Le Palais d’été – 2 – yíhéyuán

Petit retour sur le Palais d’été (voir ici pour une première visite) et quelques corrections. Déjà le nom est trompeur. Il ne s’agit pas du palais d’été des empereurs mais d’un grand parc où l’empereur (et surtout l’impératrice Cixi) se rend régulièrement que ce soit l’été ou en d’autres saisons. Le « vrai » ou « ancien » palais d’été se situe pas loin mais a été détruit en 1860 par les corps expéditionnaires franco-anglais (de nombreux panonceaux rappellent cela aux méchants touristes occidentaux). Donc, nous somme là dans un grand parc entourant un grand lac au nord-ouest de la ville.

Le lac est important car c’est le début d’un chapelet de lacs qui mène l’eau jusqu’au centre de la ville et notamment à la Cité interdite.

Les débuts de ce parc remonterait au XIIe siècle avec petit à petit des bâtiments, des temples ajoutés puis l’endroit fut délaissé au début du XIXe siècle. Après la destruction de l’ancien palais d’été, l’Impératrice douairière Cixi (vie intéressante !) fait (re-)construire des bâtiments dans ce parc. Pour la petite histoire, elle aurait utilisé du budget militaire pour le faire (au grand dam des militaires concernés) soi-disant parce que cela rehausserait la puissance du pays.

Mais voici quelques photos.

L’académie impériale

Juste à l’ouest du Temple de Confucius se situe le Collège Impérial Guozijian plus ou moins dans l’enceinte du temple. Il s’agissait de la plus haute institution éducative des dynasties Yuan, Ming et Qing. Les érudits de toute la nation s’y réunissaient pour approfondir les enseignements de Confucius.

En outre, c’est dans ces salles que les érudits se réunissaient pour préparer les examens impériaux (sous la haute présidence de l’empereur), une série d’épreuves rigoureuses et complexes qui ouvraient la voie aux postes de pouvoir et d’influence au sein de l’administration impériale.

Nous commençons par traverser une salle où se trouvent les stèles reprenant tous les grands enseignements (de Confucius essentiellement).

Le temple de Confucius

Une transition de quelques centaines de mètres et après le Lama Temple, nous voici au Temple de Confucius… Une ambiance totalement différente, dans le dénuement d’une élite intellectuelle qui préfère prier Confucius plutôt que les superstitions du peuple.

Nous y sommes accueillis par des stèles reprenant les noms de tous ceux qui ont réussis les examens impériaux (51 624 noms des 3 dernières dynasties). Le temple d’origine date de 1302.

De magnifiques et vénérables arbres ornent les cours. C’est là que j’ai aperçu un ouvrier nettoyer les déjections d’oiseau par terre…

L’intérieur du bâtiment principal au décors beaucoup plus sobre que le temple bouddhiste d’où nous sortons. Des statues d’animaux rappellent les sacrifices.

Lama Temple

Après quelques mots sur le religion, voici une superbe visite à P3kin un dimanche avec ma femme commençant par le mal nommé Lama Temple. Il s’agit d’un ancien palais princier transformé a posteriori en temple.

Les travaux de construction du Yonghe Gongpalais de la paix et de l’harmonie, ont commencé en 1694 sous la dynastie Qing. Il servait à l’origine de résidence officielle pour les eunuques puis pour le prince Yongzheng. Après l’accession de celui-ci au trône impérial, en 1722, le bâtiment fut converti en lamaserie pour des moines de bouddhisme tibétain. C’est aujourd’hui un des plus fameux temples de tradition tibétaine dans le pays, hors du Tibet lui-même. Il n’abrite pourtant aujourd’hui essentiellement que des moines d’origine mongole (mais pratiquant la doctrine tibétaine du bouddhisme).

Le temple survécut à la Révolution culturelle grâce à l’intervention du Premier ministre Zhou Enlai qui y voyait un symbole de la diversité et de l’unité nationale.

Ci-dessous, l’entrée avec une inscription quadrilingue (l’unité des 4 grandes ethnies) : mandchou, tibétain, chinois et mongol; le lion, symbole impérial de l’ancienne fonction du temple.

Les objets de cultes, la salle de lecture (et une collection de manuscrits anciens) ainsi qu’un mandala permanent et en 3D.

