Suān’ní ressemble à un lion, on le retrouve sur les pieds des encensoirs ou en protecteur devant les portes.
  6. Bìxì ressemble à une tortue, il a une grande force et peut porter de très lourdes choses, il aime également l’écriture. On le retrouve souvent portant de hautes stèles comportant des textes.
  7. Bì’àn ressemble à un tigre, il est sage et peut déterminer qui est bon et qui est méchant, il apparaît dans les prisons et les tribunaux.
  8. Fùxì aime la littérature, il est représenté sur des tablettes comportant de longs textes et parfois sur des sceaux.
  9. Chīwěn possède un corps de carpe et une tête de dragon, on le retrouve à l’angle des toits, il protège des incendies.

Repères sur l’histoire du pays – 4

Après la période trouble des 5 dynasties et des 10 royaumes, la dynastie Song se met en place. Elle a régné sur la Chine du Xème au XIIIème siècle et est souvent divisée en deux périodes principales : la période des Song du Nord (960-1127) et la période des Song du Sud (1127-1279). Les Song du Nord dirigèrent une Chine largement unifiée depuis leur capitale de Kaifeng. Mais lorsque la partie nord de l’État fut envahie par l’État Jin dans le premier quart du XIIème siècle, les Song déplacèrent leur capitale vers le sud, à Hangzhou.

Fondation de la dynastie

Le chaos et le vide politique provoqués par l’effondrement de la dynastie Tang (618-907) conduisit à l’éclatement de la Chine en cinq dynasties et dix royaumes. Mais un seigneur de guerre releva le défi, comme souvent auparavant, et rassembla au moins quelques-uns des différents États, redonnant au pays une apparence de Chine unifiée. Ainsi, la Dynastie Song fut fondée par le général des Zhou postérieurs Zhao Kuangyin (927-976), qui fut promu empereur par l’armée en 960. Il régnera sous le nom de Taizu (‘Grand Progéniteur’). Pour s’assurer qu’aucun général rival ne devienne trop puissant et n’obtienne le soutien nécessaire pour s’emparer du trône, l’empereur introduisit un système de rotation pour les chefs de l’armée et balaya toute opposition. En outre, il s’assura que la fonction publique jouisse désormais d’un statut supérieur à celui de l’armée en lui conférant le rôle d’organe de contrôle.

L’empereur Taizu de Song fut remplacé par son frère cadet, l’empereur Taizong (‘Grand Ancêtre’), qui régna de 976 à 997. La stabilité apportée par les longs règnes des deux premiers empereurs (du moins par rapport aux chaotiques siècles précédents) donna à la Dynastie Song le départ dont elle avait besoin pour devenir l’une des plus prospères de l’histoire de la Chine.

Consolidation et Gouvernement

Taizu conquit peut-être une grande partie de la Chine centrale, mais ni lui ni ses successeurs ne réussirent à conquérir la dynastie khitan Liao au nord, qui contrôlait la zone défensive vitale de la Grande Muraille. En effet, les cavaliers khitans étaient si supérieurs qu’ils envahissaient la Chine des Song à volonté et que les empereurs Song étaient contraints de payer à leurs voisins un tribut annuel sous forme d’argent et de soie. Une situation similaire se produisit avec l’état tangoute Xia au nord-ouest. Un tribut leur fut également versé à la suite d’une défaite en 1044, afin que les empereurs Song puissent maintenir une frontière pacifique et se concentrer sur la consolidation de leur domination de la Chine centrale et la gestion de leurs 100 millions de sujets. Les paiements de tribut étaient énormes mais inférieurs aux coûts d’une guerre ou du maintien d’une présence militaire constante dans la région. En outre, comme le commerce était florissant entre ces états, une grande partie de la valeur du tribut revenait de toute façon à la Chine en paiement de ses exportations.