Encore des objets de cultes et un énorme bouddha recouvert de feuilles d’or de 12m de haut.

Ces-gens-là – 20

Comprendre le rapport à la religion

Nous avons déjà abordé ici et là la question religieuse dans ce pays. Il est temps d’en donner une image plus globale ou une meilleure compréhension.

Dès avant les débuts de l’empire (IIIe siècle avant JC), trois « systèmes de pensée » (nous ne débattrons pas ici de la différence entre philosophie et religion) se faisaient concurrence : le confucianisme, le taoïsme et le légisme. A ceux-ci viendront s’ajouter le bouddhisme dès le Ie siècle après JC et surtout à partir du VIIe siècle. Les religions monothéistes arrivant beaucoup plus tard (l’Islam via la Route de la Soie arrivant au VIIe siècle sous la dynastie Tang, à peu près en même temps que le christianisme qui s’est surtout implanté sous la dynastie Yuan – mongole – via les missionnaires à partir du XIIIe siècle; le judaïsme semble aussi être arrivé part la Route de la Soie mais vers le IXe siècle – les Juifs de Kaifeng mais cette histoire est très peu documentée).

Le taoïsme se caractérise par un attachement à l’ordre naturel des choses, à l’harmonie de l’univers notamment dans l’équilibre de ses contraires, le Yin et le Yang. Un temple taoïste sera, typiquement, peuplé d’une multitude de dieux ou d’esprits parfois plus ou moins démoniaques, représentant les différentes forces de la nature. Le taoïsme fut considéré comme la religion du petit peuple, pleine de superstitions et dénigrée par l’élite. Cependant, le terme « harmonie » est encore très présent dans les différents discours du leader.

Avec le bouddhisme, nous montons d’un cran dans les classes sociales (et lors de certaines dynasties, le bouddhisme fut quasi religion d’État). Le bouddhisme chinois appartient principalement à la tradition Mahayana, qui met l’accent sur la possibilité pour tous les êtres de parvenir à l’éveil et souligne le rôle des bodhisattvas, des êtres éveillés, qui restent dans le cycle des réincarnations pour aider les autres à atteindre l’éveil. La méditation et le culte des ancêtres, encore très présents aujourd’hui.

Le confucianisme, avec un accent fort sur l’éducation et la morale des élites, fut longtemps la « religion » des lettrés, essentiellement des fonctionnaires de l’Empire, éduqués, sachant lire et écrire et passant les nombreux examens de l’État.

Le légisme quant à lui est une doctrine développée durant la période des Royaumes combattants juste avant le premier Empire (qui commence en 221 avant JC). Cette doctrine met en avant la Loi, un État fort et centralisé. Le bien-être de l’État est prioritaire et toutes les politiques sont évaluées sur leur utilité pratique à renforcer le pouvoir de l’État et à maintenir l’ordre. Cette doctrine fut critiquée sous la dynastie Han mais au risque, assumé, de faire un anachronisme, je dirais que cette doctrine a toujours une place de choix dans la pensée du pays avec juste le Parti à la place de l’État (ou confondu avec celui-ci).

Toute cette introduction pour dire encore un mot de la place de la religion (ou des systèmes de pensée) dans ce pays…

L’État communiste commence par lutter contre toutes les religions pendant les années 1950, puis les interdit pendant la révolution culturelle (1966-1976) avant de graduellement mettre en place un système de liberté sous contrôle avec l’arrivée de Deng Xiaoping au pouvoir au début des années 80.

Les trois « religions traditionnelles » (taoïsme, confucianisme et bouddhisme) sont depuis tolérée par le régime et ont globalement survécut jusqu’à aujourd’hui. Pourquoi ont-elles survécut et sont-elles tolérées ? Parce qu’elles n’implique pas de transcendance au contraire des trois grandes religions monothéistes. Elles acceptent toutes les trois que l’État (le Parti) soit au-dessus d’elles, de l’individu et de leurs dieux (s’agirait-il d’un héritage du légisme ?).

Au contraire, les trois grandes religions monothéistes impliquent une transcendance : Dieu (Allah ou Yahvé) est au-dessus de tout et ses fidèles Lui sont d’abord inféodés ou fidèles avant de l’être à quoi que ce soit d’autre. Le Parti (et le légisme qui a, selon moi, sous-tendu toute la pensée politique chinoise jusqu’ici) ne peut admettre cela. Il ne peut pas non plus admettre qu’une autorité externe (la Pape, par exemple) puisse supplanter son avis.