Northern Song Dynasty Map

Bien que les Song aient été capables de gouverner une Chine unie après une longue période de division, leur règne fut affecté par les problèmes d’un nouveau climat politique et intellectuel qui remettait en question l’autorité impériale et cherchait à expliquer ce qui avait failli dans les dernières années de la dynastie Tang. L’un des symptômes de cette nouvelle pensée était le renouveau des idéaux du Confucianisme, le Néo-Confucianisme, qui mettait l’accent sur l’amélioration du soi dans un cadre métaphysique plus rationnel. Cette nouvelle approche du Confucianisme, avec son ajout métaphysique, permettait désormais de renverser l’importance que les Tang avaient accordée au Bouddhisme, considéré par de nombreux intellectuels comme une religion non chinoise.

L’affrontement des idéaux politiques et religieux à la cour conduisit souvent à des factions et à des exils préjudiciables, mais le véritable problème, bien sûr, ne fut jamais vraiment abordé. Il s’agit de la grande inégalité des richesses dont souffrait la Chine depuis des siècles. Une tentative de réforme fut les Nouvelles Politiques du chancelier Wang Anshi (1021-1086), qui souhaitait alléger les charges des éléments les plus pauvres de la société. Il proposa des réformes telles que la substitution d’un impôt en nature à un service de travail, l’offre de prêts à taux d’intérêt réduit, et la réalisation de nouveaux relevés fonciers visant à répartir plus équitablement les obligations fiscales. Ces réformes se heurtèrent toutefois à l’opposition presque totale des administrateurs locaux dont l’intérêt était le statu quo et leur réseau bien établi d’amis et de pots-de-vin. Dans la pratique, si un nombre croissant de personnes avaient la possibilité de rejoindre la classe des érudits et des bureaucrates qui dirigeaient l’état chinois aux niveaux national et local, et même si la petite aristocratie élargissait considérablement sa base, la grande majorité de la population sous la Dynastie Song restait, comme toujours, les paysans surchargés de travail et surtaxés.

Économie

Si la politique des Song était quelque peu gênante pour les empereurs, au moins l’économie était en plein essor. Bianjing (aujourd’hui Kaifeng), déjà capitale sous les dynasties précédentes, était l’une des grandes métropoles du monde sous les Song. Avec une population d’environ un million d’habitants, la ville bénéficiait de l’industrialisation et était bien approvisionnée par les mines voisines produisant du charbon et du fer. Important centre commercial, Kaifeng était surtout célèbre pour ses industries d’imprimerie, du papier, du textile et de la porcelaine. Ces produits étaient exportés le long de la Route de la Soie et à travers l’Océan Indien, tout comme le thé, la soie, le riz et le cuivre.

Women Checking Silk, Song China.

L’agriculture, dans l’ensemble, devint beaucoup plus efficace, et les fermiers cherchaient à produire plus que ce dont ils avaient besoin pour leurs propres besoins. Les villes devinrent plus densément peuplées, les marchés prospérèrent et les agriculteurs commencèrent à cultiver des produits pour lesquels ils savaient qu’ils pourraient demander des prix élevés, comme le sucre, les oranges, le coton, la soie et le thé. Pour transporter toutes ces marchandises par les canaux et la mer jusqu’aux endroits où elles étaient demandées, des milliers de navires furent construits, et c’est ainsi qu’une nouvelle industrie connut un grand succès. Les entreprises devinrent plus grandes et plus sophistiquées, avec différents niveaux de gestion et de propriété. Les guildes, les grossistes, les partenariats et les sociétés par actions se développèrent dans leur ensemble et l’économie chinoise commença à prendre lentement l’apparence de quelque chose de proche du modèle industriel d’aujourd’hui.

Arts et Sciences

Sous les Song, la Chine devint une nation plus moderne et plus industrialisée grâce à des innovations dans le domaine des machines, de l’agriculture et des processus de fabrication. Parmi les inventions importantes ou améliorations d’idées existantes, citons les bateaux à roues à aubes, la poudre à canon, le papier-monnaie, la boussole fixe, le gouvernail de poupe, les portes d’écluses des canaux et la presse à imprimer à caractères mobiles (déjà connue sous les Tang mais amplement développée).

La littérature fut en plein essor pendant la Dynastie Song. Lie Jie écrivit un célèbre traité d’architecture, Yingzao Fashi (1103), et des encyclopédies virent le jour. De célèbres ouvrages d’histoire furent rédigés, comme le Zizhi Tongjian (Miroir Complet d’Aide au Gouvernement) de Sima Guang qui, publié en 1084, couvrait l’histoire de la Chine de 403 av. JC à 959 de notre ère. Cette période vit la publication d’un grand nombre d’œuvres poétiques. L’un des poètes les plus célèbres est Su Dongpo, ou Su Shi (1037-1101), qui écrivit, comme beaucoup de ses contemporains, sur l’amour, la solitude et le chagrin.

Les femmes de la période Song eurent sans doute moins de chance que leurs prédécesseurs, et des pratiques telles que le bandage des pieds en particulier, devinrent plus courantes. Cependant, une poétesse renommée fut Li Qingzhao, qui décrivit de façon fameuse l’exil de sa famille en 1127, et son chagrin à la mort précoce de son mari.

Travelling among Streams & Mountains by Fan Kuan

Les arts visuels en général prospérèrent, alimentés par la demande croissante d’une classe moyenne de plus en plus riche. La porcelaine fine et le théâtre furent très prisés par la nouvelle élite urbaine. Les peintures de paysages tendaient à un plus grand réalisme, l’une des plus célèbres étant Voyage Par-delà les Fleuves et les Monts, peinture sur soie de 2 x 1 m, de Fan Kuan (c. 990-1030). La peinture de fleurs et d’animaux sauvages, notamment d’oiseaux, devint également très populaire chez les artistes de la Dynastie Song. L’appréciation de l’art fut telle que nombre des artistes les plus célèbres faisaient ingénieusement copier leurs œuvres, et ces contrefaçons, parfois garnies du sceau estampé de l’artiste, continuent de tromper les antiquaires jusqu’à aujourd’hui.

Menaces Territoriales

Au début du XIIème siècle, la position de la Chine en tant que maître de l’Asie orientale était de plus en plus menacée par les attaques des États Liao et Xia au nord. Plus dangereux encore étaient les Jürchen, peuple tribal du nord-est de la Chine. Ancêtres des Mandchous, ils parlaient la langue toungouse et avaient déclaré leur propre État, le Jin, en 1115. Les Song profitèrent de leurs ambitions territoriales, et les deux États unirent leurs forces pour vaincre les Liao. Malheureusement, bien qu’ils eurent atteint leur objectif, les Song montrèrent plutôt leur faiblesse militaire. Ainsi, en 1125, l’État Jin attaqua des régions du nord de la Chine. L’empereur Huizong (règne de 1100 à 1126) fut capturé avec des milliers de personnes et, en plus de la perte d’une grande bande du territoire, les Song furent contraints de payer une rançon massive aux Jürchen pour éviter d’autres pertes humaines.

La défaite obligea la cour des Song à se déplacer dans la vallée du Yangtze, et ils finirent par établir une nouvelle capitale en 1138 à Hangzhou, dans la province du Zhejiang. Ce fut le début de la Dynastie des Song du Sud. Le rétrécissement des terres des Song ne freina pas l’essor de l’économie car, heureusement, les grands ports de commerce de la nouvelle capitale, Quanzhou et Fuzhou se trouvaient tous dans le sud et continuaient à prospérer comme des villes multinationales où un nombre important d’immigrants musulmans et hindous étaient installés en permanence. Le sud était également beaucoup plus fertile et continuait à produire des excédents à chaque récolte.

Map of Southern Song & Jin States

Heureusement pour l’empereur Song, il contrôlait toujours la partie la plus riche de son ancien état et environ 60 % de la population. Hangzhou se développait. Célèbre pour ses canaux et ses jardins pittoresques, c’était un centre commercial prospère produisant de la soie et des bateaux, et comptant une population de plus d’un million d’habitants. Les défaites militaires amenèrent également les dirigeants et les intellectuels des Song à repenser leur stratégie et à s’efforcer d’aider toutes les couches de la société. Dans la capitale, les pauvres recevaient par exemple des allocations gratuites et une aide médicale.