Ceci explique certainement en grande partie pourquoi les trois grandes religions monothéistes n’ont pas pu s’implanter fortement dans ce pays alors qu’elles ont conquis les autres continents.

Donc pour comprendre le rapport du peuple ici avec la religion, il est important de comprendre ce rapport : l’État (le Parti) est au-dessus de tout ; aucune religion ne peut le supplanter ; le peuple peut continuer à avoir ses « superstitions » pour autant qu’elles ne mettent pas ce grand principe en cause.

Repères sur l’histoire du pays – 5

Ça y est, nous arrivons dans du terrain plus connu… Mulan, ça vous dit quelque chose ? Qui est-ce qui vient attaquer la Chine dans le dessin animé et dans le film ?

Bon d’abord un mot de Mulan avant d’aller plus loin. La première version de l’histoire de la guerrière Mulan est un chant du nord de la Chine datant du Vème siècle et intitulé La Ballade de Mulan. Ce nord est alors peuplé de nomades non-chinois (Mulan est un nom tabghache, issu d’un peuple turco-mongole venu de Sibérie)… L’intrigue de la ballade est assez similaire à celle reprise par Disney, à ceci près que la famille de Mulan est au courant qu’elle va partir combattre. C’est d’ailleurs son père qui l’entraîne. A la fin de l’histoire, alors qu’elle a avoué sa réelle identité, Mulan ne demande en récompense de ses loyaux services qu’un cheval pour rentrer retrouver les siens. Il ne s’agit ici aucunement d’une épopée patriotique ou féministe : chaque famille doit fournir un(e) combattant(e), qu’il soit homme ou femme. C’est plus un ode à la famille. Par ailleurs, dans ce chant, lorsque Mulan révèle sa véritable identité aux autres soldats, il ne lui est pas reproché de les avoir dupés.

Plusieurs versions de la légende vont en faire petit à petit une icône du patriotisme et puis, au XXème siècle, une icône du féminisme (notamment au moment où les Chinoises luttent contre la tradition des pieds bandés).

Mais revenons en aux envahisseurs : les Huns (peut-être apparentés aux Xiongnu qu’on retrouve dans la littérature chinoise depuis l’Antiquité) car ce sont bien eux qui ouvrent la nouvelles dynasties après avoir envahi le pays (Mulan n’était plus là !).

Plusieurs dates sont donc proposées pour le commencement de la nouvelle dynastie Yuan :

  • 1206, année où, avant de partir à la conquête de la Chine, Temüdjin est élu grand khan des Mongols sous le nom de Gengis Khan.
  • 1234, année où Ögödei Khan, fils de Gengis Khan, conquiert l’empire Jin qui dirige le nord de la Chine.
  • 1260, année du début du règne de Kubilai Khan successeur de son frère Möngke.
  • 1276, année de la réunification de la Chine par la reddition de l’impératrice Song dans sa capitale Hangzhou, et date de la remise à Kubilai du Grand Sceau d’empire.
  • Certains choisissent également 1279, date de la reddition des derniers Song et de l’achèvement de la conquête de la Chine du sud par Kubilai.

Pour bien s’inscrire dans la tradition chinoise, Kubilai Khan donne un nom à sa dynastie : Yuan, qui vient du livre Yi Jing, un classique chinois, et signifie la Force primaire ou l’origine de l’univers.

La Pax Mongolica qui s’établit alors renforce l’importance des routes de la soie et des contacts avec l’extérieur. Bien sûr, Kubilai étant suzerain des trois autres Khanats (le Khanat de Djaghataï en Asie centrale, la Horde d’or sur les actuelles Russie et Ukraine, et l’Ilkhanat de Perse incluant l’Irak et la plus grande part des actuelles Turquie et Afghanistan), ces échanges sont privilégiés mais c’est aussi la période de la visite de certain vénitien relativement connu : Marco Polo qui reste en Chine de 1275 à 1291.