L’Invasion Mongole

Alors que les Song s’étaient habitués à leur nouvel état après le terrible bouleversement causé par les Jürchen, une menace encore plus grande apparut, une fois de plus venant du nord. Les tribus nomades mongoles s’étaient rassemblées sous la direction de Gengis Khan (règne de 1206 à 1227), et elles attaquèrent et pillèrent à plusieurs reprises les états Xia et Jin au cours des trois premières décennies du XIIIème siècle. Les Song pensaient qu’ils seraient les prochains et préparèrent donc leurs armées, en les finançant en grande partie avec les richesses confisquées à l’aristocratie foncière – politique qui n’améliora pas l’unité interne. Il y eut cependant un sursis, car les Mongols furent assez occupés à l’extension de leur empire en Asie occidentale.

Pingyao – 6 – Un village forteresse dans la montagne

Zangbi est un village, fort sympathique, construit au-dessus d’une ancienne forteresse. Celles-ci aurait été construite il y a 1400 ans (sans aucune certitude) sous la dynastie Sui et ne fut redécouverte que très récemment. La forteresse est constituée d’une dizaine de km de tunnels sous le village et de quelques murailles en terre. Les tunnels descendaient jusqu’à 26 m sous le niveau du sol. La forteresse et les tunnels, plein de chausses-trappes et d’oubliettes n’aurait… jamais servi.

Dans les images qui suivent, vous verrez une maquette du site; une des entrées secrètes (dans l’armoire); une sortie qui donne directement sur une falaise; une Victoria un peu claustro…

Le village de Zhangbi (avec la muraille).

Le coin des temples (il y en avait trois les uns à côté des autres).

Et un mini-musée de certaines idoles locales… (le musée avait aussi une belle collection de médailles communistes et d’armes récentes).

Pingyao – 5 – Le complexe de la famille Wang

Situé à 25 km de la ville de Pingyao, le complexe de la famille Wang est un grand ensemble architectural. Le complexe a été construit par la famille Wang.

La famille Wang locale remonte à une migration de Taiyuan vers Jinsheng en 1312 pendant la dynastie Yuan. Selon la tradition familiale, la richesse de la famille s’est développée grâce à la vente de tofu. Les Wang locaux atteindraient leur apogée de richesse et de pouvoir au XVIIIème siècle après avoir accumulé des richesses grâce aux affaires et à leur position dans les gouvernements locaux.

Au cours de plusieurs générations, le complexe a été construit à grande échelle pendant la période allant du règne de l’empereur Kangxi (1661-1722) à celui de l’empereur Jiaqing (1796-1820). Au XIXème siècle, la fortune de la famille déclina. La famille Wang a été chassée de l’enceinte familiale pendant la guerre sino-japonaise.

Au total, il y a 231 cours et 2 078 chambres sur le site réparties sur 8 hectares. Les cours sont à deux étages (l’étage supérieur étant généralement réservé aux filles et aux femmes). La zone principale du complexe est divisée par un fossé sur lequel traverse un pont de pierre. Dans les cours se trouvent différentes pièces de vie et de travail, des cuisines, des écoles et des pavillons de prière. Les sculptures ornées en pierre, en brique et en bois sont remplies de symbolisme.

Entrée principale du complexe. Dans cette allée sud, en face des deux lanternes rouges, on voit les murs « anti-mauvais esprits » sur lequel se trouve des bas-reliefs très symboliques pour les chasser.

Quelques bâtiments avec du bois merveilleusement taillé.

Intérieur où l’on retrouve l’espèce d’estrade en-dessous de laquelle circule le chauffage.

Quelque bas-relief pleins de symbolisme : la grenade pour la fertilité, le cerf qui se prononce comme « richesse » ou « prospérité » et le Qilin (mal traduit par « licorne ») généralement décrit avec un corps de grand cerf, une queue de bœuf, le front d’un loup et les sabots d’un cheval. Ses yeux et ses moustaches sont par ailleurs semblables à ceux du dragon asiatique. Et un petit autel familial (où des touristes déposent encore des offrandes).

Le pont traversant le grand fossé et menant à l’autre partie (plus grande et plus récente) du complexe.

Pingyao – 4 – Un temple confucéen

Au détour des rues de Pingyao, nous entrons dans un temple confucéen. Ce temple est encore régulièrement le lieu de prière des étudiants devant passer un examen ou de leurs parents. Confucius (511-478 av J.-C.) est notamment vénéré comme grand enseignant.

Le temple confucéen de Pingyao était traditionnellement une école. En Chine, pendant les sessions des examens impériaux, les gens venaient les passer ici. Construit sous la dynastie Tang, au VIIème siècle, le temple a pris sa forme actuelle en 1163. C’est un des mieux conservés de la Chine actuelle.

Le temple est constitué de 5 cours consécutives du sud au nord.

D’abord un mot de la première photo. Au bout de la rue, on voit un mur (percé d’un grand trou rond) qui cache l’entrée du temple. On retrouvera ce principe d’un mur juste devant l’entrée à plusieurs reprises . Il s’agit encore d’une superstition : les esprits mauvais (fantômes), étant stupides, ne pourront contourner le mur pour atteindre l’entrée (même principe que pour les seuils surélevés dont j’ai déjà eu l’occasion de parler). Le grand trou étant pour le passage de l’esprit (bénéfique) du meilleur élève.

Porte de Lingxing

Lingxing est le dieu chargé de choisir les personnes talentueuses dans la Chine ancienne. Par conséquent, une porte Lingxing est généralement placée devant le temple de Confucius pour montrer que Confucius est le représentant de Lingxing sur terre. Cela montre également le statut élevé de Confucius dans la Chine ancienne.

Première cour – Lieu de préparation aux rites

Dans cette cour, il y a des salles où les personnes venant prier peuvent prendre des douches, se changer et stocker les offrandes sacrificielles. Il y a une salle à l’ouest et une autre à l’est, pour commémorer les fonctionnaires et les habitants qui ont apporté de grandes contributions à Pingyao. Au nord de la cour se trouve la porte Dacheng menant à la deuxième cour.

Deuxième cour – Vénération de Confucius

La salle Dacheng est principalement utilisée pour vénérer Confucius, construite sur une plate-forme d’un mètre de haut. Confucius, avec des expressions faciales douces, paisibles, mais aussi strictes et dures, se tient à l’intérieur. Sur les côtés, les salles Dongye et Xiwu sont principalement utilisées pour vénérer les 72 sages confucéens.

Troisième cour – Ancienne école

La salle Minglun est la salle principale de la troisième cour du temple Confucius de Pingyao, autrefois utilisée comme salle de conférence sous les dynasties Ming (1368 – 1644 après JC) et Qing (1644 – 1912 après JC). La salle Shixi à l’est et la salle Rixin à l’ouest étaient autrefois des salles de classe.

Quatrième cour – Adoration du Ciel

Cinquième cour – Ancienne bibliothèque

Pingyao – 3 – La Banque

Nous l’avons dit, Pingyao est le berceau du système bancaire chinois. C’est là, entre le XVIIème et le XIXème siècle que ce sont développées des pratiques bien connues comme le billet à ordre ou le billet de banque. Au début, les échanges commerciaux se payent en métaux et notamment en argent. Alors, ici, pas vraiment de pièces en argent (sauf les « petites coupures ») mais des espèces de petit lingots qui ont une forme de siège comme celui que vous pouvez voir dans la cours devant le gros vase.

Les visiteurs superstitieux s’assoient d’ailleurs dessus espérant bonne fortune.

Cette banque, Rishengchang, était une mini ville en tant que telle où vivaient plusieurs dizaines de personnes : les dirigeants de la banque (notamment Lei Lutai, le premier general manager de la banque, mort à son bureau en 1849), les employés mais aussi les étudiants et bien sûr le petit personnel.