Pour se plonger dans le début de la période Yuan, je ne peux que vous conseiller la série Marco Polo, qui, de mon humble avis, montre bien le souci du premier empereur mongole d’intégrer la culture chinoise pour justifier et légitimer son pouvoir. Malgré le développement d’inscriptions officielles bilingues (mongole-chinois) et le classement des ethnies avec en premiers les mongoles suivi des hans (et interdit de mariage inter-ethnique), il y a un souci d’acculturation des empereurs mongols (ils veulent devenir chinois).

Lisez ou relisez également la BD Vasco : Les princes de la ville rouge pour vous plonger dans l’univers de cette période.

Kubilai déplace sa capitale de Karakorum (en Mongolie) vers Zhongdu, ancienne capitale du peuple nomade Jurchen et de la dynastie Jin (XIIème siècle), qu’il appelle Khanbalik (Cambaluc dans les récits de Marco Polo) et qui deviendra P3kin. Il place ses palais à l’endroit qui deviendra la Cité interdite (construite seulement à partir de 1406).

Durant la période mongole, la monnaie métallique a un moment été complètement remplacée par de la monnaie papier.

Sous la dynastie mongole, une certaine liberté religieuse prévaut : l’élite mongole est essentiellement bouddhiste mais ils respectent les différentes religions locales et écoutent même les envoyés du Pape comme Guillaume van Rubrouck pour les convertir au christianisme.

Malgré leur désir d’acculturation, les empereurs mongoles ne furent jamais considérés comme réellement chinois et perdirent peu à peu leur pouvoir. D’abord, leur suzeraineté sur les autres khanats s’étiola et puis catastrophes naturelles, sécheresse et famines suivies de la fameuse peste noire (milieu du XIVe siècle) eurent raison de leur dynastie.

En 1351, c’est le début de la rébellion des Turbans rouges, dont une des branches provenait de la Secte du lotus blanc (n’en déplaise à Hergé… Mais là, je fais un anachronisme ! Il s’agit d’un ensemble de sectes bouddhistes plus ou moins unifiées, actives du XIVe au XXe siècle), qui se transforme en soulèvement national. La tradition chinoise prétend que le signal de l’insurrection anti-mongole fut donné le soir de la Fête de la mi-automne par des messages dissimulés dans les gâteaux de lune, consommés par les seuls Hans. Les Turbans rouges prennent Khanbalik en 1368 et le 9ème empereur mongol, Togoontomor, prend la fuite et décède en Mongolie intérieure deux ans plus tard. C’est la fin de la dynastie Yuan.

Le musée national

Avec Yannick, nous avons fait une première incursion dans le musée national (à côté de la place T.). Bon, la guide, pas top (ce n’était pas une guide officielle du musée) : par exemple, elle nous parlait tout le temps des arabes confondant ceux-ci avec les perses. Le musée : immense. Nous n’en avons vu (au pas de course) qu’une petite partie concernant l’histoire du pays.

Alors, bien sûr, quelques belles pièces mais apparemment, les plus belle, sont dans la petite île que ce pays voudrait bien récupérer comme partie intégrante du pays (si vous voyez ce que je veux dire…). En effet, en 1949, lors de leur défaite contre les communistes, les nationalistes se sont retirés sur l’île avec un maximum de trésors nationaux.

Imposante façade du musée

Au dessus, plusieurs pièces dont un squelette préhistorique entouré de « dessins » d’animaux en cailloux et coquillages. Un beau tripode en forme d’aigle. Un bi (disque avec un trou au centre) en jade datant de la culture de Liangzhu (3300 – 2000 av. J.-C.). On ne sait pas exactement à quoi ils servaient. José Frèches, sinologue et romancier français, dans sa trilogie romanesques Le Disque de Jade, en fait un outil de divination. Enfin des vases et une des premières pièces avec de l’écriture. Beaucoup de vase contiennent une écriture importante en leur centre (à l’intérieur).

Une momie entourée de plaques de jade et une autre version d’armée de terre cuite de la même période que la fameuse armée sise à Xi’an. Ici les figurines font une septantaine de cm de haut.

Enfin quelques belles pièces plus récentes (je n’ai pas retenu ce qui était de quelle dynastie mais en gros on couvre du Ve au XVIIIe siècle) :

La dernière image montre un de ces fameux vases Ming (celui que toute grand-mère possède et que le beau-fils casse par mégarde 🙂 )…

Animaux et symbolique – 4 – Les animaux sacrés

Selon le Livre des rites, un ouvrage compilé par les confucéens sur base de rites de l’organisation sociale définis sans doute sous la dynastie Zhou (XIe siècle avant JC), les quatre animaux sacrés sont le tigre blanc de l’ouest, l’oiseau vermillon du sud, le dragon vert de l’est et la tortue noire du nord, qui apparurent en même temps que le géant Pangu et l’aidèrent à la création du monde, puis devinrent les animaux souverains du règne animal.

Ces quatre animaux sont les symboles et les gardiens des quatre orients.

  1. dōngfāng qīnglóng : le dragon azur (en fait entre le vert et le bleu) associé à l’est (élément : bois) est parfois représenté par un serpent.
  2. nán fāng zhū què : l’oiseau vermillon associé au sud (élément : feu) est souvent confondu avec le phénix. Deux différences pourtant : la couleur, bien sûr (le phénix est multicolore) mais aussi le phénix est le roi des oiseaux sur terre alors que l’oiseau vermillon est essentiellement un être céleste.
  3. xīfāng báihǔ : le tigre blanc associé à l’ouest (élément : métal). Très présent dans le milieu militaire, un jade blanc portant la représentation d’un tigre était offert aux généraux. La couleur blanche signale un animal magique à la longévité exceptionnelle, car on prétend qu’un tigre qui réussit à survivre cinq cents ans devient blanc.
  4. Xuán wǔ : la tortue serpent noire associée au nord (élément : eau). On parle de la tortue serpent et elle est souvent associée à un serpent (comme dans l’illustration ci-dessous).

Vers la fin des Royaumes combattants, ils représenteront les cinq éléments avec l’ajout d’un nouvel animal fantastique.

5. Qilin : la sorte de « licorne » associé au centre (élément : terre – voir ici).

Au bas de la montagne de Shenglian (voir ici)

Animaux et symbolique – 3 – Les animaux fantastiques

La licorne chinoise – Qilin

Qilin ici à la Cité interdite

Qilin est un autre animal fantastique chinois que l’on a assez malencontreusement traduit en Licorne.

De la belle licorne blanche de nos contrées, Qilin n’a guère que les sabots et parfois une corne unique. Mais Qilin est plutôt décrit avec un corps de cerf, une queue de bœuf, le front d’un loup et les sabots d’un cheval. Ses yeux et ses moustaches sont ceux du dragon. Sa peau aurait porté un pelage ou des écailles de cinq couleurs : jaune, rouge, bleue, blanche et noire.

Le Qilin dans Les Animaux fantastiques

A l’instar de notre licorne occidentale, le Qilin est un animal bénéfique, symbole de paix, de justice et de bonne gouvernance. Cet animal ne fait aucun mal et fait attention à chacun de ses pas de ne rien détruire. Ses cornes ne sont pas des armes mais des moyens de distinguer le bon du mauvais. C’est cette dernière symbolique qui est reprise dans Les animaux fantastiques : Les Secrets de Dumbledore. Dans ce film, Norbert Dragonneau aide un Qilin à accoucher dans les monts Tianzi et c’est ce Qilin qui démêle le vrai du faux lors de la confrontation finale lors de la cérémonie appelée La marche du Qilin.

Qilin comme « donneur d’enfant » dans le complexe de la famille Wang près de Pingyao

C’est également un Qilin qui serait apparu en rêve à la mère de Confucius. Selon une des légendes, le Qilin lui aurait offert un disque de jade indiquant par là que son fils aurait la puissance d’un empereur sans son trône. Le Qilin accompagne aussi régulièrement la déesse donneuse d’enfants.

Aujourd’hui, l’animal est plus présent dans la « mythologie » moderne japonaise que chinoise, sous le nom de Kirin.

Logo de la bière japonaise Kirin

Le Nian

Nian est un animal maléfique à tête de lion et corps de taureau. Il a un rôle un peu semblable au croquemitaine ou au grand méchant loup de nos contrées pour menacer les enfants. Selon la légende, pendant les temps anciens, cet animal féroce, une fois par hiver, descendait des montagnes pour s’approcher des villages, dévorant bêtes et gens sur son passage. Il ne venait qu’à la nuit tombée et disparaissait au lever du jour. Les années passant, la population finit par connaître ses points faibles et savoir prédire le soir de sa venue. La bête craignait la lumière, le bruit et la couleur rouge.