Sur les photos, vous voyez un bureau sur une estrade. En dessous de celle-ci passait le chauffage. Nous reverrons ce principe dans certaines demeures. Sur une des photos, on aperçoit, au dessus d’une partie de la cour, un filet avec des clochettes. Ce genre de filet recouvrait toutes les cours et servait d’alarme contre les tentatives de vol…

Pingyao – 2 – la ville

Pingyao est donc une petite ville de plaine entourée d’un rempart et construite suivant le plan très classiques des villes chinoises : un axe nord-sud et un axe est-ouest. La vieille ville se meurt car les gens la quittent pour sa voisine la ville neuve où ont migrés hôpitaux, écoles, commerces. Si le tourisme ne prend pas, elle rejoindra bientôt le cimetière des villes fantômes.

Pingyao – 1 – le Temple Shuanglin

Petit week-end à Pingyao avec ma fille aînée en visite ici pour 3 petites semaines.

Il s’agit d’une petite ville (500 000 habitants) située à 485 km au sud-ouest de P3kin. Il ne s’agit pas cette fois d’une ancienne capitale mais d’une ville qui fut un grand centre commercial et financier du XVIème au XIXème siècle (commerce de la soie et banques). Les premières banques chinoises s’y sont développées. Nous y reviendrons.

Mais avant d’entrer dans la ville, un ancien temple bouddhiste, le temple Shuanglin (à ne pas confondre avec le monastère Shaolin dont j’ai parlé ailleurs). Ce temple est célèbre pour ses sculptures sur bois (Bouddha, Bodhisattva, guerriers gardiens, Arhat, généraux « sanctifiés » et autres saints bouddhiques).

  • Bouddha : C’est le sommet à atteindre dans la bouddhisme, la libération, l’éveil. Je ne présente pas le premier d’entre eux, Siddhārtha Gautama, ce prince indien qui, né dans la richesse, fait quatre rencontres (un vieillard, un malade, un cadavre et un ermite) qui transforment sa vie. Un des temples du complexe ici représente, en bas-reliefs en bois, les étapes importantes de sa vie.
  • Bodhisattva : on pourrait parler de « grands disciples » de la doctrine bouddhique. En Chine, quatre d’entre eux ont une nature double de bodhisattva et de divinité de la religion populaire. Un des temples leur est consacré.
  • Arhat : personnages (réels) qui ont atteint le nirvana et ont donc terminé le cycle de réincarnations. Il s’agit du premier titre donné à tous les bouddhas, et le mot signifie en quelque sorte « libéré des passions et du samsâra » (ndlr: cycle de réincarnation). On peut aussi le comprendre comme « digne », c’est-à-dire « digne de vénération ».
  • Généraux honorés : un de temples est consacré à plusieurs grands généraux de l’histoire impériale chinoise qui sont honorés par les fidèles comme les catégories précédentes de personnages.

Malheureusement, il y avait une interdiction de photographier la plupart des sculptures. Mais le travail du bois est très intéressant.

Le temple en tant que tel, a la structure très classiques : différents temples en enfilade, précédés chacun d’une cour (où normalement les fidèles brûlent de l’encens et prient) entourée chacune de quelques bâtiments de service. Ici, pas d’encens. Le complexe étant tout en bois dans un climat très secs, on évite les risques.

Dans les photos suivantes, un tout petit exemple de sculptures polychromes mais qui vous donnent malheureusement un très pauvre aperçu de l’ensemble.

Le Temple du Ciel – 2

Une autre petite visite au Temple du Ciel (au sud de la place T. voir ici) avec ma grande fille.

Donc nous avons d’abord la demeure du Seigneur du Ciel (un des titres de l’Empereur).

Et également le temple pour les Bonnes Moissons.

La région de Guilin – jour 4 – Daixu

Une petite ville près de Guilin dont le centre a gardé de l’authenticité et des vieilles ruelles historiques. Fondée vers 200, cette ville le long de la rivière Li fut l’un des 4 grands marchés de la province.

Fruits, légumes et condiments qui sèchent à même le sol…