Pourquoi en parler maintenant ? Parce que cette date d’apparition de Nian est bien la veille du Nouvel An. L’année se dit d’ailleurs Nián (年) et donc cette légende explique le rouge que l’on voit partout aux alentours du Nouvel An chinois (lanternes rouges, enveloppe rouge*, décors rouges) et les nombreux pétards et feux d’artifices qui font lumière et bruit pour faire fuir cet animal.

  • * L’enveloppe rouge est l’enveloppe contenant les étrennes. Aujourd’hui, elle est de plus en plus virtuelle et de nombreuses applications sur téléphone mobile permettent d’envoyer des « enveloppes rouges » à ses amis, enfants, employés.

Animaux et symbolique – 2 – Les animaux fantastiques – le Phénix chinois

Le Phénix chinois

Le Fenghuang (鳳凰) est une créature mythique chinoise, souvent appelée le Phénix chinois dans le monde occidental. Il est considéré comme l’empereur des oiseaux et symbolise la grâce, la vertu et l’harmonie mais également, né du feu, il représente le soleil, la chaleur, l’été et la récolte.

Apparence

Le Fenghuang est décrit comme un oiseau magnifique avec des plumes colorées brillantes et un plumage qui intègre les couleurs de cinq tons primaires. Il possède des éléments de divers animaux : la tête d’un coq, le dos d’un canard mandarin, les ailes d’un aigle, les pieds d’un faisan et la queue d’un paon.

Origine

Les premières représentations du Fenghuang remontent à 4 000 ans. Les images de l’oiseau sont apparues pour la première fois sur des poteries de jade, des bronzes et des figurines de jade de la culture Hongshan.

Des théories actuelles suggèrent que le Fenghuang est probablement basé sur la mémoire populaire de l’autruche asiatique qui était commune dans la Chine préhistorique mais qui s’est éteinte il y a plusieurs milliers d’années.

Symbolisme

Symbole de paix, de prospérité et de renouveau, le Fenghuang apparaît dans des périodes de bonheur et de paix et s’absente lors des conflits ou des troubles.

Pendant les règnes de l’Empereur jaune (Huáng Dì) et du roi Shun, on avait remarqué qu’un Phénix était apparu dans le monde, pour montrer l’excellente gouvernance et le monde pacifique que ces rois apportaient aux gens. Les rois de la dynastie Shang (v. 1570 à 1045 av. J.-C) croyaient également qu’ils étaient les descendants de Fenghuang.

Progressivement, le Fenghuang a été exclusivement utilisé par les femmes de la famille royale, en particulier la reine. Il est dès lors souvent associé à l’impératrice, tandis que le dragon représente l’empereur. Ensemble, le dragon et le Fenghuang symbolisent l’amour conjugal et l’équilibre marital, faisant d’eux un motif populaire dans les mariages chinois pour souhaiter harmonie et bonheur au couple. Aujourd’hui, il est le représentant des femmes belles, courageuses et intelligentes dans la culture chinoise.

À l’instar du phénix occidental, le Fenghuang est associé à l’immortalité et à la renaissance. Cependant, contrairement au phénix qui renaît de ses cendres, le Fenghuang représente plutôt la continuité ininterrompue.

Ses couleurs rouge, vert, jaune, noir et blanc sont censées représenter les vertus confucianistes suivantes : charité, droiture, connaissance, fidélité, politesse.

Il ne vit jamais en groupe, ni ne se rend dans des endroits sales. Il mange essentiellement des graines de bambou.

Culture et Art

Le Fenghuang occupe une place importante dans l’art chinois, la littérature et l’architecture. Il est souvent représenté dans les broderies, les peintures, la céramique et comme motif architectural, notamment sur les toits des temples et des palais, symbolisant la protection et la bienveillance divines.

Le Fenghuang a influencé non seulement la culture chinoise mais aussi celle d’autres pays asiatiques. Il est souvent intégré dans la culture populaire, dans la littérature moderne et le cinéma.

HoHo, un des nombreux Pokémon, inspiré du phénix